Quelle sorte de nation québécoise?

La nation québécoise vue par les souverainistes québécois

La section québécoise du Parti libéral du Canada vient de reconnaître «la nation québécoise au sein du Canada» lors de son congrès du 21 octobre dernier, peut-être sous l'inspiration de Michael Ignatieff, le candidat actuellement favori à la direction de ce parti. Si cette résolution est adoptée par le congrès national du PLC en novembre prochain, quelle signification donnera-t-on alors à la nation québécoise?
D'après l'article de [Charles Blattberg->2522] dans Le Devoir du 24 octobre dernier, il semble que ce sera encore le sens que lui donnait Trudeau. Blattberg écrit ceci: «Ce n'est pas le Québec qui est une nation mais les Franco-Québécois», un peu comme Trudeau qui déclarait dans son dernier livre, paru en 1998: «Le Québec n'est pas une nation. C'est une entité multinationale.» (Avec la collaboration de Ron Graham, Trudeau: l'essentiel de sa pensée politique, Le Jour.)
Quoi qu'en pensait Trudeau et qu'en pensent encore ses disciples, la nation québécoise est bel et bien une nation sociopolitique et inclusive, comme l'a décrite Michel Seymour: «La nation québécoise peut donc être considérée comme une communauté politique englobant une majorité nationale de Québécois francophones, une minorité nationale de Québécois anglophones et des individus d'origine nationale italienne, juive, grecque, portugaise, haïtienne, libanaise, latino-américaine, etc., et dont la langue d'usage est autre que le français ou l'anglais.» (Le Pari de la démesure - L'intransigeance canadienne face au Québec, L'Hexagone.)
Démonstration faite
Après le référendum québécois de 1980, Trudeau lui-même a fait, bien involontairement, la démonstration que le Québec est une nation pluraliste et inclusive et non pas une nation ethnique, tout comme le Canada: «Quand je dis qu'on peut à la rigueur parler de nation québécoise à condition de marginaliser un million d'anglophones, il me semble que l'argument veut dire justement qu'on ne peut pas parler de nation québécoise, au sens ethnique ou au sens linguistique et culturel, parce que le Québec, que certains voudraient définir comme une nation, est exactement une nation au sens où le Canada est une nation, où il y a une grande majorité d'anglophones et une minorité de francophones.» (Le Devoir, 17 juillet 1980.)
Oui, le Québec et le Canada sont deux nations pluralistes et inclusives; la principale différence, c'est que la majorité linguistique n'est pas la même dans les deux cas. Même Stéphane Dion, l'ex-ministre fédéral et aspirant à la succession de Trudeau, l'a déjà reconnu: «Comme l'ont fait remarquer des auteurs comme Brendan O'Leary et Bill Kissane, le nationalisme des peuples sans État est facilement qualifié d'ethnique alors que les nationalismes des États libéraux sont généralement considérés comme civiques. La plupart des porte-parole du séparatisme québécois me semblent sincères quand ils affirment promouvoir un nationalisme civique plutôt qu'un nationalisme ethnique. Leur but est de créer un pays libéral assez semblable au Canada finalement. La seule différence notable, c'est que ce pays serait majoritairement francophone plutôt qu'anglophone.» (Cité libre, mars-avril 1995.)
Trudeau voulait enlever leurs illusions aux nationalistes québécois (c'est-à-dire canadiens-français dans son esprit): «On compte que la naissance de notre État-nation libérera mille énergies insoupçonnées et que, par là, les Canadiens français pourront enfin entrer en possession de leur héritage. Bref, on croit à une énergie créatrice qui donnerait du génie à des gens qui n'en ont pas et qui apporterait le courage et l'instruction à une nation indolente et ignorante.» (Cité libre, avril 1962.) Mais ce ne sont pas des illusions; les Québécois ont le génie et l'instruction, ils auront bientôt le courage et l'énergie de se donner un pays.

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François-Xavier Simard21 articles

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Auteur du livre {[Le vrai visage de Pierre Elliott Trudeau->http://qc.novopress.info/2860/le-vrai-visage-de-pierre-elliott-trudeau/]} (Les intouchables, 2006)

Originaire du Saguenay, François-Xavier Simard est docteur en médecine. Il est aussi titulaire d’un diplôme en sciences naturelles de l’Université de Paris et de certificats en anthropologie, en paléontologie et en génétique. Il a enseigné à la Faculté de médecine de l’Université Laval, puis il a travaillé à la Régie de l’assurance maladie et au ministère de la Santé du Québec. Il est aujourd’hui retraité.





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