J'ai longtemps hésité à vous faire parvenir ce texte que, ma foi, je trouve fort noir. Mais voyez-vous, je suis profondément découragé quand je regarde le Québec, mon Québec, par les temps qui courent. Pourtant d'un naturel optimiste, je crois que je suis en train de céder à une grave déprime quand je nous regarde. J'ose pourtant espérer qu'il nous reste encore, caché quelque part au plus profond de nous, un certain ressort pour nous ressaisir au plus vite. Je vous l'envoie donc. Faites-en ce que vous voulez et je ne vous en tiendrai pas rigueur si vous décidez de l'ignorer.
«Poids» de senteur
Ça sent le pays en train de s’écraser
sous le poids de nos rêves déserts.
Ça sent la patrie qui se perd
dans la morosité des terres dévastées.
Ça sent le pays qu’on enterre
avec requiem pour peuples ignorés
dans une fosse commune de cimetière
pour nations inconnues ou oubliées.
Ça sent le pays qui s’échine
à brader à une suspecte vitesse
toutes ses naturelles richesses
pour les p’tits amis du régime.
Ça sent l’État qu’on altère
pour satisfaire requins de finance,
charognards de jungle néo-libérale;
ceux-là que l’on paie pour qu’ils nous achètent,
et que l’on récompense pour qu’ils nous tuent.
Ça sent la nation exsangue
qui laisse dans sa séculaire demeure
à de serviles serviteurs
le soin de fossiliser sa langue.
Ça sent le peuple minimal
se targuant de prospérité
en décuplant la pauvreté
dans sa course vers sa phase terminale.
Ça sent le pays qui se décompose
en reniant toutes ses épiques luttes
passées à tisser un filet de sécurité
pour sa pourtant distincte société.
Ça sent le pays qui se noie dans le creux
des torrents de fiel sortis de foies bilieux
qui souillent notre réputation
et dénaturent nos intentions.
Ça sent le pays qui se dérobe
sous nos pieds dans des sables
rendus mouvants par ces fossoyeurs assassins
de notre incontournable identité.
Ça sent le peuple ron ron ron
qui avale en bon bonasse
toutes les compromissions
qu’on lui incruste dans la carcasse.
Ça sent le pays qui se meurt
empoisonné par l’amnésie rare
de ses propres enfants, citoyens en téflon
qui s’imaginent pouvoir aller quelque part
quand de leur histoire ils ignorent le large et le long.
Ça sent le pays en voie de trépasser
humilié par l’indifférence des siens,
saboté par les pirouettes de ses politiciens,
accablé qu’on lui refuse son droit d’exister.
Ça sent le peuple qu’on euthanasie
dans une opération de dévastation lente
où se grugent des portions vitales de nos acquis
dans le confort des circonstances atténuantes.
Ça sent les carottes bien cuites,
et la fin de tous les haricots.
Allez Baptiste, ouste! au galop!
on est mûr pour une crisse de cuite.
«Poids» de senteur
Ça sent le pays en train de s’écraser
Le destin québécois
Gilles Ouimet66 articles
Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troup...
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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
19 septembre 2010Bravo pour votre poème M. Ouimet, il m'a touché !
Mais il y a de l'espoir. Voyez-vous hier je me suis rendu au centre Pierre-Charbonneau pour le rassemblement contre la loi 103. À ma grande et belle surprise je n'ai pu entrer car la salle était pleine à craquer. Nous étions dehors par centaines à écouter les paroles des animateurs et à espérer. À l'intérieur, trois milles personnes s'entassaient et exprimaient leur colère. Ces gens venaient de partout ; de la ville de Québec, de la Mauricie et même d'Ottawa. Je crois qu'il y a un début de renouveau dans la prise de conscience collective québécoise pour changer les choses. J'ai connu les moments palpitants des années 70 pour aboutir à l'élection de René Lévesque et en cette soirée du 18 septembre 2010, il y avait quelque chose qui ressemblait à cela. Parmi cette foule, j'ai senti que beaucoup d'entre nous sommes décidés à prendre les choses en main et à déchoir au plus vite ce gouvernement sans âme mené par ce petit bourreau qu'est J.J. Charest.
