Lettre aux Québécois

Réveillons-nous ou disparaissons

Tribune libre

Je suis un immigrant intégré à la société québécoise. J’aime le Québec. Toutefois, je me questionne de plus en plus sur l’aplaventrisme du peuple québécois. Beaucoup de Québécois sont toujours en train de s’excuser de peur de déplaire. On ne veut pas de «chicane». Le peuple québécois est un peuple ambivalent. Comment se fait-il que des personnes puissent encore voter pour le Parti Libéral après toutes les accusations de corruption, l’augmentation énorme du déficit, la destruction de l’environnement, etc. Pour ne pas déplaire et créer du remous avec un référendum, on préfère voter libéral que de se tenir debout et d’affronter la vague. Mon texte pourra sembler décousu, mais je l’écris d’un trait avec la rage au cœur.

Commençons par notre très cher docteur Couillard et son passé. Que dire de sa vie en Arabie Saoudite comme médecin, mais également comme conseiller. Posez-vous la question suivante : si Pauline Marois avait passé plusieurs années à travailler auprès d’un dictateur et à le conseiller, quelle aurait été la couverture des journaux anglophones? On aurait surement accusé Pauline Marois d’être une fasciste. Tout au long de l’histoire, de nombreux anglophones furent très doués pour dénigrer ou bien cultiver la haine envers les francophones. Il nous suffit de penser à Adam Thom au milieu du 19e siècle ou bien au journal «The Gazette» de nos jours.

Passons à l’environnement et au peu d’intérêts du gouvernement Charest à ce sujet. Rappelez-vous le parc du Mont-Orford, le Suroit, le refus de fermer la centrale nucléaire de Gentilly et que dire du Plan Nord. Pour ceux qui ne le savent pas, le Canada est le pays par excellence pour les compagnies minières. La bourse de Toronto surpasse la bourse de New-York en ce qui concerne les compagnies minières. 1600 compagnies sont enregistrées en Ontario. Les lois fiscales et environnementales favorisent ces compagnies. Au diable, l’environnement! Pourquoi Jean Charest a-t- il amené cette idée du Plan Nord que Couillard veut reprendre? Les Desmarais ont des intérêts dans des minières. Qui va payer pour les infrastructures? Les contribuables. Qui va se mettre les bénéfices dans les poches?

Les compagnies. Pensez-vous vraiment qu’il y aura des milliers de création d’emplois?
Parlons des redevances. Couillard a bien dit qu’il changerait le système de redevances mis en place par le gouvernement péquiste. Les compagnies ne paient pas des impôts sur le minerai extrait, mais sur le profit fait par la compagnie. Ayant d’excellents comptables et ayant droit aux paradis fiscaux que Couillard connait bien, les compagnies ne payent pas ou presque pas d’impôts. Sous le règne de Jean Charest de 2002 à 2009, seulement 10 des 24 mines au Québec payaient des impôts. Voulez-vous vraiment payer des impôts pour la construction d’infrastructures qui ne bénéficieront qu’aux compagnies? En passant de nombreux premiers ministres fédéraux ont travaillé pour des minières comme par exemple Jean Chrétien, Joe Clark, Brian Mulroney, etc. Tous des fédéralistes !

J’entends des individus qui pour justifier leur vote envers le PLQ avancent comme arguments que le PQ est aussi corrompu que le PLQ. Ils utilisent un sophisme ou un argument fallacieux. Les députés libéraux sont corrompus, les députés libéraux sont des politiciens, les députés péquistes sont des politiciens, donc les députés péquistes sont corrompus. Il y a ceux qui ne votent pas pour Pauline Marois, leur argument : «Je n’aime pas Pauline». Combien ont pris connaissance de la plateforme électorale du P.Q. Probablement peu. À part la charte et le référendum, ils sont incapables de vous parler de la plateforme. Il y a les sexistes, Pauline Marois est une femme. Il y a les gauchistes qui au nom de leur idéologie refusent de voter P.Q même si leur geste ouvre la porte aux Libéraux. Ces gauchistes qui critiquent le néolibéralisme ou la mondialisation actuelle qui favorise la philosophie du libre-marché sur la planète. Ils préfèrent favoriser un gouvernement qui a comme philosophie le néolibéralisme. Peut-être sont-ils nostalgiques des manifestations du «Printemps érable» ou bien rêvent-ils de Révolution? Pierre Bourgault avait compris que pour mener un projet de société à terme, il faut s’unir. Françoise David n’a pas bien compris que l’union fait la force. Madame Françoise David rêve d’un retour au pouvoir d’un gouvernement libéral. Les Anglophones, les Grecs, la grande majorité des Italiens et les Juifs sont unis et solidaires autour du PLQ. Ne pas voter de façon stratégique, c’est courir au suicide. Beaucoup l’ont oublié.

