La stratégie de confrontation de l’État et des villes pour faire payer aux salariés municipaux les congés de cotisation sur les fonds de pensions de ces salariés tourne court. La riposte semble à la hauteur de la désinformation systématique que les maires et les Libéraux voient se déployer en leur faveur dans les médias traditionnels.
Personne ne pose la question de la disparition des fonds prélevés lors de ces congés de cotisation que se sont donnés les administrations municipales.
Tout le monde est pour la bonne gestion. Tous veulent que le compte de taxe soit le minimum possible pour les contribuables. À ce sujet le procès d’intention que l’on fait aux syndiqués sonne faux. Qui a géré en comptant d’abord sur les économies faites sur le dos des salariés pour faire balancer les comptes municipaux ? Voilà bien une bonne interrogation devant laquelle le public devrait être placé.
La réaction outrée des chroniqueurs de tout acabit est un genre de désaveux de la parole donnée après des années de lutte des syndicats concernés dans le secteur municipal. On en appelle à l’État dirigé par les Libéraux. Mais c’est le voleur lui-même qui crie au loup. Les Libéraux ne se font pas prier. Leur penchant en faveur du néolibéralisme les place comme alliés naturels des maires tout aussi Libéraux et de connivence avec le gouvernement.
Ensemble, ils ne conçoivent pas que des salariés et leurs syndicats soient devenus des agents puissants de progrès social qui exigerait que les ponctions en taxes soient soutirées à ceux qui ont les moyens de fournir à la caisse commune, soit les riches exploitants des ressources municipales qui se retrouvent dans leurs parcs industriels. S’ils manquent de pouvoir pour le faire, ce ne devrait pas être les salariés qui écopent. Ils devraient plutôt se tourner vers les pouvoirs supérieurs, non comme maintenant pour obtenir des ressources sur le dos des salariés, mais pour que ces moyens ou des pouvoirs soient mieux partagés.
Les détracteurs des fonds de pensions des salariés du municipal sont les premiers à bénéficier des progrès de société qui ont été réclamés puis obtenus par ces syndiqués : un système d’éducation moderne où ils ont puisé l’apprentissage de leur métier de journalistes, un système de santé promu par le communiste Norman Béthune dans les années trente, des infrastructures et des villes fonctionnelles dont ils ne cessent de dénigrer, en plus, l’entretien et le manque de moyens par les fonctionnaires municipaux, … Sont-ils donc aveugles qu’ils ne voient rien de tout ce qu’ils doivent, comme contribution à leur mode de vie, aux employés des villes?
On a poussé les hauts cris à la suite de l’intervention des salariés et de leurs syndicats auprès des jeunes participants aux Jeux du Québec. Ce serait pervertir la jeunesse que de lui expliquer d’où viennent les institutions et les organisations qui leur permettent de s’épanouir au cœur de leurs villes. Qui fournit les services publics dévoués à un sort plus attentif aux apprentissages de ces jeunes ?
L’État et les patrons en général voudraient bien nous confisquer l’avenir de nos rapports avec la jeunesse. C’est une stratégie cynique qui va à l’encontre d’un célèbre mot de la gauche : «L’avenir est à nous !».
Dès aujourd’hui, les syndicats du secteur public posent ce problème à la jeunesse de la solidarité avec les plus âgés au lieu de lui inculquer, comme les chroniqueurs, une sorte de méfiance face à ce qui pourrait constituer une merveilleuse source d’apprentissage sur leur condition et comment elle leur est arrivée d’un passé de luttes et de conquêtes démocratiques comme celles des infrastructures municipales à leur service.
En fait, ce sont les politiques néolibérales qui n’ont pas d’avenir sérieux. La jeunesse québécoise, qui se voit offrir des institutions sur lesquelles ont reproche aux syndicats de vouloirs influer comme les Jeux du Québec, a besoin de fonctionnaires municipaux dont les droits sont reconnus et qui restent dévoués à leur travail parce qu’ils auront eux-mêmes une retraite descente. Ce qui est gagné aux fils des combats syndicaux maintenant est souvent associé plus tard à des progrès de société dont les plus jeunes auront le loisir de jouir. Il ne faut pas sous-estimer la capacité des syndicats, non pas de «léguer une dette aux générations futures», mais de leur assurer un avenir prometteur.
