Cher M. Frappier,
Sans jamais avoir contribué à votre site, j'en suis un lecteur assidu.
Comme l'écrit si bien M. Le Hir, Vigile constitue un lieu unique pour
toute personne désireuse d'éviter les médias dominants.
Russologue de formation, je me trouve actuelle en Russie où je vis 6 mois
par année. Comme vous le savez, des élections législatives ont eu lieu
ici dimanche dernier et la couverture de cet événement, ainsi que des
manifestations qui ont suivi, offerte par les médias occidentaux a comme
d'habitude été lamentable, parce que partielle et surtout partiale. J'ai
donc écrit un courriel à nombres de mes étudiants (je suis professeur,
conférencier et traducteur) pour leur offrir un autre point de vue. J'ai
pensé, très brièvement, offrir ce texte au Devoir, mais la couverture par
ce journal ayant été aussi lamentable que celle des autres quotidiens, je
me suis abstenu. C'est pourquoi je vous le fais parvenir, libre à vous de
le publier sur votre magnifique site.
En vous remerciant de l'attention que vous porterez à ce message, je vous
souhaite, et nous souhaite à tous, que vous poursuiviez votre excellent
travail.
Benoit Gascon
_ Russologue
***
Tver, le 5 décembre 2011
Bonjour à tous,
Vous recevez ce courriel, soit parce que vous avez déjà suivi des cours en
ma compagnie ou soit parce que vous m’avez accompagné lors d’un voyage en
Russie au cours des dernières années.
Comme vous le savez sûrement, hier, 4 décembre 2011, ont eu lieu les
élections visant à pourvoir les 450 sièges de la Douma d’État de la
Fédération de Russie. S’agissant d’un événement d’une certaine importance,
vous avez assurément entendu parler de la chose dans les médias «
mainstream ». Vous connaissez aussi assurément mon grand scepticisme quant
à « l’objectivité » de commande de ces médias en ce qui concerne la Russie
(entre autres…) et c’est pourquoi, étant en congé dans ma patrie
d’adoption, j’ai décidé de vous écrire un bref compte rendu de cet
événement politique, afin de vous donner un point de vue de l’intérieur,
académique et indépendant.
Importance du scrutin
Il est devenu habituel de considérer que les élections législatives en
Russie n’ont guère d’importance. Ce point de vue, qui comporte une part de
vérité, est cependant inexact. Bien sûr, le système politique russe issu du
coup d’État constitutionnel d’octobre 1993 exécuté par Eltsine est à saveur
fortement présidentielle et le pouvoir législatif détenu par la Douma est
réduit à sa portion congrue. Cela étant, même si dans de nombreux cas, le
président russe peut imposer sa volonté par décret en passant par dessus
les pouvoirs de la Douma, celle-ci constitue néanmoins une tribune
intéressante pour les partis d’opposition afin de faire entendre leur voix.
De sorte que les 450 députés ne sont pas totalement dépourvus de pouvoir;
il leur reste au moins celui de critiquer.
Deuxièmement, la constitution russe impose une majorité des deux tiers des
voix pour tout changement constitutionnel. Sur ce point, la toute-puissance
de l’exécutif présidentiel est sans force, à moins d’exécuter un coup
d’État. C’est dire que pour tout changement de l’ordre constitutionnel,
c’est la Douma, et non l’Administration présidentielle qui décide.
Enfin, l’importance du scrutin tient aussi à sa position dans l’ordre des
événements politiques russes. Les choses vont changer avec le nouveau
mandat présidentiel, mais depuis 1995 jusqu’à aujourd’hui, les élections
législatives constituent la première étape du processus électoral,
devançant de quelques mois la vraie élection, celle du président de la
Fédération. Ainsi, les législatives constituent une sorte de banc d’essai
pour les aspirants à la fonction suprême, une façon de compter leurs
appuis.