Parlons de la culture. Pour le PLQ et ses adeptes, le français n’est pas important. D’ailleurs, le gouvernement de Jean Charest et Couillard ont et veulent institutionnaliser l’anglicisation du Québec. L’apprentissage de l’anglais dès la première année du primaire ou bien l’anglais intensif en 6e année du primaire et l’accès au CÉGEP en anglais favorisent l’anglicisation du Québec. On rêve de bilinguisme dans toute la province, de Montréal en Abitibi. Le bilinguisme amène à long terme à la disparition d’une langue. Laquelle serait amenée à disparaître, selon vous? Par exemple, la Vallée d’Aoste en Italie est officiellement bilingue : italien et français. Mais le français disparaît tranquillement. L’Amérique du Nord est un océan anglophone. Favoriser l’anglicisation c’est travailler à la disparition du français. Les Libéraux rêvent peut-être d’une louisianisation. Prenons un autre exemple, dans l’antiquité, les Romains ont propagé le latin dans leur empire provoquant à long terme la disparition des autres langues. On pense avec erreur que la langue française, ayant survécu pendant des siècles au Québec, n’est pas menacée. Nous faisons moins d’enfants et la loi 101 ne tient qu’à un fil. Mais réfléchissez bien après le processus d’anglicisation qu’adviendra-t-il avec des individus comme Couillard? Quel serait le visage du Québec aujourd’hui sans la loi 101. Voulons-nous revenir en arrière : « Bien que le français soit la langue presque universellement parlée, la plupart des journaux, les affiches, et jusqu'aux enseignes des marchands français sont en anglais.» Cette phrase fut écrite par Alexis de Tocqueville lors de son voyage au Québec en 1831. Ou devrions-nous comme le proposait Pierre-Louis Panet en 1792 abandonnait le français. Il disait qu’il y avait :« une nécessité absolue pour les Canadiens d’adopter avec le temps la langue anglaise, seul moyen de dissiper la répugnance et les soupçons que la diversité de langage entretiendrait toujours entre deux peuples réunis par les circonstances et forcés de vivre ensemble ». N’est-ce pas cela que propose Couillard? S’agenouiller devant le monde anglophone afin de répondre aux exigences économiques.

Parlons maintenant des mythes qui ont la peau dure et des stratégies libérales. Les libéraux et les médias pro-libéraux ou anglophones cultivent des mythes pour culpabiliser le Québécois ou bien pour propager la peur. Commençons par le bon vieux mythe sur le racisme des Québécois. À la moindre occasion on utilise cette stratégie. Les Québécois veulent une charte donc ils n’acceptent pas la différence. Les individus qui n’acceptent pas la différence sont racistes, donc les Québécois sont racistes. Un autre sophisme. Toutefois, les Québécois ne furent-ils pas les premiers dans l’empire à accorder les libertés civiles et politiques aux Juifs en 1832, ce que les lois britanniques refusaient. Les Québécois sont un peuple accueillant quoi qu’en disent de nombreux torchons anglophones.

Comme d’habitude, les libéraux utilisent la peur pour gagner des votes. Un gouvernement péquiste ne pense qu’au référendum. Sacrilège! Il faut détruire Satan. C’est-à-dire, les péquistes. En passant, un référendum n’est ni plus ni moins qu’une consultation publique. Mais, cette tactique fonctionnant, les Québécois ambivalents doutent et ont peur.

Rappelez-vous 1980 ou 1995? Pensez au stratagème utilisés par les fédéralistes, les fourgons de la Brink’s en 1980, le Love-in en 1995 et, aujourd’hui, quelques jours avant les élections les allégations qui ne peuvent être prouvées sur le mari de Pauline Marois. Que d’infamie! Je me souviens d’une phrase de l’historien réunionnais Jean-Claude Angrand : « L’homme blanc a porté à des hauteurs jamais atteintes la civilisation du mensonge.» Cette phrase s’applique parfaitement aux libéraux : les libéraux ont porté à des hauteurs jamais atteintes le mensonge. Mais le bon Québécois reste assis sans rien dire. Tel un spectateur d’une intimidation, qui tourne la tête pour ne rien voir. Il veut la paix.

Un autre mythe, le mythe de la péréquation. Le Québec est pauvre est reçoit en gros 9 milliards de péréquation selon les fédéralistes. Je vous épargne les calculs, mais dans les faits la péréquation réelle reçue par le Québec correspond à un peu plus de 4 milliards. Le Québec paie pour un programme sur les territoires canadiens et paie plus que sa part en ce qui concerne les Amérindiens. De plus, 6 provinces reçoivent de la péréquation, le Québec, Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Manitoba et, oui, l’Ontario. Comme les autres provinces, le Québec a contribué à la péréquation. Si nous calculons le montant de la péréquation par habitant, le Québec se situe au 5e rang des 6 provinces, l’Ontario étant la dernière. En fait, la péréquation correspond à environ 1% du PIB du Québec. Pensez-y, un Québec indépendant récupérerait largement le montant de la péréquation en économisant sur le dédoublement des paliers de gouvernements, sur l’armée, en prenant le contrôle de son économie. Le mythe de la péréquation vient de tomber.

