Quatre réflexions sur la course à la chefferie au PQ

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«Défendre l’identité nationale à un moment où elle est fragilisée à la fois par le multiculturalisme canadien et la tentation d’une partie de nos élites d’en finir avec elle»





Quatre petites réflexions sur la course à la chefferie qui commence au PQ.


Première réflexion : plus des adversaires politiques se rapprochent sur le plan des idées, plus ils risquent de s'attaquer sur le plan du style ou de la personnalité. La politique, dès lors, devient moins un affrontement civilisé entre projets différents qu'un conflit ouvert entre des ambitions décomplexées. Évidemment, la personnalité compte en politique qui est l’activité humaine la moins désincarnée qui soit. On vote non seulement pour une idée mais on vote aussi pour une personne. Cela dit, quand la bataille est interne à un parti politique, il faut faire attention à ne pas insulter l’avenir, à ne pas diaboliser ses collègues, à ne pas tirer pour tuer. Les petites attaques mesquines qui servent seulement le PLQ et les commentateurs fédéralistes devraient être proscrites dans la course qui s’ouvre.


Deuxième réflexion: que des péquistes se livrent entre eux une petite guerre pour savoir qui est le plus clair en matière d'agenda référendaire a quelque chose d'un peu triste. N'est-ce pas reprendre à l'intérieur même de la famille souverainiste le procès mené par les fédéralistes contre les indépendantistes depuis toujours? Les souverainistes ont-ils à ce point intériorisé le discours de leurs adversaires qu'ils le reprennent eux-mêmes quand vient le temps de s'affronter dans une course à la direction? Et devrons-nous vraiment assister à une comédie où les candidats à la chefferie feront chacun semblant de pouvoir nous mener à l’indépendance alors qu’ils savent bien que telle ne sera pas leur tâche dans les circonstances historiques qui sont les nôtres?  


Cela me conduit à ma troisième réflexion : je suis un indépendantiste résolu. Je crois que l’indépendance est une nécessité vitale pour le Québec. Mais je ne laisse pas mes convictions abolir le réel. N’importe quel observateur un peu objectif conviendra qu’un référendum gagnant n’est pas envisageable à court terme. Les ressorts de la question nationale sont brisés. Il ne suffira pas seulement d’un meilleur marketing souverainiste ou d’une manifestation de volontarisme pour remettre l’histoire en marche. Dans les circonstances, quelqu’un qui propose un référendum rapide, au nom de je ne sais quelle clarté me semble proposer une politique kamikaze: celle du suicide dans l’honneur. Quelqu’un qui croit prouver la puissance de ses convictions souverainistes en jouant au matamore référendaire témoigne à la fois de sa mauvaise compréhension de ce que pourrait représenter une troisième défaite référendaire – ce serait une véritable catastrophe qui pourrait tuer ce qui reste de sentiment national.


Quatrième réflexion: la tâche du prochain leader souverainiste ne sera pas de courir à un référendum suicide mais de s’assurer de la survie du Parti Québécois et de sa capacité à demeurer le premier parti chez les francophones. Il s’agira de maintenir vivante la question nationale dans une société qui s’en éloigne : cela implique de ne pas se laisser dissoudre complètement dans l’axe gauche-droite. Il s’agira aussi, quoi qu’on en dise, d’assurer la défense de l’identité nationale à un moment où elle est fragilisée à la fois par le multiculturalisme canadien et la tentation d’une partie de nos élites d’en finir avec elle, comme s’ils voulaient se délivrer de ce fardeau lourd à porter. En un mot, le prochain chef péquiste n’a pas pour mission de faire la souveraineté mais de porter le flambeau de l’indépendance et de s'assurer qu'il ne s'éteigne pas. Il doit s'assurer que la cause de la souveraineté ne devienne pas une cause marginale. Évidemment, si des circonstances exceptionnelles venaient transformer la donne, il faudrait agir en conséquence.


Une dernière chose me semble très importante: dans la course qui s'ouvre, les candidats devraient avoir un souci à l'esprit : ne pas plonger le PQ dans une guerre intestine qui pourrait le conduire à l'implosion. Ne pas le plonger dans une guerre fratricide. Tous devraient se donner comme règle de ne pas pousser au bord de l’éclatement un parti déjà fragilisé.




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