Pourquoi l’option autonomiste a-t-elle échoué?

Les partisans d’un gros gouvernement sont au pouvoir depuis 50 ans. Ils nous ont conduits dans un cul-de-sac économique et constitutionnel.

Allons-y donc pour la re-subordination provincialiste!


La vision autonomiste d’un Québec plus autonome dans un Canada uni n’a jamais réussi à s’imposer, même si elle est appuyée par une forte majorité de Québécois.
Nous avons pourtant une Constitution qui laisse beaucoup d’autonomie aux provinces. Si l’on respectait la division des pouvoirs définie dans notre Constitution, le Canada serait beaucoup moins centralisé qu’il ne l’est aujourd’hui. Et on pourrait régler la majeure partie des conflits entre les deux paliers de gouvernement.
J’ai suggéré, dans un discours récent à Toronto, qu’Ottawa mette fin à son pseudo-pouvoir de dépenser, se retire complètement des champs de compétence provinciale et transfère des points d’impôt aux provinces. Pour atteindre cet objectif, Il n’est pas nécessaire de changer la Constitution. Ce qu’il faut, c’est simplement la respecter. C’est une position très forte sur le plan moral.
Une Constitution n’est pas un arrangement flexible qui évolue d’une décennie à une autre selon les circonstances politiques du moment. Lorsque nous tolérons des violations à la Constitution, ce sont les fondements mêmes de notre système politique qui sont attaqués. Demander à nos partenaires à Ottawa et dans les autres provinces qu’on cesse de violer notre Constitution, ça devrait être la position la plus facile à défendre.
En fait, cette position autonomiste a toujours été très mal défendue. La raison est que, depuis 50 ans, les gouvernements québécois successifs l’ont affaiblie en demandant toujours davantage.
Parmi les revendications du Québec, il y a celles qui exigent des privilèges particuliers. Essentiellement, nous disons au reste du pays: il n’y a que nous qui sommes spéciaux et nous devrions avoir plus de pouvoirs et d’influence que vous tous.
On a exigé de nos partenaires canadiens, entre autres, qu’ils reconnaissent le Québec comme société distincte et que cette distinction serve à interpréter la Constitution; que le Québec puisse avoir plus de sièges au Parlement que son poids démographique le justifie; que seul le Québec ait un droit de veto sur les changements constitutionnels. Et on leur demandait tout ça avec le couteau sur la gorge: dites oui, sinon on se sépare. Mettez-vous à leur place: est-ce qu’ils n’ont pas eu un peu raison d’être réticents?
L’autre raison de l’échec de l’option autonomiste vient du mariage entre le nationalisme et une vision étatiste de la société. Ces revendications servaient d’abord à nourrir notre gros État québécois, à lui donner encore plus de «leviers» pour intervenir davantage dans notre vie de tous les jours et brimer notre liberté.
Tous les partis politiques ont participé à cette surenchère, y compris l’Action démocratique du Québec, en exigeant toute une série de nouveaux pouvoirs, en plus de ceux que la Constitution nous accorde. Ce serait comme essayer de rajouter un étage à un édifice alors que ses fondations sont instables.
De plus, les revendications constitutionnelles du Québec s’accompagnent toujours de demandes pour avoir plus d’argent, plus de transferts, plus de péréquation, encore une fois pour nourrir notre gros État. Les Québécois disent vouloir être plus autonomes et même indépendants, alors que tout ce que nous avons réussi à faire jusqu’à maintenant, c’est devenir de plus en plus dépendants financièrement du reste du Canada.
L’autorité morale que pourraient avoir des demandes fondées sur le respect de la Constitution a toujours été diluée par une série de revendications irréalistes pour grossir les pouvoirs et les finances de l’État québécois. Comment se surprendre si ça fait 50 ans qu’on tourne en rond?
Après deux référendums perdus, le Québec n’a plus aucun pouvoir de négociation. Une majorité de Québécois ne veulent pas de la séparation. Et personne dans le reste du pays, ni ici d’ailleurs, ne veut, pour le moment, rouvrir la Constitution. Si nous voulons avancer vers l’objectif d’un Québec plus autonome et plus prospère, il faut donc changer complètement d’approche.
Tout d’abord, le Québec doit abandonner ses revendications irréalistes. Si l’on essaie d’obtenir non seulement le respect de la Constitution, mais aussi des pouvoirs additionnels, un statut spécial, un droit de veto, plus d’argent du fédéral, plus de péréquation, on n’obtiendra rien, comme l’histoire nous l’a prouvé. Concentrons-nous sur l’essentiel, c’est-à-dire le respect de l’entente de 1867, et nous aurons de bien meilleures chances de réussir. On verra ensuite si d’autres changements sont nécessaires.
De toute façon, la société québécoise n’a pas besoin de nouveaux pouvoirs ni d’une reconnaissance spéciale pour se développer. Est-ce que c’est le manque de pouvoir de nos politiciens à Québec qui a fait de nous l’une des sociétés les plus endettées au monde? Est-ce que c’est une clause constitutionnelle qui va garantir l’épanouissement de notre culture et la survie du français?
Le dynamisme d’une société se mesure non pas par la quantité de lois et règlements, de sociétés d’État et de programmes, que crée son gouvernement; mais plutôt par l’esprit d’entreprise de ses membres, par leur créativité et leur capacité de se prendre en main.
[Il y a beaucoup de Canadiens dans le reste du pays qui partagent cette vision d’une société moins étatisée, d’un fédéralisme moins centralisé. Il faut s’allier à eux->31883].
Les partisans d’un gros gouvernement sont au pouvoir depuis 50 ans. Ils nous ont conduits dans un cul-de-sac économique et constitutionnel.
Il est plus que temps que les partisans de la liberté se mobilisent et proposent une nouvelle vision réaliste pour faire avancer le Québec. Nous avons besoin d’un État moins lourd, moins interventionniste et moins centralisé à Ottawa; mais aussi d’un État moins lourd, moins interventionniste et moins contrôlant à Québec.
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Cet article est une version écourtée d’un discours prononcé samedi dernier lors du rassemblement du Réseau Liberté-Québec à Québec.


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