Le timing n'aurait pu être pire pour Jean Charest et pour le Québec. Hier, au moment même où le premier ministre comparaissait devant la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges, le magazine torontois Maclean's y allait d'une charge à fond de train sur la culture politique au Québec en titrant en une : « La province la plus corrompue au Canada ». L'image d'un Bonhomme Carnaval tenant une mallette pleine de fric ajoute au caractère caricatural et provocant du message.
Comme le Quebec Bashing est un sport très populaire dans le Rest of Canada (ROC), la revue Maclean's s'est payé la traite en faisant une lecture vitriolique de l'histoire politique des dernières décennies et de ses principaux acteurs en qualifiant le Québec de « terre de patronage ». C'est réducteur, moralisateur et simpliste. Il va sans dire que l'on va se gausser dans les chaumières du ROC à la lecture de ce règlement de compte décrivant les nombreux scandales politiques des 50 dernières années.
Or, pour Jean Charest, cette coïncidence est désastreuse car elle ne fait qu'alimenter les doutes sur l'intégrité de son administration et la perception négative qui s'en dégage. Au jeu des apparences, il ne peut gagner. Au jeu des apparences, la population a fait son choix. Au jeu des apparences, il est bien difficile d'inverser les tendances.
Pourtant le premier ministre s'en est fort bien tiré lors de son témoignage devant la Commission Bastarache, surtout après le contre-interrogatoire de l'avocat de Marc Bellemare, Me Jean-François Bertrand. On a senti Jean Charest à l'aise, solide, convaincant, en plein contrôle de ses dossiers et de ses émotions. Cela ne signifie pas qu'il sort gagnant auprès de l'opinion publique. Ce tribunal populaire est toujours sévère et ne fait pas dans la nuance. Malgré la solidité du témoignage du premier ministre, les Québécois croient encore davantage Marc Bellemare que Jean Charest.
En effet, le Quebec Bashing ne vient pas que du Rest of Canada. Il y a celui que le Québec s'inflige soi-même de bien d'autres façons par son indécision chronique et sa faculté à transformer le moindre désaccord ou la moindre mésentente en crise d'introspection nationale. Il en va de même de la culture des acquis où tout changement est impensable et les principes, immuables. Le débat sur le CHUM en est un bel exemple. Les dommages collatéraux de cette culture d'immobilisme et de résistance au changement sont bien plus importants que la pire des manchettes.
Jean Charest a bien relevé le défi de son témoignage à la commission Bastarache. Cela ne signifie pas qu'il a fait avancer le Québec.
Quebec Bashing
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