Le torchon brûle dans le clan de Stephen Harper

Sauvé par la cloche...de la relâche parlementaire

Tribune libre

Décidément, les dernières semaines de la session parlementaire à Ottawa auront été difficiles pour l’entourage de Stephen Harper qui aura dû se défendre comme un diable dans l’eau bénite contre des tirs ciblés sur les comptes de dépenses des sénateurs qu’il a lui-même désignés, sur le remboursement des 90 000 $ au sénateur Duffy par son chef de cabinet, Nigel Wright, et enfin sur l’existence d’une « petite » caisse secrète, gérée de son bureau par le même monsieur Wright.
Et, dans tout ce branle bas de combat, le premier ministre a vu son député d’Edmonton-St.Albert, Brent Rathgeber, quitter le caucus conservateur le 5 juin, alléguant le « manque d’engagement du gouvernement en matière de transparence » tout en déclarant que la source du pouvoir avait lentement été transférée de la Chambre des communes au bureau du premier ministre, tout cela après que son projet de loi C-461, portant sur la divulgation des salaires des employés de l’État gagnant plus de 188 000 $ ait été amendé pour élever ce seuil à 444 000 $, limitant ainsi la mesure à un nombre restreint de fonctionnaires.
« Je me suis joint au mouvement réformiste et conservateur parce que je pensais que nous étions différents, une bande provenant de l’extérieur des officines d’Ottawa arrivant en ville pour nettoyer la place, faire la promotion d’un gouvernement ouvert et responsable. Je nous reconnais à peine. Pire, je crois que nous sommes devenus ce que nous raillions avant. Mes commettants demandent mieux. », a déclaré M. Rathgeber sur son blogue.
Si vous ajoutez à cette démission la divulgation de l’existence d’une caisse occulte au bureau du premier ministre, sous l’autorité du chef de cabinet et dont les fonds proviennent du Parti conservateur, vous avez la recette idéale pour créer une fissure dangereuse dans le navire de l’intégrité de Stephen Harper.
Et, comme un malheur n’arrive jamais seul, de l’avis de deux constitutionnalistes enseignant à la faculté de droit de l’Université Laval, Geneviève Motard et Patrick Taillon, la Loi sur la succession au trône adoptée par Ottawa et sanctionnée en mars dernier serait inconstitutionnelle et ouvrirait la porte à une possible réouverture de la Constitution. Dans leur requête en cour supérieure, les deux plaignants invoquent que le gouvernement Harper ne peut agir unilatéralement pour changer les règles de succession de la couronne et que, par conséquent, il n’a d’autre choix que de rouvrir la Constitution en obtenant l’assentiment de toutes les provinces et du Sénat.
Toutefois, comme par un heureux « effet du hasard », notre premier ministre quitte le pays pour l’Europe le 11 juin, [à bord de son avion officiel « fraîchement repeint aux couleurs du logo du Parti conservateur »], où il participera entre autre au sommet du G8. Conséquemment, il risque de ne plus se présenter aux Communes d’ici la fin des travaux parlementaires, qui devraient prendre fin dans la semaine du 17 juin pour faire relâche jusqu’en septembre prochain.
Ainsi va la vie dans le « merveilleux monde » de Stephen Harper qui, selon son style louvoyant habituel, tentera de profiter de la brise estivale pour soulever tout doucement la poussière des dernières semaines loin des communes, et espérer ainsi être « sauvé par la cloche…de la relâche parlementaire »!
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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