Déroulement du scrutin
Sept partis étaient en lice pour ces élections. Le parti du pouvoir, Russie
Unie (ER), du premier ministre Poutine; le Parti communiste de la
Fédération de Russie (KPRF) de Ziouganov, seul véritable parti
d’opposition; le parti Russie Juste (SR) de Sergueï Mironov, un parti
d’opposition qui vote souvent du côté du pouvoir, mais qui représente la
gauche gouvernementale; le parti Libéral-démocrate (LDPR) de Vladimir
Jirinovski, qui a un statut et une fonction similaire pour la droite
nationaliste; le Parti de la Pomme (Iabloko) de Grigori Iavlinski,
représentant la droite économique et libérale; son compétiteur direct
néo-libéral Cause Juste et enfin le parti des Patriotes de Russie, un parti
nationaliste non xénophobe.
De ces sept partis, les quatre premiers (ER, KPRF, SR et LDPR) détenaient
des sièges à la Douma à sa dissolution. Deux des 3 autres avaient participé
aux dernières élections (Patriotes de Russie et Iabloko) sans obtenir les 7
% des voix nécessaires pour entrer à la Douma. Quant à Cause juste, il en
était à sa première participation. Certaines autres forces politiques n’ont
pu se présenter, ayant été incapables de réunir le nombre nécessaire de
signatures pour participer au scrutin. Il s’agit de diverses petites
formations politiques qui couvrent l’ensemble du spectre politique, de
l’extrême gauche à l’extrême droite.
***
La campagne électorale aura duré environ 5 semaines, même si l’activisme
politique des diverses formations était en hausse depuis la fin de l’été.
Russie Unie étant à la tête du gouvernement, lequel contrôle une grande
partie du paysage médiatique russe, il va de soi qu’il a été surreprésenté
au cours de la campagne. La qualité de sa propagande (affiches électorales,
spots publicitaires, dépliants, etc.) témoigne aussi du fait que ce parti
disposait, et de loin, des plus importantes ressources financières. Mais
les autres partis importants (LDPR, KPRF et SR) ont aussi été très présents
pendant la campagne. Vu de Tver où j’habite, même s’il y avait domination
des affiches de Russie Unie, les autres partis étaient également très
visibles. À ce titre, un exemple de la liberté d’expression qui existe au
pays, et qui est beaucoup plus importante que les médias dominants ne le
laissent voir : le slogan électoral de Russie Juste était cette année «
Pour une Russie sans voleurs et sans escrocs », façon peu subtile d’accuser de malhonnêteté le parti au pouvoir. Je vous laisse imaginer le tollé si le Parti Québécois utilisait un tel slogan pour stigmatiser les libéraux lors du prochain scrutin provincial.
***
Plus de 650 observateurs étrangers ont été présents à une étape ou une
autre du processus électoral. Les principales critiques formulées à
l’encontre de celui-ci tiennent au fait que l’accessibilité aux médias ait
été déséquilibrée et ait favorisé Russie Unie. Quant aux intimidations et
aux pressions diverses évoquées par les médias dominants, ces observateurs
internationaux et impartiaux pour la plupart n’ont relevé que des cas
sporadiques qui n’affectent pas l’ensemble du système.
Les conclusions définitives de ces observateurs seront publiées d’ici
quelques jours, mais les premiers rapports évoquent dans l’ensemble un
processus ordonné et honnête, même si des incidents ont pu être déplorés
dans certains endroits. En fait, les seuls observateurs qui ont accusé le
régime de fraudes massives sont les représentants des partis d’opposition
(…) et certaines ONG russes financées par des fonds occidentaux (comme
Golos, qui tient son financement du Congrès américain…) Les observateurs
internationaux sont dans l’ensemble satisfaits, même s’il faut attendre la
conclusion de leurs rapports pour avoir une idée exacte de la situation.« Les premières impressions des observateurs sont plutôt positives.