Pour conclure, nous avons manqué plusieurs rendez-vous avec l’histoire, ne ratons pas celui-ci. Toutefois, j’ai de plus en plus de doute. Je réalise que les gens votent de plus en plus sans s’informer et que la démocratie est entre les mains des médias et des lobbys. Quand je pense au peu de reconnaissance que le peuple québécois a eu envers le Bloc québécois lors des dernières élections fédérales. Ce parti qui s’est battu pendant des années pour défendre les intérêts du Québec à Ottawa. Le peuple à la mémoire courte. Élire un parti centralisateur à la place du Bloc, c’est pathétique. Peut-être que Lord Durham avait raison. Sommes-nous un peuple sans histoire et sans culture? Certains s’arrangent pour confirmer ces propos. Une démocratie ne peut fonctionner que si les citoyens participent et s’informent.

Je pense que nous avons mis un genou à terre. Comme madame la Première ministre du Québec a dit : «soit qu’on met un genou à terre et qu’on se donne un gouvernement libéral ou soit qu’on vote P.Q et qu’on se tient debout.» Plutôt que de mourir à petit feu soyons cynique et couchons-nous. Adoptons l’anglais dès le primaire, supprimons le français et rendons les écoles de confession musulmane. Nous n’aurons plus de «chicane», l’anglicisation sera un franc succès ainsi que le multiculturalisme. Couillard sera aux anges.


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3 commentaires

  • Pierre Cloutier Répondre

    3 avril 2014

    Vous avez parfaitement raison, mais c'est beaucoup la faute des péquistes eux-mêmes.
    Pour faire l'indépendance de la patrie, il faut 2 ingrédients :
    1 - un chef charismatique ;
    2 - une solide doctrine qui met le cap sur l'indépendance.
    Or, actuellement nous n'avons ni l'un ni l'autre. Pauline Marois n'est pas vraiment adulée dans la population et la doctrine de la gouvernance provinciale déguisée en gouvernance dite souverainiste n'est absolument pas mobilisatrice et ne vise aucunement à briser le statu quo actuel.
    Je vais voter pour le PQ, mais si le PQ ne livre pas la marchandise le 7 avril prochain, il va falloir changer de chef et de doctrine. Avoir un chef décidé et respecté par la population et mettre un plan d'indépendance clair, net et précis sur la table.
    Si après tout cela, on perd, on perdra alors la tête haute après s'être battu férocement. Il faut sortir de la prison mentale provincialiste et mettre le poing en l'air comme l'a fait PKP.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2014

    Comme vous voyez juste! J'ajouterais que les québécois sont déconnectés de leur propre histoire. Quand on connait mal son histoire, c'est difficile de trouver les arguments pour se défendre ou pour convaincre. J'ajouterais aussi que malheureusement, bon nombre de québécois d'adoption -on peut remonter de cent ans dans le temps- ne se gênent pas pour afficher leur mépris et leur condescendance envers les québécois... (il ne me viendrait jamais à l'idée d'aller m'installer dans un pays étranger et d'en mépriser les habitants ou de leur imposer ma culture)...Pourquoi donc tant de haine? Peut-être en partie parce qu'eux non plus ne connaissent pas notre histoire, mais certainement parce qu'ils adoptent le même discours méprisant des anglo-fédéralistes francophobes du reste du Canada et du Québec, discours auquel souscrivent des francophones du Québec, prêts à servir ces intérêts fédéralistes, en bons valets. Quand on n'est pas roi, on est valet, n'est-ce pas? Pourquoi vivre debout quand on peut vivre servilement à genou? À force de diminuer et d'écraser un peuple, il finit par perdre sa dignité et sa fierté. Et, finalement, un beau jour, il finit par s'écraser pour ne plus se relever. J'ai mal à mon Québec et je crains pour lui...

  • Archives de Vigile Répondre

    2 avril 2014

    Que vous avez raison; étant immigrant moi même je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que les québécois sont très ouverts d’esprit et accueillants.
    Cependant, peureux et facilement influençables; je ne peux croire qu’un individu comme Dr. Couillard qui n’arrête pas de brandir un référendum imaginaire puisse faire dérailler une campagne électorale.
    Tout en respectant les idéaux et idéalistes de la gauche qui s’apprêtent à voter pour le QS ou bien le ON, je leur dirais que leur vote lors de cette élection va élire le PLQ justement à cause de la peur alimentée par le PLQ chez les québécois, pour être poli, « mal informés ».
    Voulez vous un gouvernement des vire-capots, des opportunistes de carrière et des démagogues ?
    Si oui, votez de façon éparpillée et arrêtez de vous plaindre!
    Comme on dit en anglais, United We Stand, Divided We Fall.