Questions sur la promotion de Pierre-Karl Péladeau par Pierre Cloutier

Tribune libre

Note : J’ai écrit ce texte sans savoir que le nombre de caractères est limité en commentaires à un texte principal. Je le publie quand même, je ne pouvais le réduire. Je recommande de lire le texte de Pierre Cloutier « Pourquoi Pauline Marois devrait démissionner » avant celui-ci.
Mon très cher Cloutier,
Vous nous revenez avec cette idée de remplacer Mme Marois par PKP et nous invitez à la commenter. Soit. Je vais, avec votre permission, en tout respect, vous suivre dans votre argumentaire.
Il débute avec des résultats de sondages, désastreux pour ce que vous appelez le PQMarois, et la Madame qui donne son nom à ce parti. En passant, quand j’ai voté aux dernières élections, le seul nom de chef qu’il y avait sur un bulletin était celui de Legault (Équipe François Legault). Par simple respect des noms et des militants, auriez-vous l’obligeance de nommer les partis par leur nom véritable, y compris celui de l’équipe François Legault. Les électeurs ont le droit de savoir que la CAQ se fait appeler Équipe. Équipe au sein de laquelle militent Jacques Duchesneau et Daniel Ratthé. Ils font d’ailleurs une belle équipe !
Parlant de sondage, avez-vous suivi les dernières élections britichecolombiennes ? Jusqu’au jour du résultat, les savants sondeurs donnaient victorieux le NDP devant les Libéraux. Quelques semaines avant le vote, le NDP jouissait d’une avance insurmontable de 24 %. Et je passe sous silence les résultats de l’Alberta et de l’Ontario lors des dernières élections, les sondeurs n’y ont guère été plus brillants. Ici même dans ces pages, vous appuyant sur des sondages, lors des démissions des Beaudoin, Curzi, Lapointe et Aussant vous annonciez que Mme Marois ne récolterait pas plus de 15 % du vote, et que le PQ disparaîtrait avec elle. Vous n’êtes pas le seul à vous être trompé si ça peut vous consoler, mais vous êtes le seul qui revenez avec l’argument des sondages. Vous nous signalez fort à propos le cas de Boisclair. Les Péquistes croyaient dur comme fer aux sondages qui le donnaient vainqueur même après les révélations sur sa consommation. Il était devenu M. Teflon selon La Presse, l’une de vos sources avec les sondages-bidon CROP. Il a sombré corps et biens. Et pour finir sur les sondages, vous en avez combien qui donnent PKP vainqueur lors d’un référendum ? Avec quelle question ?
Toute cette histoire autour des sondages et des contestations de chef remonte à loin dans l’histoire du PQ. Même M. Lévesque a été menacé par des mécontents, jusqu’en 1976, quelques mois avant sa victoire. Et ce sont des sondages qu’exhibait P.M. Johnson quand il manigançait contre lui au début des années 80. Il devait balayer le Québec contre Robert Bourassa. Une tentative de putsch n’en attend pas une autre dans ce parti. Tous les chefs du PQ y ont goûté. Les péquistes cherchaient un Sauveur du temps de M. Lévesque, ils cherchent encore. Et le grand vainqueur de toutes ces manigances a été le PLQ plus souvent qu’autrement. Quand allons-nous apprendre? Voir la lettre imaginaire de Philippe Couillard aux indépendantistes écrite par le facétieux Barberis-Gervais.
En ce qui concerne ce que vous considérez de la tiédeur du gouvernement Marois avec l’article 1 du programme, un gouvernement minoritaire ne peut se lancer en campagne référendaire actuellement, et il va falloir une préparation à un gouvernement majoritaire avant de proposer un nouveau référendum. Se lancer dans une campagne sans chance raisonnable de gagner est suicidaire pour la Patrie, vous savez ça aussi bien que moi.
En ce qui concerne le débat gauche-droite, vous avez en partie raison, en partie seulement. Les divisions entre indépendantistes auxquelles vous contribuez font au moins aussi mal, et je comprends qu’elles ne sont pas près de cesser. Si Mme Marois est trop à droite pour Mme David, pouvez-vous m’expliquer comment elle et Khadir vont faire pour se retrouver sur un même podium que PKP ? Mais à gauche comme à droite, plusieurs estiment que leurs idées sont bloquées par le débat national. Ils croient qu’en l’évacuant, ils vont pouvoir faire avancer leurs idées. Je sais qu’ils ont tort, mais ils réalisent bien qu’en laissant un leader charismatique de droite ou de gauche porter le projet indépendantiste, ils risquent de se retrouver dans un État indépendant de droite ou de gauche dont ils ne veulent pas; ils vont préférer un chameau à trois bosses comme le Canada à un pays dont ils veulent encore moins. Dans un tel contexte, PKP vient exacerber ces divisions plutôt que les résoudre. Et comment savez-vous que PKP est intéressé à venir diriger le PQ ? Qui plus est, s’il acceptait, comment savez-vous qu’une fois l’indépendance faite, il va gentiment rentrer dans ses terres avec la satisfaction du devoir accompli ? C’est bien beau de nous faire la promotion de quelqu’un en nous disant qu’une fois faite l’indépendance, nous nous en débarrasserons comme une vieille chaussette, mais je ne crois pas qu’il va apprécier cette marque de respect.
Vous croyez que son indépendance de fortune le met à l’abri de la corruption. Je ne vais pas vous parler des boîtes de génie-conseil dirigées par des multimillionnaires, impliquées jusqu’aux oreilles dans la corruption et la collusion. Je vais plutôt vous rappeler qu’un ancien Premier ministre canadien doté d’une généreuse pension a trempé dans l’affaire Schreiber, où il a accepté non pas une enveloppe brune, quand même, mais une valise pleine d'argent. Il voulait nourrir sa famille. Ça adonne bien, il siège au même conseil d’administration que PKP, celui de Quebecor. Vous aurez reconnu le très Honorable Brian Mulroney. L’argent ne met pas à l’abri de la corruption, Me Cloutier, la Commission Charbonneau nous le montre tous les jours.