L'eurodéputé britannique Nick Griffin a noté que "les élections en Russie
étaient plus ouvertes qu'en Grande-Bretagne, le secret du vote est
pratiquement absent au Royaume-Uni". La Russie fait une démarche courageuse
en introduisant l'institut du suivi public, pense Jacques Bayon de
l'Institut de l'analyse stratégique. John Amiral des États-Unis a relevé
qu'aucune irrégularité grave n'avait été enregistrée dans les cinq bureaux
de vote qu'il a visités aujourd'hui à Moscou et dans sa région »
En ce qui concerne l’hypothèse de bourrages d’urnes, deux chiffres
suffisent pour l’exclure : le dernier sondage de l’institut Levada d’études
de l’opinion publique, un centre de recherche totalement indépendant du
pouvoir, publié vendredi, créditait Russie Unie de 49 % des voix. À 10 h du
matin le 5 décembre, heure de Moscou, la Commission électorale centrale a
publié les résultats portant sur 96 % des voix, établissant l’appui à
Russie Unie à 49,5 %. Cela témoigne de façon claire, outre de la grande
qualité des analystes du Centre Levada, que s’il y a eu fraudes, celles-ci
ont été mineures.
Résultats et interprétations
Dans l’édition de ce lundi 5 décembre, Le Figaro titrait « Sévère défaite
pour le parti de Poutine ». Vraiment?
De façon anecdotique, soulignons d’abord que pour Pierre Avril,
correspondant du Figaro à Moscou, le processus électoral en Russie est une
farce. Ce qui soulève une « sévère » incohérence : si ce processus est une
farce, comment peut-on considérer que le résultat puisse vouloir dire
quelque chose et que conséquemment, Poutine ait subi une « sévère défaite
»? C’est une farce ou une défaite?
Les résultats, peu surprenants si on tient compte des sondages à la sortie
des urnes et de ceux précédant le scrutin, constituent néanmoins une «
mauvaise » « surprise » pour le pouvoir. Il est difficile de passer de 66 %
des appuis à 49 % sans considérer cela comme une défaite. L’équipe au
pouvoir s’y attendait et le duumvirat Poutine-Medvedev avait d’ailleurs
multiplié les apparitions publiques depuis deux semaines, sentant l’appui
populaire fléchir. Avec 49 %, Russie Unie perd sa double majorité à la
Douma, mais devrait conserver la pluralité des sièges, ce qui permettra à
un gouvernement encore une fois complètement dominé par Russie Unie de
fonctionner et de contrôler l’agenda. Ayant perdu sa double majorité,
Russie Unie devra obtenir l’assentiment des autres partis pour modifier la
constitution, éventualité fortement improbable puisque le parti n’a pas
vraiment cherché à le faire jusque ici, alors qu’il le pouvait
parfaitement.
***
Donc, est-ce une victoire ou une défaite pour l’équipe en place? Malgré le
maintien de sa position dominante à la Douma, on peut dire que Russie Unie
a reçu une gifle. La baisse de sa popularité constitue un désaveu assez
important de la part de la population. Celui-ci se manifeste de deux
façons. D’abord par un transfert des appuis de Russie Unie aux divers
partis d’opposition, qui augmentent tous leurs appuis et leurs sièges à la
Douma. Plus grave et plus significative, une part importante de la
désaffection de la population est illustrée par la baisse importante du
taux de participation, qui dépasse à peine les 50 % (contre 60 à 70 % lors
des scrutins précédents). En fait, les chiffres définitifs du nombre
d’électeurs restent à publier, mais on peut déjà dire que la majorité de la
baisse des appuis à Russie Unie provient du fait qu’une part importante de
ses votes de 2007 est restée à la maison ce dimanche.
