Serions-nous quelque chose comme un grand flop ?

Vigile

Qu’attendons-nous ?
_ Quelle philosophie maudite nous arrête ?
_ Quand comprendrons-nous ?
_ Quel frein caché nous rend bébètes ?
On s’ennuie à mourir
_ on se meurt de languir
_ entre confort et déficience
_ au pays de l’indifférence.
_ On se pâme et s’enflamme
_ pour une Sainte Flanelle
_ grande marchande de bagatelles
_ de plus en plus étrangère à notre âme
_ On s’abreuve jusqu’à se noyer
_ de télé-réalités dignes d’un caisson d’endives
_ pendant qu’on s’applique à louper
_ notre véritable réalité collective.
Et pendant ces temps dignes d’Ali Baba
_ on laisse un gouvernement minable
_ en agonie interminable
_ nous administrer son cocktail létal
_ de phase terminale
_ on le regarde brader en mode branle-bas
_ un patrimoine précieux
_ à des intérêts bien ténébreux.
Vivement un mandat d’inaptitude
_ pour ce politicailleur nabot
_ qui sonne tout faux
_ quand il parle de québécitude.
_ Vivement ôter le permis de conducteur
_ à ce dangereux politicien réducteur
_ qui nous conduit tombeau ouvert
_ tout droit vers notre envers.
_ Vivement un congé définitif
_ pour ce gouvernement maladif
_ qui nous aiguille sur une voie d’évitement
_ étrangère aux grands accomplissements.
Et nous, bien assis, nous «chattons»
_ «twittons» et «facebookons»
_ côtoyant dangereusement l’abrutissement
_ devant tous ces octets en mal d’envahissement.
_ Nous vivons l’explosion des communications
_ et n’avons jamais été si isolés dans nos recoins.
_ Jamais eu tant de distanciation
_ sur cette planète peau de chagrin.
_ Connaissons grande explosion scientifique
_ et la moelle substantifique
_ de notre petit univers
_ ne nous a jamais été si étrangère.
Nous rayonnons de par le monde
_ et affichons une faconde
_ à s’éclater le torse
_ et à se péter les bretelles
_ mais, étrange paradoxe,
_ on s’accommode de la curatelle
_ propre à un minimal statut de province
_ dans ce pays qui pourtant nous évince
_ de tout ce qui pourrait ressembler à élévation
_ porteuse d’affirmation.
_ Pendant qu'il n'est surtout pas trop tôt
_ d'embrasser le monde,
_ ne voyons notre destin sur la rotonde
_ qu'impuissants dans notre petit enclos,
_ cloîtrés dans une constitution sortie
_ d’un autre âge,
_ qui nous prépare un destin serti
_ de mirages.
_ Nous vivons cruelle rupture
_ entre actualité et réalité
_ intarissable source de belles parlures
_ pour psychanalystes patentés.
Tout ce chacun pour soi
_ devant nos gadgets électroniques
_ et cet égoïsme qui fait ce que doit
_ entre foires technologiques
_ nous érodent lentement
_ et s’apprêtent inexorablement
_ à nous liquéfier
_ et à nous transformer
_ en proies faciles pour prophètes révolus
_ de cette sacro-sainte liberté absolue
_ annonciatrice d’inégalités substantielles
_ proies aussi pour promoteurs de soupe multiculturelle
_ porteuse de solitude sempiternelle.
_ Tous ces chancres de tissu social
_ et de sentiment national
_ ne nous réservent que chaos éternel.
On s’envoie toute sorte d’opiums
_ pour soutenir le décorum
_ et sombrons dans une torpeur
_ de chair à tordeur.
_ On est séduit par des sirènes néo-libérales
_ pourtant enceintes d’iniquités.
_ On pactise avec ultra-conservatisme marginal
_ généreux porteur d’absurdités.
Tout ce fatras n’augure
_ rien de bon sous nos ramures
_ et s’y endormir devant ces prédateurs
_ c’est engager ses propres fossoyeurs
_ toujours prêts à se repaître en définitive
_ de notre bonasserie maladive.
_ Nous vivons une époque critique
_ et nous ne voyons plus rien de critique.
_ Notre histoire chuchotera à d’autres époques
_ si nous fûmes quelque chose comme un grand flop.

