Report de la retraite: Couillard rectifie le tir

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Recul de l'âge de la retraite: Attendez

(Montréal) Même si une majorité de militants libéraux voient le projet d'un bon oeil et que le ministre des Finances Carlos Leitão en a parlé comme d'une nécessité, Philippe Couillard repousse l'idée de hausser l'âge normal de la retraite des Québécois.
Son gouvernement poursuivra plutôt sur la voie du rabotage des mesures incitatives favorisant actuellement la retraite hâtive, avant 65 ans. Et sur celle visant à bonifier les incitatifs fiscaux encourageant le maintien en emploi après 65 ans.
C'est ce qu'a indiqué le premier ministre à l'issue du 32e congrès des membres du Parti libéral du Québec, qui s'est tenu en fin de semaine à Montréal.
«Il faut surtout y aller par incitatifs et désincitatifs : incitatifs à retarder la retraite lorsque c'est possible; désincitatifs à la devancer lorsque ce n'est pas nécessairement la meilleure chose pour le Québec», a-t-il déclaré dimanche.
Plus tôt, les militants libéraux avaient eux-mêmes adouci la résolution soumise par la commission politique de leur parti. Ils ne voulaient plus qu'«adapter» l'âge de la retraite à l'évolution de l'espérance de vie des Québécois.
Ils avaient aussi amendé la proposition originelle afin qu'un éventuel report de la retraite épargne ceux qui effectuent des travaux difficiles ou pénibles. Par exemple, des travailleurs de nuit ou des ouvriers exposés à des vibrations mécaniques.
Repousser l'âge de la retraite affectera dramatiquement les plus pauvres, dont l'espérance de vie est de sept ou huit ans inférieure à celle des mieux nantis, s'est inquiété un délégué.
En ce qui a trait aux employés de l'État, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a déjà indiqué sa volonté de passer rapidement à l'action. Il veut faire grimper l'âge de leur retraite de 60 à 62 ans.
En matière de santé, les militants libéraux ont prêché pour une éventuelle petite révolution. Ils ont dit oui à un énoncé prévoyant l'«examen» de la place de la concurrence sur le plan de la prestation de services et de l'étendue de la couverture de l'assurance maladie.
Ils ont aussi adopté, sur fond de fortes dissensions, une résolution inspirée du récent rapport du fiscaliste Luc Godbout. Elle propose de «réviser la façon dont les revenus de l'État sont perçus pour que l'assiette fiscale repose davantage sur la taxation et moins sur l'impôt sur le revenu».
Deux garde-fous devraient cependant être installés, selon eux : le fardeau fiscal des particuliers ne devrait pas croître et le crédit d'impôt à la solidarité devrait être bonifié.
Défi au PQ
Dans son discours de clôture, Philippe Couillard a assuré que le projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État et celui visant à contrer la radicalisation, tous deux présentés la semaine dernière, seront adoptés par l'Assemblée nationale au cours des prochains mois.
Il en a profité pour mettre au défi l'opposition officielle du Parti québécois : «Si, par la suite, a-t-il dit, certains veulent en rajouter, mettre nos libertés en jeu, créer de fausses crises et de fausses urgences, ce sera à eux d'expliquer pourquoi. Les Québécois sont passés à autre chose.»
Les principes du projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État pourraient éventuellement s'appliquer aux employés municipaux, a laissé entendre le premier ministre, plus tard en point de presse.
Environ 3000 syndiqués du secteur public ont manifesté non loin du Palais des congrès, où les libéraux étaient réunis. Ils ont dénoncé les politiques d'austérité du gouvernement. Ils étaient surveillés par des policiers du Service de police de la Ville de Montréal arborant pantalons de camouflage et casquettes rouges. Eux protestaient ainsi encore contre la loi adoptée en décembre sur les régimes de retraite des employés municipaux.
Le congrès libéral a réuni jusqu'à quelque 1500 délégués samedi. Ils étaient un peu moins nombreux dimanche.
Davantage d'immigrants
Philippe Couillard estime nécessaire que le Québec accueille davantage d'immigrants. Actuellement, ils sont en moyenne 50000 à s'installer dans la province chaque année. «On a une réalité démographique au Québec implacable, qui est la diminution de la population active depuis 2013-2014. Alors, soit on se met à faire plus d'enfants nous-mêmes, soit on fait venir des gens d'ailleurs. Le premier ministre précise qu'il faudra accroître la francisation des immigrants non francophones et mieux s'assurer de la capacité des nouveaux arrivants à s'insérer au sein du marché du travail. «Si on augmente le nombre d'immigrants, ce sera également avec une stratégie pour les intégrer le plus vite possible», a-t-il tenu à dire. Les nouveaux seuils d'immigration proposés par le gouvernement pour les prochaines années seront dévoilés l'automne prochain. Ils seront débattus en commission parlementaire.
Constitution : non, mais...
Le premier ministre libéral ne lancera aucune initiative pouvant déboucher sur une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles.
Philippe Couillard croit qu'il placerait le Québec «en situation de faiblesse» s'il le faisait. C'est que l'appétit dans le reste du Canada pour des négociations constitutionnelles n'est pas encore là, bien que de plus en plus de questions se posent sur le Sénat et que les Premières Nations ont des revendications à faire valoir.
M. Couillard prévient cependant de la «nécessité incontournable» qu'il y aura «de reconnaître formellement le caractère distinct du Québec» si d'autres, ailleurs au Canada, voulaient mettre en branle une nouvelle tentative de renouvellement de la Constitution canadienne.
C'est ce qu'il a dit devant ses militants dimanche. C'est la deuxième fois en une semaine qu'il trace une ligne rouge au sujet de la reconnaissance du caractère distinct du Québec.
«Le jour où ce rendez-vous se produira, car il se produira, quelles que soient les déclarations qu'on peut entendre à gauche à droite, le Québec participera activement à condition que les enjeux québécois soient sur la table», avait soutenu le premier ministre la semaine dernière.
Il ne fixe aucun échéancier, mais fait tout de même référence, sans que l'on puisse vraiment savoir s'il y croit, au 150e anniversaire du Canada, en 2017


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