Pleins feux sur le Québec... au Texas

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17. Actualité archives 2007



Hétu, Richard - NEW YORK - S'il y a un endroit en Amérique du Nord qui semble être aux antipodes du Québec, c'est bien le Texas. Et pourtant, l'État de George W. Bush accueille aujourd'hui et demain un colloque international sur le pays de Gilles Vigneault.
Intitulé " Le Québec à l'aube du nouveau millénaire : Entre tradition et modernité ", le colloque interdisciplinaire réunit à Dallas une centaine d'universitaires américains, canadiens, européens et africains. Ceux-ci se proposent d'analyser " les mutations qui ont affecté la société québécoise " depuis le début de la Révolution tranquille. Il s'agit du premier événement du genre à se dérouler dans le sud-ouest des États-Unis.
" Les études québécoises jouissent d'une popularité croissante ", affirme Marie-Christine Koop, organisatrice du colloque et directrice du département des langues et des littératures étrangères à l'Université du nord du Texas.
" Pendant très longtemps, les études françaises aux États-Unis se sont limitées à la France. Depuis une vingtaine d'années au moins, on commence à s'intéresser à la francophonie ", ajoute Koop, une Cannoise d'origine dont le " coup de foudre " pour le Québec remonte à sa première visite dans la province, il y a un peu plus de 20 ans.
" En tant que Française vivant aux États-Unis, dans un monde anglophone, j'ai beaucoup d'admiration pour la lutte que mènent les Québécois pour préserver leur langue et leur culture ", précise-t-elle.
Le français au Québec
Une soixantaine d'universitaires ont présenté des communications en vue du colloque. Les thèmes abordés touchent la politique, l'économie, le statut de la langue française, l'identité culturelle, l'éducation, les femmes, la religion, les médias, la production culturelle, les relations avec le reste du Canada et les relations internationales.
En séance plénière, Michel Venne, directeur et cofondateur de l'Institut du Nouveau Monde à Montréal, prononcera une conférence intitulée " Le Québec, laboratoire de l'altermondialisation? "
Le même jour, Samia Spencer, professeur de français à l'Université Auburn, en Alabama, présentera un état des lieux du français au Québec. Après avoir rappelé la situation de cette langue avant et après l'adoption de la loi 101, l'universitaire originaire d'Alexandrie, en Égypte, mettra l'accent sur les progrès accomplis depuis et les défis auxquels le français fait face au Québec.
" Le français est la langue du Québec, c'est indiscutable ", a dit le professeur Spencer au cours d'un entretien téléphonique. " Mais il y a beaucoup à faire sur l'intégration des communautés allophones, par exemple. C'est vrai que, pour la plupart, les jeunes de ces communautés vont dans des écoles francophones. Ils parlent français en public, mais est-ce que c'est la langue identitaire? Est-ce que c'est la langue de leur culture? Là, je pense que c'est très discutable.
" Il y a d'autres défis. Il y a le défi de la langue de la technologie, il y a le défi de la langue des sciences, il y a le défi de la qualité de la langue française, qui n'est pas un défi propre au Québec. C'est vraiment un défi qui se pose à toute la francophonie. Il y a des problèmes qui sont assez sérieux. À mon avis, il faut être très, très vigilants. "
Regard sur le cinéma
Même si plus du tiers des communications du colloque portent sur la littérature, la chanson et le cinéma du Québec semblent intéresser de plus en plus les universitaires américains. Kelle Keating, de l'Université du Texas à Austin, évoquera par exemple le retour de la " chanson engagée " au Québec avec des groupes comme Guérilla, Les Cowboys fringants et Loco Locass.
Dans sa communication, Kevin Elstob, de l'Université d'État de Californie, établira pour sa part une comparaison intéressante entre les films québécois ayant connu le plus de succès aux guichets entre 1999 et 2005 (Les Boys, Séraphin et La grande séduction, entre autres) et ceux qui ont reçu le prix Jutra du meilleur film (Maelström, Québec-Montréal et Mémoires affectives, notamment).
Il conclura que les films ayant remporté les plus grands succès populaires mettent l'accent sur l'identité communautaire et l'enracinement territorial, alors que les films ayant été primés remettent en question ou rompent avec l'identité communautaire " en allant chercher autre chose ailleurs ".
L'universitaire californien reconnaît dans ces deux types de cinéma les deux traits de l'imaginaire québécois, qui s'expriment par le désir de fonder une communauté et par son contraire, la soif du voyage.
Le film C.R.A.Z.Y. est cependant une exception à ses yeux, ayant non seulement gagné en 2006 le prix Jutra du meilleur film mais également remporté le plus grand succès de l'année aux guichets. On y retrouve, selon lui, les deux aspects de l'identité québécoise, qui cohabitent non sans problème.


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