Reparlons d'aide sociale

Le Pacte pour l'emploi

Faisons d'abord amende honorable: dans notre éditorial publié hier, des données erronées nous ont fait écrire que le nombre de prestataires de la sécurité sociale n'avait pas diminué depuis dix ans. Ce constat est faux... et nous fournit l'occasion de revenir sur un enjeu peu traité depuis que le chômage a atteint un niveau plancher.
Ce que nous disent les vrais chiffres, c'est que le nombre de prestataires, adultes et enfants confondus, a chuté du tiers depuis 1998, glissant de 733 446 à 488 013. Alors que le taux de dépendance dépassait 10 % de la population totale du Québec il y a dix ans, il s'établit aujourd'hui à moins de 7 %.
Il va sans dire que ces données forcent aussi à revenir sur l'analyse de la situation. Hier, nous nous demandions pour quelle raison le nombre de prestataires n'avait pas baissé, malgré la conjoncture favorable, pour conclure qu'il fallait plus que des mesures d'accompagnement pour faire bouger les choses. Les données permettent aujourd'hui de confirmer ce que la théorie a toujours prétendu, à savoir que l'amélioration des conditions économiques constitue le facteur déterminant dans l'évolution du nombre d'assistés sociaux aptes au travail.
En revanche, les mêmes données confirment que les programmes d'incitation volontaire ont leurs limites. Ainsi, le nombre de prestataires adultes «sans contraintes sévères à l'emploi», qui s'établit à 230 000, a probablement atteint un niveau plancher. Au moindre ralentissement économique, ce nombre explosera, et rien ne pourra être fait pour briser le noyau dur d'assistés sociaux chroniques, qu'on peut évaluer à plus ou moins 100 000 adultes.
À l'heure actuelle, 26 000 prestataires ont moins de 25 ans, 41 000 sont des familles monoparentales et 61 000 sont des immigrants, un groupe dont l'importance continue de croître par rapport à l'ensemble. Malgré tous les programmes créés depuis la réforme Harel, à la fin des années 90, la durée moyenne cumulative du séjour à l'aide sociale pour l'ensemble de la clientèle apte au travail reste de... neuf années de prestations!
Chaque catégorie de prestataires présente des difficultés particulières qui appellent une intervention spécifique. C'est d'ailleurs à cela que la réforme d'il y a dix ans et le pacte de l'emploi présenté cette semaine veulent s'attaquer. Tout a été tenté, sauf la limitation de l'aide dans le temps pour ceux qui refusent de s'inscrire à une formation ou à un programme de recherche d'emploi.
Dans le cas des immigrants, le problème est plus complexe compte tenu des obstacles de la langue, du racisme et des difficultés d'intégration à la société d'accueil. Mais là encore, la facilité avec laquelle on a accès aux programmes de soutien public atténue parfois le sentiment d'urgence. L'aide de dernier recours est un droit, certes, mais celui-ci comporte l'obligation de tout faire pour s'en libérer quand on possède la capacité physique et mentale d'agir.
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j-rsansfacon@ledevoir.com


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