Quand les déboires de Martine cachent ceux du PLQ

5efea2df3f63986e58ed3fad23882941

Pendant ce temps, La Presse ne couvre pas « la crise au PLQ »...

Quelqu’un qui est atterri pour la première fois sur la planète politique du Québec au cours des derniers jours se posera certainement la question suivante : qui est Martine Ouellet et qu’a-t-elle donc pu faire pour mériter tant d’attention!


En apparence, Martine Ouellet est à l’épicentre de la pire crise politique de l’heure au Québec. En apparence.


Car il est bon ton de traiter de façon si ample du Bloc québécois quand il se désagrège, quand on s’y tiraille, quand cela sert la cause de ceux qui adorent jeter l’éclairage sur les déboires du mouvement indépendantiste. Gabriel Nadeau-Dubois l’a compris depuis longtemps. S’il tape sur le PQ, ses chances de s’attirer les kodaks sont décuplées.


Le Québec politique en ébullition


Le Québec vit une de ces périodes politiques fascinantes à quelques mois des prochaines élections générales. Et ce qui devrait retenir la plus grande part de l’attention, c’est la déroute d’un parti qui existe depuis toujours, d’un parti de pouvoir, de ce parti que tous croyaient increvable et qui, présentement, vit l’une de ses périodes les plus sombres. Je parle ici du Parti libéral du Québec.


Ce n’est pas rien, on dit que près d’une quinzaine de députés (dont quatre ministres) seraient en réflexion ou ont déjà annoncé qu’ils ne se représenteraient pas lors de la prochaine élection en octobre prochain. Le PLQ est englué dans un creux historique quant à ses appuis au sein de l’électorat francophone et, pour la première fois depuis longtemps, il est menacé sur ses terres électorales fédéralistes, par la CAQ de François Legault.


Le boulet


Surtout, le PLQ doit traîner le legs d’une « réforme » de la santé pour le moins catastrophique et l’héritage politique d’un ministre de la santé qui atteint des sommets d’impopularité, toute inclinaison politique confondue. Si Philippe Couillard se réjouissait de sa « prise » en 2014 quand il a annoncé que Gaétan Barrette représenterait le PLQ, certains peuvent se demander si le jeu en valait la chandelle. Gaétan Barrette aura réussi, en quatre ans, à foutre le bordel dans le système de la santé et à se mettre à peu près tout le monde à dos.


Aujourd’hui, le bouillant ministre est un intouchable au PLQ. Gare à celui qui voudrait le tasser ou lui adresser quelque critique que ce soit. On le sait capable de mordre sans crier gare et ses affinités politiques changeantes en font un électron libre auquel il vaut mieux ne pas s’attaquer.


Toutefois, certains se demandent, avec raison, si la perspective toujours plus grande de se voir confiner à l’opposition ne pourrait pas inciter ce ministre à la réflexion. S’il confirme son souhait de se représenter en octobre, Gaétan Barrette s’engagera-t-il à siéger dans l’opposition pendant un plein mandat? La question se pose. Elle est même essentielle.


2P2M (deux poids, deux mesures)


Ce qui m’étonne toujours quand le PLQ va mal, c’est à quel point la situation ne dégénère jamais dans les médias comme elle le fait quand on traite, par exemple, des déboires de la troisième opposition au fédéral comme si c’était un drame national.


Plusieurs fois des employés ou des députés du Bloc québécois m’ont expliqué toute la difficulté qu’ils avaient à susciter l’intérêt des journalistes envers leurs propositions politiques, envers leurs positions sur certains dossiers cruciaux pour le Québec. On leur répondra que cette couverture modeste est à l’image de l’importance de la représentation parlementaire du Bloc. Un tiers parti qui reçoit la couverture d’un tiers parti en somme.


Sauf quand il se déchire sur la place publique.


Pareil quand il est question des mouvements politiques au Parti québécois. On se souviendra des manchettes assassines d’un quotidien de la rue St-Jacques suite au souhait de trois députés péquistes de ne pas se représenter. Ce quotidien qui avait même titré, faussement, qu’il s’agissait de « démissions » (chaque député s’étant engagé à terminer son mandat) qui ne seraient pas sans affecter le leadership du chef Jean-François Lisée.


Quand on en sera à une douzaine de députés et ministres libéraux qui choisissent eux aussi de « démissionner », peut-être alors assisterons-nous alors à une rare version d’un psycho-drame libéral et à la couverture médiatique comparable à ce qui se passe en ce moment concernant les déchirements de la troisième opposition à Ottawa...