Pour ne pas en finir

Chronique de Sylvain Deschênes


Il y a une dizaine d'années, le vénérable Laurent Laplante nous avait servi un beau pamphlet intitulé Pour en finir avec l'olympisme. Avec l'expression forte et stimulante « Pour en finir », son titre traduisait la révolte d'un observateur éclairé contre une image établie. On a compris, depuis, que « Pour en finir » pouvait aussi devenir commode pour les petits despotes des vidanges qui veulent imposer leur manière de trier les déchets.
« Pour en finir » peut facilement devenir le cri d'antiralliement des petits boss de bécosse. Un genre de : « Vos gueules! Au pas! » de petit caporal. Le Devoir a fait écho en grandes pompes hier à ce genre d'intervention; publication dans la page Idées, article sur la publication dans la page Idées et chronique de Michel David sur l'article portant sur la publication dans la page Idées! Et même toute la litanie au complet sur le site internet.
En fait, après l'article sur la publication et la chronique sur l'article, on en savait déjà assez sur les intentions pour comprendre rapidement que nous avions affaire à des gens qui veulent en découdre sans objet bien clair. Une constitution, pas celle-là, celle de telle année moins la loi de telle autre, trop vite, pas assez vite, pas comme ça mais comme ça ...Les arguties pleuvent tellement que le pétard se mouille! La chose ne fera pas long feu.
Le énième manifeste pour en finir qu'on nous sert ici a plutôt l'air d'une invitation à un débat de fédéralistes. Comme pour gagner du temps en entretenant de faux débats où des « indépendantistes » s'en prennent à la probité d'autres indépendantistes. Comme pour continuer de nous occuper.
Vous avez vu les pissenlits ces temps-ci? Ils sont charmants autour de mes tulipes. Les enlever serait non seulement fastidieux, ça m'occuperait à des choses pas très constructives. L'appel du manifeste des sophistes me fait l'effet des annonceurs de pesticides pour pissenlits. Je m'intéresse bien plus à ce que je vais planter qu'à me débarrasser de ce qui pousse tout seul dans le camp indépendantiste.
Les sophistes en questions semblent bien préoccupés à nous effrayer de la démocratie. Il y a bien des malfaisants dans leur représentation de la réalité politique. Dans ce genre de « manifeste », on associe un peu de tout, en usant du code publicitaire, pour dénigrer des adversaires en leur imputant des intentions malveillantes. Parmi les sophismes que les sophistes diffusent, il y a celui que les Juifs seraient la cause de la défaite référendaire. Curieux, vous ne trouvez pas? Qui peut bien inventer une chose pareille? Des fédéralistes en manque d'arguments peut-être?
Pardonnez-moi de revenir à l'essentiel : il y a aussi des écureuils dans ma cour! Au début, je voulais qu'ils ne viennent pas chez moi. Je les chassais, mes chats me secondaient. Puis, j'ai vu mes chats leur donner des chances, les attraper, les lécher puis les relâcher, les regarder passer sereinement comme des souverains dans leur cour. J'ai mis un bol d'eau et la communication s'est établie avec les petites bêtes. Elles sont prêtes à ne pas toucher à certaines plantes en échange de l'accès à ce bol. En plus, j'ai droit à de joyeux numéros de sauts à la perche avec brindilles et autres cabrioles cabotines.
Où en étions-nous? En finir avec quoi? Avec qui?
Non, je n'ai pas envie d'en finir. J'ai envie de continuer et de m'assurer avec d'autres que les choses continuent après moi.
Si ces sophistes manifestes veulent en finir, qu'ils consultent quelqu'un.
(Et qu'ils lâchent les affiches publicitaires près du pont Jacques-Cartier, ils bloquent tout le monde pour rien!)
Sylvain Deschênes


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