Pourquoi? Car, selon les derniers chiffres du baromètre de l’appui à
Poutine publié à la fin de chaque mois par le centre Levada, près de 65 %
des Russes continuait à la fin novembre d’approuver les actions de premier
ministre. Le contexte économique explique en grande partie cette
désaffection. En 2007, lors des dernières élections législatives, la
situation au pays était exceptionnellement bonne et l’économie enregistrait
des croissances de 7 à 8 % par année. Puis, vint 2008. Le déficit
budgétaire est revenu (quoique modeste), la dette aussi (8 % du PIB, ce qui
est très peu) et la croissance du niveau de vie s’est ralentie. Or, Poutine
doit à la situation économique d’avoir maintenu sa popularité aussi
longtemps. Conséquemment, et puisqu’on demande avant tout à l’équipe au
pouvoir d’assurer le confort matériel de la population, le ralentissement
économique a frappé fort sur les appuis à Poutine. D’ailleurs, le phénomène
ne se limite pas à la Russie, et vous n’avez qu’à penser à Obama et
Sarkozy, qui feront face eux aussi à une échéance électorale en 2012, et
dont la réélection est loin d’être assurée. Donc, quand l’économie va, tout
va. À l’inverse…
***
Autre facteur explicatif, qui existe aussi dans d’autres systèmes
pluralistes, l’usure du pouvoir. Après près de 12 ans à la tête de l’État,
il est inévitable que certains en aient assez de Poutine. La surprise étant
à ce titre d’ailleurs inverse, soit que tant de Russes l’appuient toujours…
Enfin, dernier élément à mentionner à ce titre, de nombreux Russes sont
restés à la maison se disant que peu importe qu’ils votent Russie Unie ou
non, celui-ci allait l’emporter.
En ce qui concerne les autres partis qui, comme dit précédemment, ont tous
fait des gains, c’est le KPRF qui s’en sort le mieux (20 %), suivis de
Russie Juste (14 %) et du LDPR de Jironovski (11 %). Ainsi, la prochaine
Douma penche plus à gauche que la précédente, ce qui devrait inciter les
enthousiasmes du libéralisme à l’occidental à ne pas trop festoyer.
L’exception russe ne fait ici que se manifester une fois de plus.
Petit pétage de bretelles : dans mon dernier cours sur l’histoire de la
Russie contemporaine, je faisais il y a quelques semaines ces pronostics
quant aux résultats des élections : « Le PCFR va sans doute obtenir son
traditionnel 20 % d’appuis, le reste étant partagé entre les formations
présidentielles ou proprésidentielles, Russie Unie obtenant autour de 50 %,
le LDPR et Russie juste se partageant les restes. Il est peu probable
qu’une autre formation obtienne les 7 % nécessaires pour faire son entrée à
la Douma. »
C’est à peu de choses près ce qui s’est passé…
Et maintenant?
Comme dit précédemment, les législatives russes constituent une sorte de
test pour les présidentielles qui suivent. N’ayant pas dépassé les 50 %,
les résultats de Russie Unie vont sans doute faire réfléchir les stratèges
du pouvoir en place. Car avec un tel résultat, l’impensable pourrait
survenir et Poutine pourrait être mis en ballotage au premier tour en mars
prochain, ce qui serait une première depuis 1996. On peut donc s’attendre à
ce que ce dernier soit particulièrement actif au cours des prochains mois,
afin d’éviter cette humiliation. Une pluie de mesures populistes dans la
plus pure tradition des systèmes parlementaires occidentaux devrait donc
s’abattre sur les Russes. Russie unie à déjà donné le ton hier en annonçant
que l’âge de la retraite (vieux débat ici, alors que celui-ci se situe à 55
ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes) ne serait pas augmenté, mais
que les pensions de retraités, elles le seraient…
Mais l’un dans l’autre, je persiste à croire qu’une mise en ballotage de
Poutine en mars 2012 demeure improbable. Mais qui sait?
***
Car en conclusion, le scrutin d’hier montre une chose, c’est que le système
politique s’avère moins verrouillé que ce que l’on peut penser de prime
abord. Il existe dorénavant une forme de pluralisme politique en Russie, ce
qui témoigne du chemin parcouru par le pays depuis la disparition de l’URSS
il y a 20 ans, le 25 décembre 1991.
Benoit Gascon, russologue
_ De Tver, Russie.
***
Réactions de Benoit Gascon à certains commentaires reçus des destinataires
auquel ce courriel a été envoyé.
