Québec se plaint d’ingérence dans son lien direct avec la France

L’ambassade de France au Canada s’immisce entre Paris et Québec

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Certains ont la mémoire courte

Le gouvernement du Québec s’est officiellement plaint de l’ingérence de l’ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis, dans les préparatifs de la visite officielle du premier ministre Manuel Valls au Québec, a appris Le Devoir.

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a alerté à au moins deux occasions son homologue français, Jean-Marc Ayrault, des risques d’effritement de la « relation directe et privilégiée » entre la France et le Québec depuis l’arrivée de M. Chapuis à Ottawa.

La ministre québécoise a pris soin d’exprimer ses inquiétudes sur l’organisation de la XIXe rencontre alternée entre les premiers ministres français et québécois, prévue vendredi à Québec, et ce, à l’occasion d’un entretien téléphonique, puis d’un tête-à-tête avec M. Ayrault au printemps dernier. « On a réitéré [que] la relation bilatérale avec la France se fait entre le Consulat général de France à Québec et le ministère des Relations internationales et de la Francophonie, a expliqué M. St-Pierre dans un entretien avec Le Devoir mercredi. Monsieur Chapuis est ambassadeur de France au Canada. Il a un travail important à faire. Il vient d’arriver », a-t-elle ajouté, qualifiant au passage le diplomate français de « personnage attachant ».

L’histoire se répète, se désole l’ex-ministre péquiste des Relations internationales, Louise Beaudoin. En 2003, le premier ministre Jean Charest avait déploré auprès de son homologue Jean-Pierre Raffarin la tentative d’intervention de l’ambassade de France au Canada dans l’élaboration du programme de la rencontre alternée entre les premiers ministres français et québécois. Ni une ni deux, M. Raffarin avait transmis un télégramme diplomatique au Quai d’Orsay rappelant que « le consul général de France à Québec et le délégué général du Québec à Paris sont les animateurs du partenariat » entre la France et le Québec. « On ne change pas une vieille tradition de coopération. Soyons clairs : il ne faut pas hiérarchiser la relation franco-québécoise », avait-il souligné à gros traits.

M. Valls ne pourra pas imiter M. Raffarin puisque Nicolas Chapuis a tué le bon vieux « télégramme diplomatique » alors qu’il dirigeait la direction des Systèmes d’information du ministère français des Affaires étrangères. Il a mis sur pied le « Portail interministériel de la correspondance diplomatique » où les acteurs de la politique étrangère française échangent des « courriels formels aux télégrammes diplomatiques, en passant par les notes diplomatiques ».

Valls, Couillard et Trudeau


Plusieurs ex-diplomates québécois consultés par Le Devoir ont sursauté en prenant connaissance du programme de la visite officielle de M. Valls au Québec. Ils s’expliquent mal la présence du premier ministre fédéral Justin Trudeau à une « réunion de travail » sur l’Accord économique et commercial global (AECG) Canada-Union européenne (UE) entre Philippe Couillard et Manuel Valls jeudi midi à Montréal.

« Lorsque le premier ministre de France vient voir le premier ministre du Québec dans ces rencontres alternées, il fait un passage par Ottawa, mais le premier ministre du Canada n’est jamais intervenu, à ma connaissance, dans la partie québécoise », a indiqué l’administrateur d’État à la retraite Jacques Vallée, y voyant une « première » depuis la visite du premier ministre français Raymond Barre en 1979.

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