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Gilles Ouimet66 articles

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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.





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7 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 juillet 2011

    @ Gilles Ouimet:
    Merci. Vous exprimez de manière poétique, la manière dont se sentent beaucoup d'entre nous, en cette période très très dure, pour les Québécois qui se tiennent debout, et qui ont encore de la matière grise dans la boîte crânienne.
    Je me sens moins seul.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 juillet 2011

    @ Gilles:
    «Il me semble clair que nous sommes dans une sorte d’impasse actuellement et c’est difficile de savoir quand et comment on va en sortir.».
    Ou, si nous allons en sortir. Les Québécois semblent avoir développé une forte tolérance, à l'intolérable.
    Depuis la «vague orange», la quasi-destruction du Bloc, en faveur de candidats néo-communistes canadiens ultra-fédéralistes, dont certains unilingues anglophones, je ne sais plus si les Québécois ont un quelconque avenir devant eux.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2011

    Petite analogie.
    J'étais au stade Saputo de Montréal, pour être témoin du premier point compté par l'Impact, au soccer, depuis une éternité.
    Ils l'ont compté mais se sont tout de suite effondrés quand le Fort Lauderdale les a égalisés aussitôt. Comme un peuple dominé et affaibli, les joueurs s'esquintaient à gauche, à droite, piquaient ici, bourdonnaient là, l'équipe soufflait, souffrait, était rendue.(La mouche et le coche, Lafontaine)
    Et les gérants d'estrade criaient, huaient, faisaient aller leurs petites mains de plastic à bruit, croyant, comme des supporters étrangers soufflant des fleurs sur un Québec exsangue, pouvoir donner vie à cette équipe fragilisée.
    Il en est des équipes sportives comme des peuples minorisés, un temps où un grand coup s'impose. Apporter du sang neuf. Beaucoup de sang neuf!

  • Gaston Boivin Répondre

    13 juillet 2011

    Il ne s'agit pas d'être optimiste ou pessimiste, mais d'imager notre vraie réalité: Notre peuple se meurt de ne pouvoir être, et entraîné par la platitude de sa propre décision à se refuser le droit d'exister pour et par lui-m^eme, il se complaît dans les influences de ceux qui ont intérêt à son inertie.
    Prétendument sain d'esprit, il consent à sa propre curatelle et il s'invente mille et une raisons pour justifier son choix, faisant ainsi mille et une fois la preuve qu'il ne s'appartient plus mais qu'il est sous influences d'autrui.
    Les peuples trop longtemps asservis se dévalorisent, perdent confiance en leurs moyens et deviennent facilement influençables et contrôlables par ceux qui les ont asservis, d'autant plus que ces derniers sont en cela aidés par une élite collaboratrice dont le temps semble avoir légitimé la traîtrise. Ces peuples-là sont facilement sujets à être hypnotisés par leurs maîtres qui leur vendent leur refus d'exister comme une vertu d'ouverture sur le monde: Comme s'il fallait renoncer `a l'existence de son peuple pour s'ouvrir sur le monde!

  • Claude Richard Répondre

    13 juillet 2011

    Très beau, même si ce n'est pas très optimiste. Mais il faut parfois être pessimiste pour sonner le réveil.

  • Henri Marineau Répondre

    13 juillet 2011

    Bravo pour votre texte poétique qui résonne l'écho d'un cri du coeur, d'un cri d'alarme pathétique face à l'inertie dans laquelle nous nous sommes ankylosés depuis des années et "endormis devant ces prédateurs"
    Ces élans d'intériorité sont parfois nécessaires pour éveiller nos esprits endormis et pour nous empêcher "d'engager nos propres fossoyeurs"!

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2011

    Il me semble clair que nous sommes dans une sorte d'impasse actuellement et c'est difficile de savoir quand et comment on va en sortir.
    Pour ma part j'ai le sentiment que nous sommes, un grand nombre d'entre nous, en attente de quelque chose, comme on attend en se réveillant hébétés d'un assomoir, de reprendre nos esprits.
    C'est le sentiment que j'ai, et je vois bien par ce texte de doute, que c'est le genre d'interrogation qui vous hante aussi.