Port du voile et sport : ils déchirent le Canada

Voile islamique - étendard idéologique


Peter Dupont

De Morgen (Bruxelles)

3 mars 2007

(traduction libre)
Dimanche dernier, un arbitre musulman a renvoyé du terrain une joueuse de football qui portait le voile. Depuis, le pays tout entier débat des musulmans qui portent le hijab lors d'activités sportives. L'association internationale de football rend aujourd'hui sa décision autour de cette question.
Il y a encore 6 semaines, elle jouait du foot en salle. Lorsque Asmahan « Azzy » Mansour, 11 ans, se prépare pour un match, elle porte du rouge comme le reste de son équipe, les « Nepean Hotspurs Selects ».
Des chaussettes rouges, un t-shirt rouge et un pantalon rouge. Mais Azzy porte également un voile rouge, un hijab, qui le couvre uniquement la tête.
Le dimanche 25 février, son voile lui créa des problèmes lors de son troisième match d'un tournoi à Laval, une ville de 365.000 habitants de la province du Québec. L'arbitre, un homme musulman a estimé que le fait de porter un voile représentait un danger pour les autres joueuses et a renvoyé Azzy du terrain. Pourtant lors de deux premiers matches du tournoi, les arbitres avaient laissé jouer la jeune fille.
En signe de protestation, toute l'équipe s'est retirée du tournoi, tout comme trois autres équipes. Rapidement, l'affaire a fait du grabuge dans les médias.
L'arbitre repose sa décision sur le règlement de la Fédération internationale de football, la FIFA qui stipule : « Le joueur ne peut utiliser d'équipement qui peut être dangereux pour lui même ou pour les autres joueurs (en ce compris toute forme de bijoux) ». Le hijab est autorisé dans presque toutes les provinces canadiennes. L'association de Soccer en Ontario, par exemple accepte que ses joueuses portent des signes extérieurs religieux alors qu'au Québec la fédération laisse le soin aux arbitres de prendre la décision. D'ailleurs, après cet incident, la fédération québécoise a décidé de soutenir son arbitre dans sa décision.
Dans l'ensemble du Canada cette question est très sensible et certainement au Québec qui se prépare à des élections provinciales. Les opposants et partisans s'affrontent dans les médias ou sur le web. Mohamed Elsmary, président du Congrès canadien islamique explique que beaucoup de pays musulmans ont des équipes de football féminin et que certaines portent le voile :« Cette interdiction est inacceptable et illustre l'incompréhension des règles internationales. Le voile ne représente en rien un danger. » Les partisans du voile pointent également du doigt les États-unis où le voile et le turban sont acceptés dans la pratique d'un sport et qu'ils ne représentent pas un danger. « Les musulmans portent le hijab au basket, sur un terrain de football et même durant les jeux olympiques. » explique Mohamed Elsmary.
Jean Charest, le Premier ministre du Québec se range au côté de la décision de l'arbitre « C'est une partie de la culture sportive. Dans ma jeunesse, nous étions également obligés de mettre notre maillot dans notre short. » Sandra Campbell, porte-parole de l'association canadienne de soccer a fait savoir qu'il n'existe aucune règle qui interdit le port du hijab dans le soccer et que les jeunes filles musulmanes sont les bienvenues sur le terrain.
Mario Dumont, le chef du parti Action Démocratique du Québec soutient cette interdiction afin de conserver les valeurs chrétiennes du Québec mais également pour« renforcer notre caractère collectif ».


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