Par ailleurs, je vois que la fortune de PKP ne le discrédite pas à vos yeux comme celle de Pauline Marois le faisait. Ici, il y a petit problème de cohérence chez vous. Dans vos diatribes contre la propriétaire d'un château à l'île Bizard, n'avez-vous pas écrit qu'une riche comme madame Marois ne pouvait pas défendre les intérêts de la classe moyenne? Et un riche comme Pierre-Karl Péladeau lui? Ce qui est mauvais pour minou n'est-il pas aussi mauvais pour pitou!
Enfin, je vois que votre réflexion vous ramène au PQ. Vous étiez un militant d’Option nationale jusqu’à tout récemment. Le seriez-vous encore ? Entretenez-vous encore des liens avec ce parti? Son Chef ? Sinon, depuis quand ? Bien entendu, vous avez le droit de changer d’idée ou de parti, personne ne le conteste. Mais vous nous rassureriez si vous étiez plus transparent dans votre démarche.


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2 commentaires

  • Christian Archambault Répondre

    4 juin 2013

    Les discussions qui consistent à définir qui ferait le meilleur chef sont, à mon avis, inutiles car l'indépendance comme tel n'est surtout pas l'affaire des partis. Il faudrait plutôt commencer par le commencement (encore une fois...!), c'est-à-dire fournir au peuple l'éducation nécessaire pour qu'il en vienne à EXIGER l'indépendance et je ne parle pas d'inepties comme "la souveraineté, c'est payant". Ce qui d'ailleurs n'a jamais été fait par le PQ, malgré toutes ses belles années au pouvoir. Tout le reste n'est que rhétorique stérile.

  • Marcel Haché Répondre

    4 juin 2013

    Des questions ? Vous posez des questions Louis Champagne ? J’ai ai d’autres, à même la réponse de Pierre Cloutier au texte de Barberis Gervais. Je vous fournis ici sa réponse :
    « Mettra-t-elle (Pauline Marois) l’indépendance avant la gouvernance, la patrie avant le parti et la sauvegarde du parti avant ses intérêts personnels ? Personnellement, j’en doute, mais si elle le faisait (quitter), je prendrais sûrement un bon verre de vin à sa santé.
    Mais si elle ne fait pas et que le PQ mange sa claque, comme il est raisonnable de le croire, elle aura une lourde responsabilité sur les épaules, soit celle d’avoir permis le retour des fédés au pouvoir.
    Bonne chance quand même. » Pierre Cloutier.
    Peut-on être plus cynique ou aigris, au choix ? Qui sont ceux dans le passé qui ont pris un bon verre de vin à la santé de tous les chefs péquistes qui ont quitté ? Et tous ces chefs qui ont quitté, n’auraient-ils eu de la valeur seulement après qu’ils eurent quitté ? Nous serions ainsi incapables d’avoir de grands hommes et de grandes femmes indépendantistes, seulement des vedettes de passage et des saints pour l’éternité ? Qui sont ceux alors qui ont pris un bon verre de vin, lors de tous ces départs, départs qui ont par ailleurs tant affligé et compromis la Marche, l’Indépendance n’étant jamais en suite de ces rendez-vous manqués, qui sont-ils donc ceux-là qui ont tant bu, si ce ne sont pas d’abord les fédéralistes eux-mêmes, et encore, parmi les plus cyniques d’entre eux ?
    Nous traînons une réputation de losers, le P.Q. celle de manger ses chefs. Quant à moi, il y aurait là dessus un lien à établir. Faut-il être si bonasse pour ne pas distinguer un fédéraliste d’un caribou, mieux,un caribou d'un cannibale de la tribu péquiste ? On jase évidemment.