Les Jeux du Québec ont été créés par Claude Charron à la suite de l’élection d’un gouvernement du Pati Québécois. Ce gouvernement, au nom «d’un préjugé favorable aux travailleurs», avait légué aux jeunes québécois cette institution qui a permis à beaucoup d’entre eux d’exceller dans leur sport. Mais est-ce qu’il ne tiendra pas de l’élémentaire reconnaissance que d’attribuer aux fonctionnaires municipaux une capacité logistique dans l’organisation de ces Jeux au lieu de leur reprocher la main tendue aux jeunes participants à ces Jeux ?
Le silence des administrateurs municipaux, et de leurs alliés dans les médias traditionnels, sur les congés de cotisations est éloquent sur la manœuvre politique qu’ils veulent imposer aux syndiqués comme des charges de leur mauvaise administration passée. Il est si facile de faire reporter sur d’autres épaules les responsabilités mal assumées de ce passé.
Est-ce que le socialisme, qui ouvrirait aux salariés ces institutions de pouvoir, ne serait pas une solution aux confrontations régulières qui se manifestent toutes les fins de contrats ? Pour nous, un pouvoir ouvrier ne réglera sans doute pas tout, mais il aurait l’avantage de retirer aux carriéristes, comme Labeaume et Coderre, l’aspiration à la gouverne de villes dont ils se font l’ambition d’une gestion irresponsable pleine de ce genre de magouilles ?
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
4 commentaires
Guy Roy Répondre
4 août 2014Monsieur Jean,
Une conquête syndicale peut se transformer en acquis de société s'il y a une volonté politique de le faire.
Vous êtes sûr qu'enlever les pensions aux syndiqués créera une nouvelle richesse à partager ?
Pourquoi tenir tant à niveller par la bas ?
Pourquoi ne pas offrir à la majorité les acquis des syndiqués ?
Il n'y a que les Libéraux, Coderre et Labeaume pour rejeter cyniquement des acquis de société pour permettre au capitalisme d'engranger plus de profits pour ce 1 % qui refuse de payer sa part d'impôt.
Archives de Vigile Répondre
4 août 2014"Dans les municipalités, les retraités actuels et futurs ne sont pas responsables des crises qui ont mis à mal les fonds de retraite. Mais ils auront été victimes d’une philosophie syndicale à courte vue, faite de surenchère et de corporatisme étroit. Dans les années de vaches grasses, ils réclament leur « part » de la prospérité, mais venues les années de vaches maigres, ils invoquent leurs « droits acquis ». Sacré pour eux, ce principe ne le serait pas pour des contribuables surtaxés appelés à renflouer les caisses."
http://www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/415094/les-retraites-municipales-un-enjeu-de-societe-ou-une-affaire-de-droits-acquis
Jean-Pierre Bélisle Répondre
3 août 2014Les bouffons Labaume et Coderre, ainsi que les ridicules petits dictateurs de leur acabit, devraient d'abord (tenter d')appliquer leur médecine aux usuriers que nous engraissons systémiquement:
Évidemment, nous savons tous qu'un tel scénario fantaisiste relève de l'invraisemblance à l'échelle locale, nationale et fédérale.
À quoi nous attendre ?
1.: L'État (selon le niveau de juridiction) parviendra toujours à s'entendre avec les militaires, les policiers, les juges et les plus hauts fonctionnaires: ils sont la base même de la structure étatique. Sans eux, point d'État.
2.: Une fois l'ordre assuré, les autres, les plus humbles, passeront nécessairement à la moulinette : ils se verront d'abord délestés d'une partie substantielle de leurs régimes de retraite.
3.: Viendraient ensuite d'envisageables ponctions de l'État dans les REERs et les comptes bancaires des citoyens, ceux qui n'ont pas accès aux paradis fiscaux.
4.: À l'instar de Detroit, Cleveland, Baltimore, Memphis, New Orleans, St. Louis et Oakland ainsi que des centaines d'autres villes États-Uniennes, nos villes à nous pourraient bien devenir des puisards de saleté, de pourriture et de pauvreté, avec une minimum de services de police, de pompiers et d'établissement de santé.
Dans dix ans vous serez tous ruinés ... Le cahos salutaire tant souhaité, comme à Gaza, pour reconstruire un ordre nouveau.
JPB
Archives de Vigile Répondre
3 août 2014Simplement signaler que:
1-En 2012, 39,9% des travailleurs du Québec sont syndiqués. Donc, la majorité des travailleurs ne sont pas syndiqués.
2-La majorité de la population n'a pas de fonds de pension.