Promesses électorales: voulons-nous vraiment la vérité?

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La démocratie repose sur le mensonge devant un électorat crédule

Jeudi, Richard Martineau se désolait des promesses exagérées que nous allons entendre d’ici aux élections du 1er octobre.


Richard dit vouloir des promesses réalistes qui n’insulteront pas son intelligence. Moi aussi.


Cela dit, comprenons d’abord que les promesses sont, jusqu’à un certain point, inévitables.


Elles sont inévitables parce que le candidat qui proposerait seulement de faire de son mieux se ferait reprocher son absence de programme, son flou et se ferait dire qu’il demande un chèque en blanc.


Elles sont aussi inévitables parce que la plupart des gens veulent que le politicien leur dise très concrètement ce qu’il va faire pour eux, juste pour eux, en échange de leur vote.


Bref, les promesses, que voulez-vous, ça marche, alors...


Cible


Certes, une idée ne décollera pas si elle est trop farfelue.


Je serais étonné que Philippe Couillard (photo) revienne avec son monorail Québec-Montréal à grande vitesse, de conception entièrement québécoise, qui semblait tiré tout droit de Blade Runner 2049.


Mais supposons que vous multipliiez les promesses à la fois modérées et séduisantes.


Celui qui expliquera que leur coût total dépasse vos capacités financières ou n’est pas compatible avec votre promesse de baisser les impôts devra ramer fort pour convaincre un public globalement peu attentif.


De toute façon, la promesse vise habituellement un public précis dont on connaît l’état d’esprit.


Quand Trump a dit vouloir construire un mur à la frontière mexicaine et ramener les emplois perdus par la faute des méchants traités de libre-échange, la plupart des observateurs ont rigolé.


Mais Trump s’adressait très précisément à la classe ouvrière blanche du Midwest qui s’imagine, à tort, que les immigrants illégaux et le libre-échange sont les causes de ses déboires.


Ventre affamé n’a point d’oreilles, dit-on.


Vous, moi et Richard pouvons bien trouver que certaines promesses sont une insulte à la vérité.


Malheureusement, nous vivons à une époque où la vérité a toutes les misères à se faire entendre.


Chacun construit « sa » vérité. Des fake news passent pour des vérités. Les théories conspirationnistes fleurissent comme jamais.


La montée du niveau moyen d’éducation a-t-elle fait baisser la crédulité ? Non.


Mieux encore, quand les promesses sont lancées par des gens qui n’ont jamais gouverné, comme Trump ou la CAQ, elles bénéficient de l’indulgence que l’on accorde aux nouveaux venus au nom du « il-ne-peut-pas-être-pire-que-ceux-qui-sont-là-depuis-toujours ».


Franchise ?


La vérité brutale est que la vérité est rarement payante en politique. Elle n’est appréciée que par les observateurs attentifs et une minorité d’électeurs.


C’est seulement en temps de crise que vous pouvez dire, comme Churchill, que vous n’avez à offrir que « du sang, du travail, de la sueur et des larmes ».


En temps ordinaire, la majorité préfère les belles histoires. Il suffit de savoir les enrober.