Réplique à Raymond Poulin

S'affirmer plutôt que survivre

Quand on rate le coche, on s'achète un billet pour le prochain

Tribune libre

Si la tendance se maintient, les Québécois se donneront un gouvernement minoritaire libéral ou péquiste lors du prochain scrutin, un constat qui émerge des intentions manifestes d’une importante partie de l’électorat québécois d’éjecter du pouvoir Charest et son troupeau de moutons.
Une situation qui remet le focus sur le débat entre le vote stratégique et le vote authentique, tel qu’illustré clairement par Raymond Poulin dans son article paru sur cette tribune en date du 28 juillet sous le titre « Quand on rate le coche, on y va à pied » :
« Il ne s’agit pas d’une question de principe mais d’une exigence de survie, plutôt que de perdre nos moyens. C’est certainement décevant, triste, scandaleux et tout ce qu’on voudra, mais la réalité ne fait pas de cadeaux. Un Québec davantage affaibli et dépecé par les Libéraux pendant quatre ou cinq autres années n’aurait plus aucune possibilité de songer ensuite à l’indépendance dans des conditions normales. Une fois de plus, nous contenter de sauver les meubles ? »
Une conclusion renforcée par la déclaration du porte-parole de l’opposition aux Affaires intergouvernementales, Bernard Drainville, dans ses propos au sujet du Conseil de la fédération repris dans un article de La Presse Canadienne publié le 27 juillet :
« Le Québec a perdu tout rapport de force avec Ottawa au fil des ans. La seule façon pour le Québec de faire des gains consisterait donc à négocier directement avec Ottawa au lieu de se perdre dans de futiles discussions avec ses homologues des autres provinces aux intérêts divergents. »
Si nous relions les commentaires de Mm Poulin et Drainville, nous arrivons à la triste réalité de « nous contenter de sauver les meubles » au « profit » d’une négociation directe avec Ottawa…un défi captivant, ne croyez-vous pas?
Comme le constate Raymond Poulin, « la réalité ne fait pas de cadeaux »…certes! Toutefois, nous avons le pouvoir d’agir concrètement sur cette
« réalité » en mettant fin à cette politique du « petit pas » qui nous conduit inlassablement dans les méandres insidieux d’un couloir sans fin.
En conséquence, comme je l’ai déjà exprimé à quelques occasions sur cette tribune en des termes variés, nous devons nous acheter dès maintenant un billet pour le prochain coche qui nous conduira à la gare de l’indépendance, à savoir celui d’Option nationale, au lieu de nous en aller à pied en compagnie du PQ en direction d’Ottawa quémander des pouvoirs qui nous sont refusés depuis des décennies et que, de toute façon, nous possédons déjà pour nous rendre à destination.
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juillet 2012

    M. Marineau, vous avez raison lorsque vous parlez du prochain coche. Hors, en ce moment, il n'y a qu'un coche qui peut nous mener à la bonne destination. Certains coches se disent prêts, mais malheureusement, hormis leurs bonnes intentions, il y a encore une entreprise offrant les meilleurs places pour la souveraineté. Tant que celle-ci existera, elle ne pourra pas permettre, à d'autres plus talentueuses et emplies de meilleures intentions, d'offrir des voyages aussi intéressants.
    En cet instant, nous devons faire confiance à un seul coche. Cependant, conservez vos objets de valeurs avec vous. Une fois arrivée à destination, il sera alors le temps de mieux définir nos choix.
    S'il y a un parti auquel je crois, c'est bien Option Nationale. Malgré ce que l'on en dit, je ne crois pas que Pauline Marois est aussi despote qu'on le voudrait bien nous le faire voir. Il faudra plus que cela pour assister à la mort de ce parti.
    Une autre façon, serait que des personnalités influentes comme celles du temps du Parti Québécois au cours des années '70 se joignent et forme une équipe du tonnerre pour Option Nationale. Des gens d'envergurent et possédant une réelle influence auprès des québécois pourraient faire du Parti Québécois, un parti ayant tout perdu en 10 ans seulement comme le défunt Union Nationale.
    Ce ne sont pas les partis indépendantistes qui doivent choisir de s'unir. Ce sont les voteurs qui doivent tous s'entendre sur un seul et même choix en ce moment.
    La division de nos voies et voix, fera régner pour plus longtemps encore les « méchants » Libéraux.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2012

    C'est très bien de vouloir un pays, encore faut-il que la majorité le veuille! Et je pense que le peuple Québécois doit souffrir et passer par l'Enfer de la répression pour s'arracher de son statut et fonder un pays. Vous connaissez la maïeutique? Rien ne vient aisément. Et la génération actuelle - celle des 30 à 50 ans - n'a jamais réellement souffert, ni d'une crise majeure qui déstructure une société, ni d'une guerre qui détruit la démographie. La vie au Québec semble aisée parce que ici, on se contente d'exister plutôt que vivre.
    Je doute fort que les Québécois « se souviendront », lors des prochaines élections, de toute la corruption endémique qui gangrène le Québec. Et cela pour deux raisons. La première, c'est que le Québécois confond débat (colère, rationalité) avec dispute. Dès que le ton monte, le Québécois s'écrase. C'est la conséquence de plus de deux cent cinquante ans de « domination tranquille » (la spécialité des Anglo-Saxons, cet étrange amalgame aux allures oxymoriques). La seconde raison est que la corruption profite aux Québécois. Sinon, ils ne seraient pas si lents à la dénoncer.
    Une élection ne fait pas l'automne. Et le scrutin automnal n'est qu'une étape vers une conscience plus élevée et plus sensible aux enjeux actuels. La liberté n'est pas un concept qu'on invente mais un cri qui affranchit. Ce n'est seulement qu'après le cri qu'on prend conscience qu'on est libre, pas avant.