Seuls les plus forts survivront dans l'euro, juge la Finlande

L'Allemagne vs BCE

par Julien Toyer BRUXELLES (Reuters) - L'euro est un projet "darwinien" au sein duquel ne peuvent survivre que les pays les plus forts et ses membres ayant une note "triple A" doivent se voir donner une voix prépondérante face aux autres, a estimé jeudi le ministre finlandais des Affaires européennes, Alexander Stubb.
Ces déclarations interviennent alors qu'après la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et l'Italie, c'est maintenant au tour des pays du coeur de la zone euro d'être placés sous une intense pression des marchés, laissant planer le doute sur le futur de la monnaie unique.
La semaine dernière, plusieurs sources de haut rang avaient dit à Reuters que la France et l'Allemagne travaillaient à une redéfinition radicale de la zone euro autour d'un noyau fédéral constitué de pays désireux d'intégrer leurs politiques fiscales et économiques, quitte à laisser les récalcitrants au bord du chemin.
"Pour moi, l'euro est un système darwinien. C'est la survie du plus fort et les marchés se chargent de cela et je pense que c'est le meilleur moyen de maintenir la pression", a dit Alexander Stubb lors d'une interview à Reuters.
"Vous pouvez toujours parler d'un noyau dur politique mais pour être honnête, c'est du vent. Le vrai noyau dur c'est celui formé par les pays qui ont une note triple A et font partie de l'euro (...) Je pense que ces pays devraient, sans aller jusqu'à dicter les règles, tout du moins avoir une voix prépondérante", a-t-il ajouté.
COOPÉRATION RENFORCÉE
"Je ne dis pas que les marchés sont parfaits mais je dis que nous avons besoin d'une combinaison de règles de marchés et de règles politiques", a encore fait valoir l'ancien ministre finlandais des Affaires étrangères et spécialiste des questions liées à la construction européenne et à la création de l'euro.
Interrogé sur la forme juridique que pourrait prendre cette euro zone recentrée sur ses membres les plus solides, il a jugé que le meilleur moyen d'y parvenir était d'avoir recours à une "coopération renforcée" - c'est à dire la possibilité offerte par le traité de Lisbonne à quelques Etats membres d'avancer dans l'intégration sans attendre le feu vert des Vingt-Sept.
Cette possibilité, déjà évoquée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel dans les coulisses des sommets européens de juillet et octobre, permettrait d'éviter de plonger l'Union européenne dans une longue introspection sur son futur, qui plus est soumise à la ratification de chacun des Etats membres, estime-t-il.
"Les deux critères en seraient être un pays triple A et respecter les critères de l'Union économique et monétaire. Et si nous ne pouvons pas réunir neuf pays (le minimum requis pour cette coopération renforcée, ndlr), alors il doit y avoir un programme clair pour les pays ne remplissant pas les critères sur la manière dont ils y parviendront", dit-il.
Julien Toyer et Luke Baker, édité par Benoît Van Overstraeten


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