Il ne faut pas désespérer, nous allons continuer notre combat et nous vaincrons. Après la pluie, vient le beau temps. Or surtout depuis 2003, il fait très mauvais en cette contrée. Nous sommes dus pour une longue saison ensoleillée !
Isabelle Poulin Répondre
18 septembre 2010Monsieur Jeannot Duchesne, Je suis d'accord avec vous mais je changerait le terme mafioso par pilleurs, prédateurs, inconscients ect. Descendre dans la rue pacifiquement mais il y a encore beaucoup de tabous et de propagandes à cerner et à maîtriser ! Maîtrisons la guerre technologique et la guerre de l'information !!!
Isabelle Poulin Répondre
18 septembre 2010Oui les carottes sont cuite ! Mais pour qui ? et comment ? Mon coeur bat et je suis telment heureuse de vous l'entendre dire. Immaginez les gens qui ont compris toutes ces choses dont on ne parle qu'aujourd'hui, depuis 10 ans, 20 ans ! Se lever dans la mort ignorée tout les matins est bien pire que de vivre au cimetière rempli de beaux arbres et de fleurs !
Jeannot Duchesne Répondre
18 septembre 2010M. Ouimet, je ne suis pas très connaissant en poème mais sa rime bien. Oui votre poème est fataliste mais il n'en est que des plus réalistes. Mon plus grand rêve, ma plus grande espérance dans l'immédiat ce serait de voir casser l'élastique car avec ce parti libéral de merde je trouves qu'il s'étire beaucoup trop.
Si il y a une justice sur cette terre et je ne parle pas de justice de toges et d'apparats, bien j'aimerais la voir se manifester en descendant dans la rue avec tout un peuple.
Il y a plusieurs décennies cela aurait été initié par les grandes centrales syndicales mais nous ne pouvons plus compter sur elles car elle sont engrenées dans les mêmes rouages que les partis politiques, par leurs intérêtes et placements financiers, par la promiscuité avec les mêmes mafioso qui sont en train de souiller la vie politique.
Un jour il faudra bien descendre dans cette rue et dire que c'est assez.
Archives de Vigile Répondre
18 septembre 2010Monsieur Ouimet
Bravo pour votre excellent texte avec lequel je suis en accord sur toute la ligne! En plus, tout ce que vous relatez se passe avec la complicité de nos politiciens traîtres et vendus du PQ et du Bloc québécois. C'est une honte nationale!
André Gignac, patriote, le 18/9/10
Archives de Vigile Répondre
18 septembre 2010M. Ouimet, je ne suis pas très connaissant en poème mais je trouve que ça rime bien. Oui votre texte est fataliste mais il n'en est que des plus réalistes.
Mon plus grand rêve, ma plus grande espérance dans l'immédiat ce serait de voir casser l'élastique car avec ce parti libéral de merde je trouves qu'il s'étire beaucoup trop.
Si il y a une justice sur cette terre et je ne parle pas de justice de toges et d'apparats, bien j'aimerais la voir se manifester en descendant dans la rue avec tout un peuple.
Il y a plusieurs décennies cela aurait été initié par les grandes centrales syndicales mais nous ne pouvons plus compter sur elles car elles sont engrenées dans les mêmes rouages que les partis politiques, par leurs intérêts et placements financiers, par la promiscuité avec les mêmes mafioso qui sont en train de souiller la vie politique.
Un jour il faudra bien descendre dans cette rue et dire que c'est assez.
Archives de Vigile Répondre
17 septembre 2010Je refuse de croire que les carottes sont cuites.
http://www.ameriquebec.net/actualites/2010/03/15/les-carottes-ne-sont-pas-cuites-3187.qc
Je veux faire l’indépendande pour ça.
http://www.ameriquebec.net/actualites/2010/03/04/pourquoi-faire-lindependance-du-quebec-3066.qc
Oui pour un pays, Non à seulement des souverainetés sectorielles.
http://www.ameriquebec.net/actualites/2010/04/10/oui-pour-un-pays-non-a-seulement-des-souverainetes-sectorielles-3385.qc
La lucidité au Québec
http://www.ameriquebec.net/actualites/2010/09/17/la-lucidite-au-quebec-4273.qc