Seuils d’immigration: Ottawa veut éviter un affrontement avec Québec

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Baisser les seuils d'immigration à 40 000, c'est déjà trop peu !

Ottawa semble vouloir éviter à tout prix une confrontation avec Québec sur les seuils d’immigration même si le gouvernement caquiste prévoit une diminution en 2019 dans deux catégories d’immigrants qui relèvent du fédéral.


Le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, a réagi mardi aux nouvelles cibles en immigration de Québec en pesant ses mots et en insistant sur la collaboration entre les deux gouvernements.


« Nous ne sommes pas surpris […], a-t-il dit. Nous sommes déçus cependant que le gouvernement, face à la pénurie de main-d’œuvre, ait décidé de réduire le nombre d’immigrants.


« Nous croyons qu’un système d’immigration qui fonctionne bien fait partie de cette solution-là, cependant la collaboration sur les questions d’immigration avec le Québec est très importante pour nous », a-t-il ajouté.


Le ministre québécois de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, a déposé mardi après-midi son plan pour l’année 2019. Le gouvernement caquiste prévoit recevoir environ 10 000 nouveaux arrivants de moins en 2019, dans les trois catégories, soit les immigrants économiques, les réfugiés et ceux issus du programme de réunification familiale.


Or, Québec n’a pas le pouvoir de limiter le nombre de réfugiés ni les immigrants acceptés par Ottawa pour rejoindre leur famille. Il peut seulement réduire le nombre d’immigrants économiques qui pourraient pourtant aider à atténuer la pénurie de main-d’œuvre.


Le ministre LeBlanc n’a pas voulu préciser si le geste de Québec provoquerait la réouverture de l’entente. Il a plutôt insisté sur la « relation constructive » qui existe entre les deux gouvernements depuis la signature en 1991 de l’Accord Canada-Québec. Cette entente permet au gouvernement québécois de sélectionner les nouveaux arrivants qui s’installent sur son territoire.


« Vous me connaissez assez bien, moi je ne suis pas quelqu’un qui veut me chicaner, moi je suis toujours de bonne humeur », a-t-il affirmé.


Il craint toutefois l’impact de la diminution de 2300 immigrants prévue par Québec dans la catégorie de la réunification familiale.


« On ne voudrait pas avoir un système à deux vitesses où les familles québécoises sont réunies moins vite qu’au Nouveau-Brunswick ou en Ontario, a-t-il fait valoir. Ça, ce n’est sûrement pas l’idéal. »


Il a également rappelé que le Canada a « un devoir face à la communauté internationale » pour l’accueil des réfugiés et que le gouvernement québécois avait « toujours accepté des responsabilités internationales ».


Le plan québécois contraste avec la hausse des seuils d’immigration du gouvernement Trudeau dévoilée à la fin du mois d’octobre. Le plan fédéral prévoit une augmentation graduelle du nombre d’immigrants chaque année pour atteindre 350 000 en 2021 pour l’ensemble du pays. Cela correspond à près de 1 % de la population canadienne.


Les ministres LeBlanc et Jolin-Barrette ont tous deux indiqué vouloir poursuivre les discussions déjà entamées sur cette question.


Les propos de Dominic LeBlanc font écho à ceux prononcés plus tôt dans la journée par le premier ministre Justin Trudeau, selon qui le moment est mal choisi pour réduire les seuils d’immigration en raison de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans la province.


« On continue à être en discussion avec eux, mais moi ce que j’entends à travers le Québec, c’est les entrepreneurs, les entreprises préoccupées par la pénurie de main-d’œuvre, a affirmé M. Trudeau avant la réunion de son conseil des ministres, mardi matin. Je ne suis pas sûr que c’est (sic) le meilleur moment pour réduire le nombre de gens qui viennent. »


Ses paroles ont fait bondir le chef intérimaire du Bloc québécois, Mario Beaulieu.


« Ce n’est pas de ses affaires à M. Trudeau, c’est au Québec de décider de sa politique d’intégration, a-t-il tranché. Puis, la pénurie de main-d’œuvre, si on veut la régler, on serait mieux d’aller vers une régionalisation de l’immigration, une meilleure intégration de l’immigration que d’augmenter les seuils sans arrêt, sans être capables d’intégrer les nouveaux arrivants. »


> La suite sur Le Devoir.



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