Près du coup d’État

Chronique de Sylvain Deschênes


Je me sens près du coup d’État

Je me dicte les actes

Je me trempe et m’attaque

Karkwa, Le coup d’état


À lire les [pronostics de Christian Gagnon->4835], on se met à mesurer les conséquences de ce qui est en germe dans la situation présente. Quand on évoque la possibilité d’une égalité des sièges — exacte ou approximative, vu les probabilités de changements d’allégeance en de telles situations — on réalise que la lieutenant-gouverneur actuelle, précieuse ridicule et dépensière ayant succédé à l’ex-sympathisant nazi Roux, pourrait avoir à trancher la question.

Le pouvoir monarchique s’exprimera alors dans toute sa consternante vacuité, celle qui permet les coups d’État répétés de l’oligarchie en place.

À Ottawa, Harper joue de l’ordre colonial comme les hommes d’affaires coloniaux ont toujours su y faire. Il s’empare des principaux organes de l’État, ou les neutralise, de sorte que le parlementarisme s’écroule devant ses manières arbitraires et résolues.

Il y en a pour admirer ce comportement.

Mais la peste brune qui se montre dans cette campagne électorale risque bien de forcer un réalignement des forces en faveur de la volonté nationale. L’apparente confusion du discours politique pourrait bien se transformer rapidement au cours des prochaines semaines si la tendance aux discours de fou se maintient chez les fédéralistes.

Il n’y a rien de tel que la sincérité du combattant pour attirer vers lui des alliés. En attaquant stupidement le « club de tapettes du PQ », on permet à Boisclair d’exprimer de réelles convictions. En le touchant exactement là où on le croit vulnérable, il montre pourquoi c’est exactement comme cela qu’il se joue de ses adversaires.

La réaction de Boisclair à ces attaques est exemplaire; « ce n’est pas moi que vous trouverez sur votre chemin, mais des millions de Québécois ». Boisclair, révolutionnaire, c’est quand même touchant. Au point que l’archétype même de l’antipéquisme, Andrée Ferretti, en vient même à exprimer un doute : [« Mais quand je sens mon cœur se fendre devant la dégringolade du Parti québécois, je ne suis plus aussi certaine de moi. Et vous ? »->4831]

Nous retrouvons là exactement la manière par laquelle Boisclair s’est hissé à la tête du PQ. Sans se défendre lui-même en laissant ses partisans protéger son petit roi. Et si le Québec pouvait se permettre un roi faible dont le pouvoir repose sur l’appui de princes préoccupés du sort de la nation?

Si nous n’avions le choix qu’entre lui et le coup d’État?

Sylvain Deschênes


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2007

    Bonjour,
    J'ai la certitude que Boisclair donne un vent nouveau et que le parti était stagnant. La seule chance pour nous dans les circonstances.
    La partie n'est pas terminée mais malheureusement certains souverainites ont travaillés depuis la course à détruire le parti pour des raisons d,opinion autres que la souverainteté.
    La souverainteté est le seul lien qui nous unis il faut se le dire. Avis aux religieux, aux moralisateurs,aux droitiers comme aux gauchers.
    Le deuxième points qui nous unis est la sociale démocratie et bien là nous avons des crouttes à manger parce que la démocratie avait parler. M. Landry est bien mal placé maintenant et Madame Marrois aussi parce que cette lutte à miner le peu de popularité restant.
    Actuellement les fédéralistes sont très agressifs de même que les médias envers André Boisclair mais le jour J n'est pas encore arrivé. J'ai confiance au chef et je l'exprime dans les tribunes téléphonique et c,est la seule guerre qu'il fait combattre actuellement et nous vaincrons.
    Je retiens qu'un fruit trop mûr c'est comme un fruit pas assez mûr donc enlevons aux autres le pouvoir que nous donnons en restant silencieux et en acceptant le mot vieux parti comme j'entends tous les jours. Quand une chaise est vide nul ne peut
    être en collère contre l'autre assis dessus c,est à nous de l'occuper. Les tribunes il y en a en masse!

