Rapport du GIEC - Qui sauvera la Terre?

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La réaction canadienne en dessous de tout

La Terre ne va pas bien et c’est la faute des humains, dit sans ambages le 5e rapport du GIEC. C’est là une « vérité qui dérange », comme l’écrit un collectif d’ONG réunissant des groupes comme Greenpeace, Oxfam et Les Amis de la Terre. Pour y faire face, il faudra une volonté politique féroce. Où la trouvera-t-on ? (Non, pas au Canada…)

On prête bien des défauts à la France ces jours-ci au Québec, mais vendredi, il y avait une bonne raison de lui envier sa hauteur de vues politiques. Dès la publication du troublant rapport du GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), ses ministres des Affaires étrangères, de l’Écologie et du Développement ont tous trois rappelé que la France entend bien parvenir à un pacte mondial sur le climat en 2015. Ils ont été suivis du premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a réclamé un « accord contraignant » pour contrer l’impact des changements climatiques, que l’on sait maintenant assurément causés par les humains.

En contrepartie, la réaction canadienne, hélas portée par le gouvernement Harper, a été en dessous de tout. Dans un communiqué publié par la ministre de l’Environnement Leona Aglukkaq, le Canada a osé se vanter de son leadership en matière de lutte contre les changements climatiques. Mieux encore, la ministre s’en est pris à l’inaction passée des libéraux et a accusé les néodémocrates de menacer les emplois avec leurs positions environnementales. En prime, le communiqué se termine par la fierté du gouvernement envers le travail des scientifiques, ceux-là mêmes qu’il muselle allègrement ! Le cancre de la classe mondiale venait encore de s’enfoncer. Si l’enjeu n’était pas si fondamental, il y aurait de quoi rire. Contentons-nous d’avoir honte.

Seuls les imbéciles ne prendront pas au sérieux les conclusions du rapport du GIEC, basé sur plus de 9000articles scientifiques et de surcroît modéré par la relecture qui en a été faite toute la semaine à huis clos à Stockholm par des délégués de 110 gouvernements.

On cherche les consensus, on veut éviter les critiques, la prudence scientifique est de mise, et pourtant, ils ont dû maintenir des conclusions qui sonnent l’alerte rouge : la Terre se réchauffe trop, trop vite, et tout s’en trouve bouleversé, de la biodiversité aux récoltes, du niveau des océans à la fonte des glaces. L’illustrait cette nouvelle, publiée le même jour que le rapport du GIEC : pour la toute première fois, un cargo géant vient de franchir le passage du Nord-Ouest - route maritime de l’océan Arctique qui s’est ouverte à cause du réchauffement climatique et où l’on prévoit que le quart du trafic entre l’Europe et l’Asie passera d’ici 2030.

Les États-Unis ont réagi très vite pour saluer le rapport et d’autres pays ont manifesté leur inquiétude. Mais dans les faits, la plupart traînent les pieds (… sans parler du Canada, qui n’en est même pas à l’étape des discours inquiets !). Et même les plus déterminés se butent à leurs problèmes financiers, comme on le voit en Europe. La riche Norvège elle-même a ainsi annoncé il y a à peine quelques jours qu’elle abandonnait un important projet de captage et de stockage de CO2 en raison de ses coûts, décevant bien des environnementalistes.

La très conservatrice Banque mondiale l’a pourtant dit : il y a des gestes urgents à poser. Les scénarios catastrophistes perdent de leur impact à force d’être répétés, mais le flot de tragédies découlant de températures extrêmes à travers le monde est devenu un rappel constant des impacts humains, sociaux et financiers majeurs de notre inaction collective. L’avenir n’est pas aux polluantes énergies fossiles, en dépit de leur lobby. Ce rapport doit être l’aiguillon qui donnera du courage aux élus de la planète pour agir, et à M. Harper pour arriver au XXIe siècle.


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