Ma position sur la Loi 101

Maxime Bernier - la loi 101 est inutile


Vendredi dernier, j’ai donné une entrevue à l’animateur Jordi Morgan à la station de radio News 95,7 à Halifax. Dans le cadre d’une discussion sur les ingérences fédérales dans les champs de compétence provinciale, M. Morgan m’a demandé si les gouvernements n’avaient pas un rôle à jouer en faisant la promotion d’une identité nationale au moyen de lois telles que la Loi canadienne de la santé.

J’ai répondu que les gens savent qui ils sont et que ce n’est pas le rôle du gouvernement de créer et de protéger une identité nationale. J’ai donné l’exemple du Québec et j’ai dit que nous n’avions pas besoin de la Loi 101 pour protéger le français.
Je ne m’attendais pas à susciter une telle tempête en réitérant ma croyance qu’on devrait laisser les gens agir comme des individus libres et responsables, y compris lorsqu’il est question de protéger leur langue, au lieu de s’en remettre à la coercition étatique pour le faire à leur place.
Mes propos ont depuis fait l’objet de dénonciations par plusieurs personnalités publiques au Québec et ont suscité une vague de commentaires hargneux sur Internet.
Certains disent que je ne suis pas un « vrai Québécois » et m’accusent « d’attaquer le Québec » parce que je veux être populaire dans le reste du pays. Ils semblent incapables de concevoir qu’on puisse avoir une position différente de la leur sur la base de principes fondamentaux.
Ma position est celle-ci : oui, il est important que le Québec demeure une société majoritairement francophone. Et idéalement, tout le monde au Québec devrait être capable de s’exprimer en français. Mais nous ne devrions pas chercher à atteindre cet objectif en restreignant les droits et la liberté de choix des individus.
Le français va survivre si les Québécois chérissent leur langue et veulent la préserver ; il va rester vigoureux si le Québec devient une société plus libre, dynamique et prospère ; il va s’épanouir si nous en faisons une langue attrayante que les nouveaux venus voudront apprendre et utiliser. Non en l’imposant et en empêchant les gens de prendre leurs propres décisions sur les questions qui concernent leur vie personnelle.
À chaque fois que le sujet de la Loi 101 est soulevé, on entend dire qu’il existe « un consensus » au Québec sur cette question : à part quelques militants extrémistes pour les droits des anglophones et quelques traîtres à la nation, on déclare que tout le monde est d’accord avec la Loi 101. C’est une question réglée qu’on n’a plus le droit de rouvrir. C’est plus facile ainsi d’isoler et de dénigrer quiconque émet une critique.
Mais ce consensus n’existe tout simplement pas. À titre d’exemple, une enquête effectuée l’an dernier par la respectée maison de sondage Léger Marketing a montré que 66% des Québécois, y compris une majorité claire de 61% des francophones, étaient d’accord avec le principe selon lequel tout le monde au Québec devrait être libre de choisir sa langue d’enseignement.
Pourquoi les parents francophones ne pourraient-ils pas envoyer leurs enfants faire une partie de leurs études dans des écoles anglaises ou bilingues, de façon à ce qu’ils maîtrisent parfaitement les deux langues ? L’anglais est la langue de 350 millions de gens autour de nous. C’est également la plus importante langue internationale partout dans le monde. La maîtriser est un atout incontournable.
Qui plus est, une importante population anglophone vit au Québec depuis 250 ans. À moins de croire que le Québec d’aujourd’hui est une simple extension de la Nouvelle-France, et que seuls les descendants des colons français sont de vrais Québécois, il faut reconnaître que l’anglais aussi fait partie de l’identité québécoise.
Dans une société libre et démocratique, on devrait pouvoir dire ces choses et en débattre calmement sans se faire crucifier sur la place publique. Je suis déçu de constater que plusieurs contestent même mon droit d’exprimer une opinion personnelle en public sur ce sujet.
Il est par ailleurs troublant qu’il n’y ait personne sur la scène politique québécoise pour représenter cette majorité silencieuse qui voudrait moins de lois contraignantes et plus d’incitations positives pour promouvoir l’utilisation du français tout en s’ouvrant à l’anglais. Que peut-on en conclure, sinon que c’est une indication claire que notre vie politique a quelque chose de dysfonctionnel ?
Cela étant dit, la Loi 101 est une question de compétence provinciale et ma position n’implique aucunement mon parti ou mon gouvernement. Je parle ici en tant que Québécois. Je vais continuer de le faire parce que j’aime le Québec et que je souhaite qu’il devienne l’endroit le plus libre et le plus prospère en Amérique du Nord.


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