Référendum grec ... l'avenir de l'Euroland passe par la case démocratique!

Plus généralement, on entre dans la phase de l'irruption de la question démocratique dans les processus de solution de la crise. Et la Grèce n'est que le premier pays d'une longue liste mondiale.

Crise du capitalisme - novembre décembre 2011



Bonsoir,
Voici quelques remarques concernant la décision du premier ministre grec de faire un référendum sur l'accord négocié à Bruxelles pour sortir son pays de la crise; et ses probables conséquences:
M. Papandreou vient de tirer la conclusion d'une situation intenable pour lui:
1. il a maintenant un accord vendable à son opinion publique
2. les conservateurs refusent toujours son offre de gouvernement d'union nationale
3. sa gauche continue à faire la surenchère contre l'austérité
4. les nationalistes, idem en ce qui concerne l'abandon de souveraineté
5. il n'a pratiquement plus de majorité au parlement
6. il n'a plus de marge de manoeuvre au niveau euro-international
7. depuis aujourd'hui les mesures difficiles commencent : 30 000 fonctionnaires licenciés et 150 000 emplois publics dans le collimateur à très court-terme
8. il estime (à juste titre à mon avis) qu'il a fait plutôt du bon boulot en deux ans, mais qu'il est au bout des possibilités de son actuelle majorité.
... donc, il remet la balle au centre, et joue quitte ou double.
Il a certainement eu des conseils de Wall Street et de la City pour aller dans ce sens mais je ne pense pas qu'ils aient eu une grande influence.
Et à ce stade, c'est une telle panique à Wall Street et la City que même nos apprentis-sorciers de l'hystérie collective commencent à avoir peur aussi, sur fond des premières faillites financières post-sommet Euroland.
Je suis convaincu que, bien conduit, ce référendum sera un succès. La grande majorité des Grecs sont conscients de l'importance des enjeux et notamment du fait que c'est une occasion unique de moderniser leur pays en obligeant ce dernier à se restructurer comme cela a été fait pour les pays d'Europe de l'Est après la Chute du Mur. Mais d'abord, il y a visiblement une crise gouvernementale grecque à traverser, y compris pour l'autorisation d'un référendum qui doit être validé par un vote du Parlement grec.
Plus généralement, on entre dans la phase de l'irruption de la question démocratique dans les processus de solution de la crise. Et la Grèce n'est que le premier pays d'une longue liste mondiale.
Comme disaient les anciens, "Timeo Danaos et dona ferentes" ... mais si c'est un cadeau démocratique ... il sera complexe à gérer pour l'Euroland ... tout en étant sans aucun doute le cadeau le plus utile pour s'assurer de la pérennité de la seconde renaissance de l'intégration européenne. Le futur référendum trans-Euroland sur la gestion de l'Euroland vient de commencer à pointer le bout de son nez.
Quant aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, leurs opinions publiques vont se trouver d'autant plus légitimes à réclamer des comptes à leurs dirigeants que ces derniers apparaissent toujours comme totalement liés aux puissances financières ... et en complète déconnection des intérêts de leurs peuples. On va assister à une radicalisation d'Occupy Wall Street et des prochaines grandes grèves au Royaume-Uni.
Les mois qui viennent vont montrer que le rythme et la vitesse de la crise sont désormais hors de contrôle des institutions/gouvernements qui croient encore être en mesure de canaliser les évènements. La crise est passée pour quelques trimestres en mode de chocs hebdomadaires ou mensuels, quand nos les institutions fonctionnent toujours en trimestres/années.
Cordialement
Franck Biancheri


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