Rescaper le Bloc

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La mort du Bloc ramènerait-elle la question nationale au Québec ?

Les députés démissionnaires du Bloc et quelques anciens voudraient forcer la tenue d’un conseil général pour destituer la chef Martine Ouellet. Ceux-ci s’engagent dans une mission quasi impossible à la lumière de ce qu’est devenu le Bloc, en l’occurrence, un rassemblement d’irréductibles qui n’ont foi qu’en eux-mêmes.


Je soupais chez un ami président de l’association péquiste de sa circonscription au moment où le conseil général du Bloc avait décidé d’enclencher le processus pour la désignation d’un nouveau chef. Mon ami avait reçu l’appel d’un ex-député qui voulait le rencontrer pour lui partager ses inquiétudes sur le noyautage du Bloc par des éléments de la SSJB et d’Option nationale. Il me raconta par la suite que les vieux routiers s’opposaient à une course à la chefferie si éloignée du moment électoral, car ils anticipaient qu’elle n’attirerait pas de candidatures intéressantes. L’avenir s’est chargé de leur donner raison avec la désignation de Martine Ouellet par acclamation.


Si le navire Bloc existe encore, force est de constater qu’il ne vogue plus avec le même équipage et que les Ouellet, Beaulieu et compagnie ne tarderont pas à en faire un vieux rafiot incapable de résister à la houle électorale. Après l’élection de 2011, des écumeurs se sont emparés du bateau à la dérive et se sont employés à renier son passé glorieux en croyant mieux faire par le pilonnage incessant de leurs mantras indépendantistes. La crainte que nourrit Pierre Paquette de voir des sympathisants désertés le navire est déjà matérialisée et il risque de s’avérer vain de faire appel à la convocation d’un conseil général qui a engendré la tourmente actuelle.


Dans le meilleur des scénarios, Martine Ouellet aurait quitté, par elle-même, en se sacrifiant pour le bien de la cause et ses trois députés restants se seraient faits très petits dans le fond de la cale. Au contraire, les discussions de leur bureau national les ont confortés dans leur obstination et aussi comme naufrageurs. Dans les circonstances, il est plutôt aventureux de compter sur les instances pour les dégommer et il en est même périlleux pour la cause indépendantiste de nourrir un conflit qui pourrait entrainer de multiples rebondissements. Ces chicanes de timonerie se retourneraient contre les souverainistes pour altérer leur crédibilité et pour faire croire à leur incapacité de gouverner, car trop occupés à se faire la peau entre eux.


Le Bloc québécois se meurt et le temps est compté en jours pour le ranimer. À défaut d’un changement de capitaine au cours de la prochaine semaine, il vaudrait mieux que les indépendantistes ne s’encombrent pas d’une épave. Il leur sera plus profitable de se tourner vers Québec et ses politiciens plus pragmatiques pour continuer de construire la voie vers l’indépendance.