Pour le maintien obstiné d'une prière au conseil municipal de Saguenay et la présence de signes religieux ostentatoires, on a fait tout un tintamarre. Personne n'a bien évidemment songé à reprocher au maire Jean Tremblay ses croyances; elles relèvent en effet totalement de la sphère personnelle. Dans la mesure où il ne s'adonne à aucun prosélytisme en usant de sa fonction publique, il a toute liberté de pratiquer sa religion, quelle qu'elle soit. Voilà donc un tableau qui a le mérite de présenter des éléments clairs, bien qu'il dérange et soit contesté.
En revanche, quoi de moins limpide que ces «fous de Dieu» bien implantés, entre autres, chez les conservateurs? Notre journaliste Hélène Buzzetti a brossé hier un portrait troublant des ferveurs religieuses de certains députés; le récit livré à coups d'anecdotes est renversant, non pas en raison des croyances de ces acteurs de la scène politique, car elles leur appartiennent, ainsi qu'au maire Jean Tremblay. Cela dérange plutôt car ils disposent de leur foi jusque dans les comités parlementaires, osent des déclarations à saveur créationniste, imposent les mains pour venir en aide à une députée souffrante. Non, ceci n'est pas de la fiction! Ni d'ailleurs un épisode de Rencontres paranormales, cet autre beau délire qui prend les téléspectateurs — plutôt que les électeurs — en otage.
Des auteurs tels Marci McDonald (The Armageddon Factor: The Rise of the Christian Nationalism in Canada) ont carrément posé la question: le gouvernement conservateur est-il noyauté par la droite religieuse? Comme l'américain Parti républicain, dont cette frange ultraconservatrice est une composante essentielle, le Parti conservateur est-il tranquillement mais sûrement infiltré par des groupes religieux qui exercent alors en toute quiétude des pressions pour imposer leurs visées?
Tout cela ne serait pas si dérangeant si l'on savait au moins de quoi il en retourne. Au lieu de quoi les révélations nous parviennent à travers enquêtes et reportages démontrant une activité sournoise, mais néanmoins très solide. Aucun signe ostentatoire en vue qui motiverait une bataille juridique. Mais cette ferveur religieuse, bien agrippée à la politique, n'en est pas moins gênante. Voilà que s'étale une confusion insidieuse entre les affaires d'État et les convictions personnelles.
Heureusement, les médias s'activent et établissent des liens que la population doit connaître. Alors que le gouvernement conservateur espère une majorité qui lui garantirait une inépuisable arrogance, l'on est en droit de s'interroger sur les politiques qui pourraient émerger d'un gouvernement conduit, entre autres groupes, par une droite religieuse affamée de criminalisation de l'avortement ou de la fin des mariages entre conjoints de même sexe.
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