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2007

    Guy Rocher vise dans le mil.
    Si Charest s'est empressé de mettre de côté le débat sur les accommodements raisonnables, c'est que celui-ci est capital.
    En tant qu'indépendantistes nous n'avons pas à s'étonner de ce geste de Charest. C'est son job de fédéraliste.
    Parcontre, cette idée lui a été fournie sur un plateau d'argent par Louis Bernard et applaudit par André Boisclair. Je n'ai aucun doute que ce sont aussi eux qui ont même proposés Gérard Bouchard à la tête de cette commission.
    Une telle occasion était à portée de la main. Nous l'avons rêvée depuis longtemps. Nous savions qu'elle se présenterait un jour et avons mis les dernières années à préparer le terrain par l'éducation des Québécois sur la bête qui s'appelle le multiculturalisme.
    D'un seul coup, le PQ a mis tout ce travail aux poubelles.
    Et on a vu, horrifiés, Mario Dumont le rammasser et le mettre à son service.
    C'est l'ADQ qui en profite maintenant. C'est lui qui détient maintenant l'identitaire national québécois. Le peuple. Pas pour rien qu'on le dit "populiste". Populisme: Dépeindre de façon réaliste la vie des gens du peuple. Difficile d'y apposer un péjoratisme aux yeux de nationalistes.
    Le PQ a troqué l'identitaire du peuple contre celui de groupes identitaires. Non pas contre le multiculturalisme fédéral mais en parfait accord avec lui. Au point d'être devenu anti-populiste. Contre le peuple "réel",
    c'est un "nouveau" peuple pluriel qu'il défend. Un peuple pluriel dont l'unité n'est possible que par le parti et non par lui-même. Un peuple dépendant et non indépendant. Un petit Canada fédéral, quoi.
    Bien loin de mettre l'homosexualité de Boisclair comme un facteur inconséquent politiquement, le PQ l'a mis en avant-plan. Ce n'est certainement pas après dix jours que des Libéraux ou Dumontistes se seraient décidés à exploiter les propos de cet animateur radio du fond du Saguenay. Ce serait un bien faux pas de faire ainsi de Boisclair une victime.
    La stratégie du PQ est consistante et constante. Elle est totalement multiculturelle et anti-populiste. À la défense du hijab, du kirpan, des gais, et toutes les autres minorités qui exploitent la victimisation. Contre le crucifix (populiste). Au Québec, le peuple, le vrai, n'est pas une minorité. Il sert donc de victimiseur au service de l'idéologie péquiste. C'est là où en est le PQ.
    Pour moi c'est clair comme un ciel bleu de juillet.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2007

    "Alors expliquez-moi pourquoi l’ensemble des acteurs fédéralistes ci-haut mentionnés se solidarisent toujours dans les moments propices (ex. le budget du fédéral le 19 mars rempli de cadeaux pour Charest et Dumont) tandis que nous, on braille continuellement sur Boisclair et le PQ ?"(Sylvain Boucher)
    Parce que le PQ et BQ sont aussi contre nous.
    C'est ce qui nous tue. Mais on refuse de se l'admettre, de le dire tout haut, de peur d'avoir des sentiments de traitrise.
    Ces deux instances étants fermés à double tours, les militants se retournent donc contre eux-mêmes, seul endroit où défouler leur frustration. On cherche le traître chez le peuple.
    Il n'est pas dans le peuple.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2007

    Madame Ferretti,
    Je n'avais aucunement l'intention de vous insulter mais de vous prendre à témoin de l'inquiétude qui gagne les indépendantistes.
    Vous l'avez exprimé, comme plusieurs indépendantistes de mon entourage, et je la partage.
    Vous avez bien dit que vous ne vouliez pas "voter pour un Parti qui fera, pendant quatre nouvelles années, perdre le temps que les Québécois et Québécoises pourraient passer à se mobiliser pour accéder à la liberté et à la responsabilité, à l’Indépendance".
    Mais que vous n'étiez plus certaine de vous.
    Je n'ai rien dit de plus ou de moins que ce que vous avez dit.
    Sylvain Deschênes

