Contrairement à Philippe Couillard, Lucien Bouchard salue la décision d’investir des millions de dollars de fonds publics dans la recherche de pétrole sur l’île d’Anticosti, y voyant une occasion rêvée de faire un pas de plus vers l’exploitation. L’ancien premier ministre estime aussi qu’il sera inévitable d’exploiter un jour le gaz de schiste du Québec, au nom des finances publiques.
Ardent défenseur de l’extraction des énergies fossiles, Lucien Bouchard estime que l’investissement de 115 millions de dollars annoncé par le gouvernement Marois avant le déclenchement des élections était une sage décision. « Plusieurs États l’ont fait, avec de grands succès. C’est une bonne façon de procéder quand c’est bien fait et quand les rendements sont suffisamment probables pour autoriser l’investissement », a-t-il fait valoir mercredi, en marge d’une allocution du président-directeur général par intérim de Pétrolia, Myron Tétreault.
« [Dans le cas d’Anticosti], c’est une très bonne transaction pour le gouvernement du Québec, a ajouté M. Bouchard. Comme le dit M. Tétreault, on sait qu’il y a du pétrole. Il s’agit de savoir dans quelle mesure il sera commercialement exploitable. » C’est d’ailleurs le cabinet d’avocats Davies Ward Phillips Vineberg, où travaille l’ancien premier ministre, qui a agi à titre de conseiller juridique de Pétrolia et Corridor Resources dans le cadre des négociations avec le gouvernement. En vertu de cette entente, Ressources Québec — une filiale d’Investissement Québec — doit injecter 70 millions de dollars sur deux ans, notamment pour mener des forages avec fracturation en 2015.
« Les sites de ces développements sont peu significatifs en terme de présence visible, a commenté M. Bouchard au sujet de l’impact des travaux à venir. Il y a aussi la question de l’eau. Les techniques modernes nous garantissent qu’il n’y aura pas de problèmes. »
Investissement essentiel
Selon Lucien Bouchard, le coup de pouce de l’État était absolument nécessaire pour lancer des travaux d’exploration d’une telle envergure. « Il y a des gestes à poser pour ouvrir le chemin au développement de nos ressources naturelles et convaincre les investisseurs que le Québec est un territoire hospitalier », a-t-il souligné.
Il a ainsi cité en exemple la Norvège, où l’État a mis beaucoup d’argent dans le développement pétrolier. « Le gouvernement a investi dans l’exploration, avec un partage des revenus par la suite. C’est une formule qui a beaucoup de bon sens. La Norvège s’est constitué un fonds de 600 milliards d’euros avec ses ressources naturelles », a ajouté celui qui a été pendant deux ans le président de l’Association pétrolière et gazière du Québec.
Mais est-ce que le Québec n’arrive pas un peu tard pour se lancer dans de tels investissements, compte tenu du risque qui y est associé ? « Il faut commencer quelque part, a répliqué M. Bouchard. On commence peut-être un peu tard, mais ça commence à être le temps, parce qu’on sait que nous avons des ressources naturelles extrêmement considérables. Il n’y a pas beaucoup de gens qui comprennent pourquoi nous sommes assis là-dessus et que nous ne voulons pas les développer. »
L’ancien premier ministre a toutefois refusé de commenter les critiques formulées par celui qui vient d’être élu, tout comme il a gardé le silence sur les résultats électoraux de lundi. Lors de l’annonce de l’investissement de 115 millions dans Anticosti par le gouvernement Marois, Philippe Couillard avait accusé la chef péquiste de poser un geste « électoraliste » qui revenait à « jouer à Loto-pétrole avec l’argent des Québécois ».
Le chef libéral a néanmoins promis au cours de la campagne électorale de respecter l’entente signée par Québec avec les pétrolières. « Il y a un contrat de signé et le contrat sera respecté », a aussi affirmé mercredi Lucien Bouchard. Même son de cloche du côté de Myron Tétreault, qui s’est dit convaincu de pouvoir aller de l’avant d’ici quelques semaines.
Oui au gaz de schiste
L’ancien chef péquiste a par ailleurs insisté sur l’absolue nécessité pour le Québec d’exploiter davantage ses ressources naturelles. « Dans le monde entier, les économies qui fonctionnent bien ont toutes développé leurs ressources. Le Québec s’est développé beaucoup grâce à ses ressources naturelles. Il n’y a pas moyen de faire autrement. »
Cela signifie que malgré la controverse qu’il a suscitée dans la vallée du Saint-Laurent, le gaz de schiste québécois devra faire un jour partie du paysage de la province. « Il le faudra. Le Québec ne peut pas végéter dans ses finances publiques, avec les difficultés de maintenir des programmes sociaux généreux dont nous sommes fiers, sans nous assurer que l’État aura les moyens de maintenir ses missions », a plaidé M. Bouchard.
Il estime d’ailleurs que le potentiel gazier est « immense » sur le territoire déjà entièrement tapissé de permis d’exploration contrôlés par des entreprises privées. « Sur la rive sud du Saint-Laurent, entre Québec et Montréal, c’est extraordinaire. Il y a là des richesses fantastiques. Un jour, j’imagine, il sera possible » de les exploiter.
Québec se doit d’exploiter le pétrole
Lucien Bouchard défend les investissements publics consentis pour connaître le potentiel commercial des réserves de l’île d’Anticosti
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