«Rendez les Plaines aux Québécois»

L'abandon de la reconstitution de 1759 n'apaisera pas tous les souverainistes

1759-2009: récupérons les Plaines

Amélie Daoust-Boisvert - Deux cent cinquante ans après la conquête britannique, il serait grand temps de rendre les plaines d'Abraham aux Québécois, croient les militants souverainistes de tout acabit, rassemblés hier en mémoire des patriotes pendus le 15 février 1839.
Par ailleurs, le président du Rassemblement pour un Québec souverain, Benoît Roy, songe à réclamer une injonction interlocutoire demandant l'arrêt de toutes les activités entourant la célébration du 250e anniversaire de la Bataille des plaines d'Abraham. En effet, si tout indique que la reconstitution militaire sera annulée, la Commission des champs de bataille nationaux se contenterait de réaménager les activités les plus controversées entourant la commémoration, sans annuler l'événement.

Le verdict tombera demain, et la commission se refuse à tout commentaire avant cette conférence de presse officielle. Alors que son président, André Juneau, espérait une trêve en avouant aux médias en fin de semaine «avoir fait une erreur» autour de l'esprit des commémorations de la défaite des troupes de Montcalm aux mains de celles de Wolfe, les militants répondent plutôt que la controverse était symptomatique d'un fait ancien: l'appartenance des Plaines au gouvernement fédéral. De plus, un simple recul sur la reconstitution de la bataille en laisse plusieurs insatisfaits. Les militants souverainistes estiment qu'une telle idée n'aurait pas émergé si les Plaines avaient été de compétence provinciale.
En ce sens, les militants retiennent la proposition de Pierre Boucher, ancien président de la Commission de la capitale nationale, qui confiait au Devoir mercredi dernier que les Plaines devraient être cédées à la Ville de Québec ou à la Commission de la capitale nationale du Québec. «Ça pourrait être un geste très certainement symbolique», avait-il dit.
Selon les propos de M. Juneau, la Commission des champs de bataille nationaux souhaite surtout éviter une deuxième bataille des Plaines, un affrontement entre fédéralistes et souverainistes. «Il y a eu assez de débordements», a-t-il dit samedi sur les ondes de Radio-Canada. Le président est toutefois resté muet sur le nouveau plan d'attaque.

Pour le président de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu, il est également grand temps que «le fédéral se retire du dossier». «S'il reconnaît que le Québec est une nation, qu'il nous laisse notre souveraineté culturelle», a-t-il affirmé hier au Devoir au pied du monument aux patriotes, près du pont Jacques-Cartier. Il affirme que les courriels affluent au sujet de la commémoration de la défaite de Montcalm. Pour lui, les récents événements s'inscrivent sans la continuité d'un «400e de Québec sans drapeau du Québec». «On en a ras-le-bol du révisionnisme historique du gouvernement fédéral», tranche-t-il.
Appui bloquiste
La députée du Bloc québécois Maria Mourani a profité du 15 février pour appuyer les militants souverainistes. Devant les quelque 150 personnes rassemblées sur le lieu de pendaison du Chevalier DeLorimier et quatre autres patriotes, elle a affirmé que «commémorer la souffrance des civils pendant la conquête, ce n'est pas la tasse de thé de M. Harper. Le gouvernement canadien est plus subtil [que les Britanniques à l'époque]: il travaille pour rappeler l'histoire du Canada, pas celle du Québec et la souffrance d'un peuple, des horreurs qui doivent être reconnues et non plus occultées».
En attente de la confirmation officielle, les militants souverainistes tenaient pour acquis que la bataille ne serait pas reconstituée sur les Plaines. Le militant François Marsolais voyait cela comme «une belle victoire», alors que plusieurs estimaient que l'attitude de la Commission et du gouvernement fédéral ravivait les ardeurs du mouvement. Par contre, Horst Dresler, du Corps historique du Québec, a confirmé que les «soldats» devant incarner les troupes de 1759 n'avaient pas été décommandés par la Commission. De plus, le cas échéant, il planifie de déplacer la reconstitution de la bataille en Ontario, a-t-il affirmé en entrevue à RDI hier matin.


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