Tver, le 6 décembre 2011
À la suite de mon courriel, certaines personnes m’ont répondu qu’a
contrario de ce que je laissais entendre, les médias « mainstream »
d’Occident faisaient état de violations massives et de très importantes
irrégularités lors du scrutin. S’agissant d’un point fondamental, qui me
permet en outre de mettre en évidence le caractère pour le moins « orienté
» de la couverture des médias de l’Ouest sur la Russie, je tenais à vous
faire parvenir d’autres sources concernant ce problème.
1 – Un compte rendu publié par Newswire sur la conférence donnée par les
observateurs de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe), dont sont membres les États-Unis et le Canada, entre autres :
http://www.virtualizationconference.com/node/2088223
2 – Une entrevue avec un député belge du Vlamsbelang (droite), présent en
tant qu’observateur lors des élections, présenté sur le site indépendant
(belge) Voix de la Russie (que je vous recommande par ailleurs) :
http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646129/61608056.html
3 – Sur le même site, une autre entrevue, cette fois avec Jacques Boyon,
ancien ministre de Jacques Chirac, qui occupe aujourd’hui le poste de
président de l’Institut des relations internationales et stratégiques et
qui était aussi observateur :
http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646129/61510627.html
Il ne s’agit que de quelques exemples. Je vous invite à poursuivre vos
recherches sur ce thème si la chose vous intéresse.
À en juger par ce que j’ai pu lire dans la presse occidentale, l’accent est
mis sur l’opinion des observateurs des partis politiques perdants et des
ONG russes financées par l’Occident.
Il ne s’agit pas de prétendre que le processus ait été parfait. Qu’il y ait
eu des irrégularités est évident, mais dans l’ensemble, comme vous pourrez
vous en convaincre par les sources citées, il y a consensus en ce qui a
trait au caractère généralement honnête et transparent du processus. Et
n’oublions pas que la Russie n’a qu’une expérience de 20 ans dans le
domaine.
Je ne m’étonne plus de la partialité des médias « mainstream » depuis
longtemps. Mais je n’arrive toujours pas comprendre à quoi peut servir
cette désinformation. En principe, la Guerre froide est terminée depuis
longtemps, non?
Benoit Gascon, russologue
De Tver, Russie.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Élection russe, 4 décembre 2011
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4 commentaires
Serge Charbonneau Répondre
10 janvier 2012Un résumé édifiant !
Merci.
Vous terminez par:
« Je ne m’étonne plus de la partialité des médias « mainstream » depuis longtemps. Mais je n’arrive toujours pas comprendre à quoi peut servir cette désinformation. »
Oui, la partialité, l'idéologie flagrante qui dirige nos médias de masse est un constat qui crève les yeux.
« Mais je n’arrive toujours pas comprendre à quoi peut servir cette désinformation. »
Oui, moi aussi et je cherche à comprendre ce "phénomène " depuis des années !
Comment des journalistes professionnels peuvent à ce point tricher la réalité ?
Qu'est-ce qui peut ainsi leur faire renier leur serment de Pulitzer ?
Salutations
et encore merci,
Serge Charbonneau
Québec
Archives de Vigile Répondre
10 janvier 2012Bravo à M. Gascon pour cette analyse très intéressante.
J'aimerais cependant mentionner qu'avec du recul, la Russie vit exactement la même situation que les Nations occidentales: ils sont eux aussi aux prises avec une Oligarchie qui manipule la démocratie.
À force de médias, à force de contacts, de contrôle et d'influence, cette Oligarchie n'a ni nation, ni frontière.
Certainement, à un certain niveau, on peut percevoir une certaine cohésion "nationale" dans les hautes sphères. Il est indéniable qu'un multi-millionnaire propriétaire d'un journal à Moscou joue un rôle important dans cette société.
Mais que dire d'un individu ayant des milliards d'investis à travers plusieurs pays? Et pourquoi ne pas envisager que quelqu'un puisse avoir un poids significatif dans la balance des Russes ET des Américains?
Il ne faut pas s'y tromper: même si la guerre entre deux nations peut sembler être menée dans le but final de "protéger les intérêts" de leur petite oligarchie respective, il ne faut pas écarter le possibilité qu'un tiers ait pour but de tirer profit du conflit peu importe sa conclusion.
