Les choses rentraient tout doucement dans l’ordre et la routine. Les plaies ouvertes par la pitoyable guignolade de novembre dernier étaient en voie de cicatrisation. Les deux irréconciliables adversaires d’alors avaient fini par trouver un terrain de mésentente cordiale puisque, ne visant plus le même objectif, ils n’étaient plus directement en concurrence. S’ils n’en pensaient pas moins, ils n’en disaient pas plus. Tout à ses ambitions présidentielles, François Fillon avait intérêt à prendre de la hauteur. Discrédité dans l’opinion et contraint de remettre à plus tard son destin national, Jean-François Copé se contentait d’asseoir son emprise sur l’appareil du parti.
Comptant que les fautes de la majorité en place suffiraient à faire tomber dans sa besace électorale des alouettes toutes rôties et des pigeons tout cuits, l’UMP avait repris son petit bonhomme de chemin de traverse et ne se préoccupait plus que de la préparation des prochaines élections municipales. Dans cette perspective, la tenue, pour la première fois dans son histoire, de primaires ouvertes à Paris était une étape essentielle sur la voie de la reconquête de la capitale et l’occasion de ravaler la façade décrépie de l’immeuble de la rue de Vaugirard.
Ces primaires devaient d’abord se traduire par le triomphe annoncé de Nathalie Kosciusko-Morizet. Le retrait d’une Rachida Dati au sourire grinçant laissait sans concurrent sérieux l’ancienne ministre de l’Écologie et porte-parole de Nicolas Sarkozy, seule à même d’inquiéter l’équipe socialiste sortante. Cerise sur le gâteau, le mouvement qui se dit l’héritier du gaullisme et n’est que le bâtard du chiraquisme prétendait apporter la preuve qu’il était capable d’organiser des élections transparentes, honnêtes et enfin indiscutables.
C’était compter sans la pugnacité de challengers un peu vite déclarés battus. C’était compter sans la propension des apparatchiks de l’UMP aux querelles byzantines, aux combats à la Clochemerle et aux coups tordus. C’était compter sans les manœuvres ourdies et l’offensive menée par les tenants de la Droite forte qui reprochent à la Dame de Boboté son tropisme gauchoïde et son attitude équivoque dans le grand débat suscité par la loi Taubira. C’était compter sans la possibilité qu’offre aux adversaires les plus décidés du mariage pour tous, vu le nombre dérisoire d’électeurs inscrits pour ce scrutin (moins de vingt mille, quand l’UMP parisienne revendique trente mille militants) de faire mentir les pronostics et de peser sur le résultat au point d’adresser un sérieux avertissement, voire d’infliger une claque à la candidate officielle.
Sans attendre la clôture des opérations électorales, mauvais joueurs avant même d’être mauvais perdants, les adversaires de « NKM » ne se sont pas contentés de s’en prendre à la grande favorite des sondages, de s’attaquer et de se diffamer les uns les autres. C’est la régularité même des primaires qu’ils mettent en cause, arguments, voire preuves à l’appui. Le spectre mal exorcisé d’une contestation semblable à celle de l’automne passé ressurgit alors même que la consultation se poursuit vaille que vaille.
Ces primaires devaient pourtant être exemplaires. Mais elles le sont, au fond, d’une certaine manière. Elles le sont d’un parti qui, depuis le jour de sa fondation, comme l’avouèrent à l’occasion un Alexandre Sanguinetti ou un Charles Pasqua, dignes mentors de Jacques Chirac, a dans ses gènes la magouille, la triche et la fraude. La droite républicaine a comme un problème avec la démocratie.
Primaires : l’UMP a dans ses gènes la magouille et la triche.
L'UMP en France (le parti de Sarkozy), c'est l'équivalent du PLQ ici
Dominique Jamet36 articles
Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.
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