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2007

    Merci!
    Merci pour 2 choses :
    - la possibilité de répondre dans la plus grande simplicité à vos commentaires (pas de tataouinage de "je veux ton e-mail à tout prix");
    - d'exprimer vos convictions franchement, sans langue de bois!
    Si le Québec, aussi démocratique soit-il, a besoin d'une chose,c'est de plus de démocratie encore. Il a besoin que le discours ne soit plus monopolisé par des bonzes de tout acabit et que "les choses se discutent pour ce qu'elles sont", enfin.
    Que je diverge d'opinion avec vous, ...ce n'est pas bien grave! Parce que justement, vous me la laissez exprimer. J'en veux plein d'autres comme vous au Québec et la réaction du DGE sur le "Rap des Liberaux" (YouTube) me fait bien plus peur que Mario Dumont, Jean Charest, Stephen Harper ou André Boisclair.
    Maintenant, pour ce qui est des "attaques homophobes" contre Boisclair, ...il faudra admettre qu'on renage dans la démagogie. On peut traiter n'importe quel politicien d'imbécile, de menteur, de pourri ou de lavette, ...je ne vois pas pourquoi le mot tapette serait interdit. En ce qui me concerne, être hétéro ne dispense personne d'être une tapette et vice versa.
    L'essentiel, je pense, c'est qu'on tourne, dangereusement aux yeux de certains, autour d'un thème quasi-tabou : quelles sont nos valeurs comme "nation"?
    On a contourné ce problème en usant d'une foule de raccourcis, dont le fameux débat bidon des "accomodements raisonnables". Je soulignerais seulement que le mot "religion" ne peut pas être entièrement dissocié des mots "idéologie", "vision du mondes" (cosmologie", consensus social ...et "valeurs". Qu'on fréquente un bâtisse ou l'autre, nos valeurs sont ce en quoi on croit...! Et une bonne partie de ces "croyances" nous sont communes, qu'on se déclare athée, agnostique, libéral, marxiste, fan des Habs, sociétaire de Desjardins ou catholique. Pas toutes mais une bonne partie. Et quand elles sont menacèes ou mêmes dérangées, une vague de fond se fait sentir, malgré la difficulté qui reste à définir "pourquoi" on a réagi.
    Même dans la question de l'homosexualité, trop de raccourci ont été utilisés pour "plugger" certains gestes qui en bout de ligne ne semblent rien règler... Mais c'est loin d'être le seul sujet qui fait entrer le fameux "train de valeurs collectives".
    Or, si les "accomodements raisonnables" sont loin d'être la question qui semble la plus importantes pour les québécois durant ces élections (selon un sondage récent), il demeure que la formulation peu nous induire en erreur...
    Et quand vous sentez la "menace d'un coup d'État", ...c'est en fait que vous avez "mal à vos valeurs"...
    Je termine en disant que je ne vois aucun parti actuellement qui donne le ton juste sur les aspirations réelles des québécois en ce moment, aspirations qui ne sont pas claires non plus sur certains sujets, reconnaissons-le.
    Quand je pense que l'Assemblée Nationale, et le Conseil du Trésor gèreront 60 MM$ de dollards en 2007 avec un espoir défendable d'équilibre budgétaire, j'ai ben de la misère à croire que notre problème est de "manquer d'argent". Il est vrai qu'on est écoeuré d'attendre dans les urgences mais garocher des budgets aux objectifs flous sur le problème ne va rien changer dans une industrie ou les dollards coulent à flot. Les travailleurs de la santé s'y épuisent et y épuisent leurs notables compétences. ...la structure (au risque de citer Dumont) est définitivement suspecte. Elle serait la seule explication plausible à mon avis.
    Je pense que dans l'ordre les problèmes les plus cruciaux pour nous sont :
    - la mondialisation de l'économie et son effet (destructeur trop souvent ...) sur des pans entier de notre production et des emplois rattachés;
    - la formulation d'une politique efficace pour marchander nos (astronomiques) ressources naturelles au profit de chacun d'entre nous (Eau douce, énergie, mines et fôrets, compétences, ...);
    - un examen "dédramatisé" de notre situation réelle face à ces ressources ( nous avons une position stratégique extraordinaire et bien qu'il faille protéger nos ressources et viser obligatoirement le dévelloppement durable, nous sommes en excellente position d'y arriver comparativement au reste du monde);
    - le respect du mode de vie choisi par les citoyens, des familles et des individus en matière sociale (...il faut cesser d'agir comme si les "garderies" étaient "obligatoires", comme si l'éducation ne pouvait laisser aucune place à la diversité et éviter de garocher des credo à travers les institutions de l'État tout en laissant au droit d'expression et d'association son plein exercice).
    Je relis actuellement un vieux bouquin : "Le Québec en Mutation" par le sociologue Guy Rocher, 1973. Je pense que ce livre devrait être au chevet de bien des intellos durant cette campagne... Rien n'est parfait, mais ce livre touche la cible la plupart du temps. Ce qui est phénoménal, c'est qu'il le fasse après 34 ans, comme si le même débat avait été "botché" durant tout ce temps et qu'il devra se faire tôt ou tard!
    Une de ses pensées : "L'autonomie politique du Québec ne protégera en rien sa culture si elle ne s'accompagne pas d'une vision claire de celle-ci et surtout d'une autonomie économique réelle. Or, le Québec et le reste du Canada ont le même problème a ce chapitre et c'est de lutter contre l'américanisation de leur société. Ils ne peuvent trouver les mêmes solutions, mais ils perdent leur temps à s'affronter...".
    Note : (...je ne veux pas être ironique ici) le parti Nazi était un parti "National Socialiste", basé sur défense et la promotion de la "nation" et de l'identité allemande (où qu'elle se trouve en Europe), ...alors bafouée. Son instrument majeur d'action était la propagande sociale, diffusée de façon rigoureusement organisée (...ils servent encore de modèle) par toutes les institutions de l'État et tous les "émetteurs culturels" possibles. Leur objectif était de transformer la société allemande selon une philosophie élitiste, matérialiste où l'idéologie du parti devait devenir (progressivement) sa seule et suffisante ...religion.
    Je recommande Karl D. Bracher, "Hitler et la dictature allemande" sur le sujet...
    Salutations sympathiques
    André-Philippe

