Nicolas Sarkozy appelle à repenser l'Europe

Invitée à Paris lundi, Angela Merkel dévoilera aujourd'hui ses propositions

L'Allemagne vs BCE



Toulon — Le président français, Nicolas Sarkozy, s'est prononcé hier pour un «nouveau traité» afin de «refonder l'Europe» sur la base de propositions franco-allemandes, dans un discours très attendu sur la crise de la zone euro, à huit jours d'un sommet européen crucial.
Quelques heures plus tôt, le nouveau président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, avait refusé de jouer le rôle de prêteur de dernier ressort des États de la zone euro, à l'image de la Réserve fédérale aux États-Unis, arguant du respect des traités en vigueur.
Insistant tout au long de son discours sur la nécessité de conforter le couple franco-allemand, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il recevrait lundi prochain à Paris la chancelière Angela Merkel afin d'ensemble «faire des propositions franco-allemandes pour garantir l'avenir de l'Europe».
«La France milite avec l'Allemagne pour un nouveau traité européen, refondant et repensant l'organisation de l'Europe. Plus de responsabilités assumées devant les peuples par un véritable gouvernement économique, telle est notre vision de l'avenir de la zone euro et de la future réforme des traités», a expliqué Nicolas Sarkozy, devant 5000 personnes à Toulon.
Dans un discours de près d'une heure prononcé avec solennité, le chef de l'État a souligné que même si «l'Europe a déçu», le remède à «la peur» des Français puiserait ses principes les plus actifs dans une intégration européenne renforcée. «L'Europe n'est plus un choix. Elle est une nécessité. Mais la crise a révélé ses faiblesses et ses contradictions. L'Europe doit être repensée», a-t-il déclaré, à la veille d'un discours d'Angela Merkel devant le Bundestag.
Aujourd'hui, la chancelière allemande s'exprimera à son tour, devant la chambre basse du parlement, pour présenter ses propositions. L'Allemagne, qui veut imposer une discipline budgétaire de fer aux membres de la zone euro, refuse en contrepartie une solidarité financière entre Européens que réclame Paris par le biais de la BCE, de l'émission d'euro-obligations ou d'un renforcement du fonds de secours de la zone euro.
À la BCE «de décider quand et avec quels moyens», a poursuivi Nicolas Sarkozy, à l'instar des Allemands, qu'il a pris soin de ne pas heurter alors qu'un débat se fait jour en France sur le scénario d'un possible diktat de l'Allemagne.
Hier matin, Mario Draghi a réaffirmé que la BCE refusait de jouer le rôle de pare-feu par rapport à la crise, tout en se ménageant une ouverture. «Il y a un traité. On ne doit pas demander à la BCE de faire des choses hors du traité», a-t-il asséné devant le Parlement européen à Bruxelles, tout en laissant entendre dans le même temps que la BCE pourrait faire plus si les gouvernements de la zone euro adoptaient le pacte budgétaire qu'elle appelle de ses voeux pour éviter une répétition de la crise actuelle. «La BCE est indépendante. Elle le restera. Je suis convaincu que face au risque déflationniste qui menace l'Europe, la Banque centrale agira», a répondu hier soir Nicolas Sarkozy.
Refonder l'Europe
Le président français a en outre appelé à une «refondation» de l'Europe reposant sur «plus de discipline» pour affronter la crise et la prise de davantage de décisions «à la majorité qualifiée», tout en refusant «la marche vers plus de supranationalité».
«Ce qui a été fait pour la Grèce, dans un contexte très particulier, ne se reproduira plus», et «aucun État de la zone euro ne sera désormais mis en défaut», a promis Nicolas Sarkozy dans une allusion à l'aide exceptionnelle accordée par l'Europe pour éviter la faillite de ce pays.
M. Sarkozy a estimé qu'«un nouveau cycle économique» s'annonçait, qui «sera un cycle de désendettement», apte à ramener «le balancier de l'économie vers le travail et la production».
Avec Agence Reuters


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