Alexandre Taillefer, président de la campagne électorale du PLQ

Progressisme austère ?!?

Fragments de réflexion sur la démocratie sociale

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Tribune libre

Progressisme (n.m.) : Comportement de ceux qui estiment qu'une profonde transformation des structures politiques et sociales permettra une amélioration des conditions de vie et une plus grande justice sociale. (www.larousse.fr)


Les récents propos d'Alexandre « dragon » Taillefer- nommé président de la campagne électorale du Parti libéral du Québec (PLQ) - sur le progressisme et l'équité qui caractériseraient le parti de Phillipe Couillard n'ont pas manqué de m'interpeller et de me pousser à réitérer ma position sur la question. D’abord un bref détour : au mois d'août 2013, je signais un article intitulé "La croissance n'est pas la démocratie" dans lequel je critiquais les propos de Philippe Couillard dans le cadre du congrès de la Commission-jeunesse du PLQ dont il était déjà chef. Je m'attardais principalement aux idées alors défendues selon lesquelles le développement économique et la prospérité favoriseraient la solidarité et la justice sociale. Mon propos était axé sur le fait que de telles déclarations occultaient les processus de reproduction des inégalités si la dite croissance n'est pas catalysée et orientée pour profiter au plus grand nombre. L'obsession de l'équilibre budgétaire et la valorisation à peine voilée de la sphère privée, bref le mépris austère de la population québécoise et la haine du social dont le PLQ fait preuve jusqu'à ce jour sont, à mon sens, révélateurs du non-sens de tels propos.


Pour Taillefer donc, le PLQ est le parti historique du progressisme?! N'en déplaise à monsieur Taillefer, nous sommes pour le moins à des années lumières au parti libéral de l'équipe du tonnerre de Jean Lesage qui a été, il est vrai, un vecteur central de la mouvance sociale et institutionnelle de la Révolution tranquille dans les années 1960. Or, le dernier demi-siècle a été celui de la liquidation de tels acquis sociaux qui étaient le fruit d'ardentes luttes sociales et syndicales depuis le début du 20e siècle. Au nom de l'efficacité, de la performance, de la rentabilité et implicitement du profit, c'est la famille idéologique de monsieur Taillefer qui s'est attelée à la critique d'un État jugé «tentaculaire» qui prendra la forme des processus de privatisation et de libéralisation sans précédent d'institutions qui relevaient précédemment de la sphère publique.


Qu'il s'agisse de Couillard, Taillefer ou autres Coiteux, je considère totalement absurde d'associer le progressisme à un parti dont la mentalité gestionnaire ne l'a pas empêché de s'attaquer aux programmes sociaux et aux idéaux socio-démocrates qui font, selon moi, la fierté du Québec. Au sujet de Taillefer en particulier, il m'apparaît, en effet, tout à fait contradictoire, d'une part, de prôner le progressisme, et d'autre part, de s'associer à un parti dont le travail est principalement tourné vers la reproduction conservatrice du système capitaliste néolibéral pour lequel les idéaux de solidarité et de bien commun pèsent beaucoup moins dans la balance que la croissance économique et les libertés individuelles.


Une phrase éloquente de Fernand Dumont dans Raisons communes me vient en tête : « (...) la quête de soi n'est pas dissociable de la quête commune. » (Boréal, 1995, p.29) De toute évidence les apôtres du PLQ ne carburent pas à la pensée Dumontienne.



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