  • Sylvain Boucher Répondre

    2 mars 2007

    Je suis écoeuré de voir les nationalistes s'autodétruire. Mettons en perspective les éléments contraires que voici:
    a)le PLC, le PCC, le NPD, le PLQ, l'ADQ, le parti vert sont contre nous;
    b) tous les ministères canadiens (Patrimoine Canada, Forces armées, Approvisionnement Canada, Industrie et Commerce Canada, Ambassades à travers le monde etc...) dans leur façon de diffuser de l'informations, sont contre nous;
    c) tous les organismes pan-canadien (Comité Olympique Canada, Héritage Canada, Les Musées Canadiens, Téléfilm Canada, Touristes Canada etc...) sont contre nous;
    d) l'establishment canadian (Bell, Petro-canada, tous les grandes entreprises canadiennes, les Banques etc...) est contre nous;
    e) tous les médias (ou presque) franco. + anglo dans le Canada entier sont contre nous;
    f) la majorité des maires sont contre nous;
    g) la majorité des PDG sont contre nous;
    h) Toronto est contre nous;
    i) l'ouest de Montréal est contre nous;
    j) à quelques votes près, les grecs, les juifs et les italiens (voir leur déclaration de 1995) sont contre nous;
    ...et ainsi de suite... Ce qui est contre nous EST GIGANTESQUE en terme d'argent et de marketing.C'est tellement évident en 2007 que même la Fleur de Lys disparaît dans plusieurs activités culturels, artistiques et sportives strictement québecois. De plus, en 95, le fédéral nous a volé le référendum (voir les livres sur le référendum volé et Option Canada). Enfin, ajoutons Québec Solidaire qui ne nous aidera pas.
    Alors expliquez-moi pourquoi l'ensemble des acteurs fédéralistes ci-haut mentionnés se solidarisent toujours dans les moments propices (ex. le budget du fédéral le 19 mars rempli de cadeaux pour Charest et Dumont) tandis que nous, on braille continuellement sur Boisclair et le PQ ?

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2007

    Je viens ici, Sylvain Deschênes, répliquer à votre propos du jour, dans lequel, si j’ai bien compris, vous laissez entendre que je me serais ralliée à André Boisclair.
    C’est absurde.
    J’ai simplement exprimé mon déchirement, en ce moment critique de notre lutte pour l’indépendance du Québec. Je ne peux m’empêcher de penser aux conséquences considérables d’une sévère défaite du Parti québécois :
    - soient les meilleures, c’est mon espoir, celles aussi que mon analyse me permet d’avoir ;
    - soient les pires, ce que notre histoire ne me permet pas de négliger.
    Après plus de 40 ans de militantisme, maintenant âgée de 72 ans, me tourmente l’idée que je pourrais mourir sans avoir vécu, ne serait-ce qu’un jour, dans un pays qui serait le mien.
    Peut-être, en effet, cette affreuse perspective trouble-t-elle mon jugement. C’est ce qui m’a amenée à poser ma question aux lecteurs de Vigile, généralement plus indépendantistes que péquistes.
    J’aurais aimé que vous y répondiez sans m’insulter
    En toute solidarité,
    Andrée Ferretti.