Il faut être réaliste: le pouvoir d'une monnaie n'est que proportionnel à la confiance qu'on lui confère.
Les richesses réelles n'ont de valeur que si on les contrôle. Une monnaie ou un autre, ce n'est qu'un outil de contrôle arbitraire.
Archives de Vigile Répondre
9 janvier 2012D'abord, félicitations à M. Gascon pour son article clair et précis, qui confirme la grande importance de Vigile et de la participation citoyenne pour que nous puissions nous informer, en cette ère de concentration des médias entre les mains de quelques riches et puissants. J'ai constaté, moi aussi, dans d'autres dossiers, la couverture lamentable du Devoir, que d'aucuns considèrent pourtant comme un journal sérieux et digne de foi. Je passe sous silence les autres médias, qui font systématiquement de la propagande grossière, jour et nuit.
Ensuite, permettez-moi de risquer une réponse à la question de M. Gascon, qui se demande à quoi peut servir la désinformation. En fait, nous sommes au seuil de la Troisième Guerre mondiale, et les Russes n'ont jamais cessé d'être perçus comme des rivaux militaires par Washington. La propagande du Département d'État, systématiquement relayée par les médias occidentaux, vise constamment les mauvais clients de Wall Street. Et tout pays qui met en péril l'usage du dollar étasunien dans le commerce international est considéré comme un très mauvais client.
Outre la Russie, les pays qui ne se prosternent pas devant les injonctions de Goldman Sachs sont en particulier la Syrie, l'Iran, la Corée du Nord et, bien entendu, la Chine. La Côte d'Ivoire et la Libye ont appris à se prosterner depuis que nous les avons civilisés avec des bombes.
Voici deux exemples de ce que font les pays qui refusent de se prosterner. Ce comportement met en péril le système de Bretton Woods, qui permet aux États-Unis de piller le monde:
India to pay for Iran crude in rupees
http://www.presstv.ir/detail/219964.html
Iran, Russia dump dollar for rial, ruble
http://www.presstv.ir/detail/220020.html
L'abandon du dollar étasunien est une tendance lourde actuellement, y compris dans le commerce international des Chinois, et les États-Unis et leurs valets n'ont qu'un seul moyen de le freiner: la guerre. Or, la guerre nécessite l'adhésion des contribuables qui paient les bombes et élisent les gouvernements. C'est pourquoi les médias, propriété des mêmes riches qui s'enrichissent avec le pillage du monde et avec la guerre, doivent dépeindre les adversaires des États-Unis comme de méchants dictateurs. Ainsi, les politiciens peuvent justifier la guerre par la défense de la démocratie et des droits de la personne. Ils peuvent faire payer les achats d'armement à leurs électeurs et même demander à certains de sacrifier leur vie sur les champs de bataille.
La Russie vient d'amarrer une flotte de navires de guerre à Tartous, en Syrie, pour nuire à l'OTAN, qui veut «libérer» les Syriens en les bombardant. Il est donc important que les Russes aient l'air de méchants antidémocratiques.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
9 janvier 2012Voici les raisons probables de cette levé de bouclier de la médiacratie du Bloc Amérique-Occident (BAO):
Le veto de la Russie au Conseil de sécurité sur la Syrie.
Et la création de l'Union Eurasiatique, excluant le dollar US de la zone. Au même moment ou se crée une autre zone l'Union asiatique qui écarte le dollar US (entente signée entre la Chine et le Japon à cet effet ).
http://intelwars.com/2011/12/30/new-asian-union-means-the-fall-of-the-dollar/
http://www.egaliteetreconciliation.fr/L-Union-Eurasiatique-projections-et-potentialite-d-un-nouveau-pole-geopolitique-9743.html
Ces pôles géo-économique remettent en cause le statut de monnaie de réserve du dollar ; ce qui permet au États Unies d'en imprimer à volonté. Bref un casus belli majeur.
JCPomerleau