PKP, le seul qui puisse aider le PQ, selon un sondage

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S'il est le seul candidat à pouvoir aider le PQ, faut-il en conclure que les autres ne peuvent que lui nuire ?

(QUÉBEC) De tous les candidats prévisibles à la succession de Pauline Marois, Pierre Karl Péladeau est le seul capable d'aider le PQ aux prochaines élections. Mais l'entrée en scène du magnat des médias ressuscitera le clivage sur la question nationale, un débat qui pourrait jouer des tours aux péquistes.
C'est ce qui se dégage du dernier sondage réalisé par la maison CROP pour La Presse. Effectuée entre le 16 et le 20 octobre auprès de 1000 internautes, l'enquête ne décèle guère de changements par rapport à la précédente sur les intentions de vote, la popularité des chefs ou la satisfaction à l'égard du gouvernement Couillard.
Le jour même où Bernard Drainville lance sa campagne, la photo de départ montre « qu'il n'y a que M. Péladeau qui soit susceptible d'élargir la base du PQ », observe Youri Rivest, vice-président de la maison CROP. Bien sûr, tout peut arriver dans une course à la direction, mais Pierre Karl Péladeau domine clairement ses adversaires à la ligne de départ. « Son impact est de réactiver le clivage souverainistes-fédéralistes. Il mobilise la base des souverainistes, mais aussi celle de ses adversaires », poursuit le spécialiste. « C'est l'histoire de la dernière élection. Il était devenu l'allié objectif des libéraux, et cela n'a pas été bon pour le Parti québécois », résume-t-il. François Legault n'a rien à gagner dans cette nouvelle donne.
«Dans le monde des Oui et des Non, le Québec n'a pas besoin de la CAQ.»
Youri Rivest
Vice-président de la maison CROP

Dans l'ensemble, 28 % des répondants disent qu'ils seraient « davantage portés à voter PQ » si M. Péladeau était chef ; 20 % des gens soutiennent qu'au contraire, ils se détourneraient du PQ. M. Péladeau rend le PQ plus attrayant aux yeux de 34 % des partisans de la CAQ, et même de 31 % des partisans de Québec solidaire. Par ailleurs, 52 % des gens soutiennent que leur vote resterait inchangé.
En comparaison, le pouvoir d'attraction des éventuels adversaires de l'actionnaire de contrôle de Québecor dans la course est anémique ; seulement 8 % des gens seraient davantage portés à voter PQ avec Bernard Drainville. Avec Martine Ouellet, le pourcentage baisse à 7 %. Jean-François Lisée n'attire que 6 % de suffrages supplémentaires et Alexandre Cloutier, 5 %.
Inversement, 26 % des gens disent qu'ils seraient moins tentés de voter pour le PQ si M. Lisée prenait les rênes, 24 % ont la même réaction devant Bernard Drainville. Martine Ouellet (20 %) et Alexandre Cloutier (21 %) font aussi fuir les électeurs du PQ - Mme Ouellet attire toutefois 22 % des électeurs de Québec solidaire.
Une série de questions sur la course à la direction du PQ jette un nouvel éclairage sur la perception qu'ont les Québécois de celui qui est en tête, Pierre Karl Péladeau. Réalisée avec en fond de scène la partie de bras de fer entre le gouvernement et l'opposition officielle au sujet d'une commission parlementaire sur la concentration de la presse, l'enquête constate que les Québécois sont très partagés devant la possibilité que le premier ministre soit aussi patron de presse.
Quand on leur demande s'il est acceptable d'être « à la tête de plusieurs médias [et] de vouloir devenir chef de parti et éventuellement premier ministre », 46 % des Québécois jugent que c'est « acceptable » et 54 % des répondants pensent le contraire. Les répondants qui sont d'avis que c'est « tout à fait inacceptable » (30 %) sont presque deux fois plus nombreux que ceux qui jugent le scénario « tout à fait acceptable » (17 %). Chez les souverainistes, 75 % des gens estiment cette éventualité acceptable, mais dans le camp fédéraliste, 72 % des répondants sont d'avis contraire.
L'OMBRE DE QUÉBECOR
Les Québécois se montrent sceptiques quand M. Péladeau déclare qu'il n'intervient pas dans ses entreprises de presse depuis qu'il est élu. En l'occurrence, 22 % disent croire « tout à fait » à cet engagement, tandis que 39 % lui font « en partie » confiance. Un autre bloc de 39 % soutient ne pas du tout croire à cet engagement. Plus que l'appartenance à un parti, les convictions sur la question nationale sont ici déterminantes : 43 % des souverainistes lui font « tout à fait » confiance, et 52 % des fédéralistes, « pas du tout ».
Quand on leur demande quel geste devrait poser M. Péladeau concernant ses actions de Québecor (il possède le quart des actions valant 600 millions, mais détient 74 % des droits de vote), 39 % des répondants estiment qu'il devrait tout simplement « vendre ses actions », et 61 % jugent suffisant qu'il les place dans une fiducie sans droit de regard - comme s'y est engagé le patron de presse. Cette fois, 82 % des souverainistes jugent qu'une fiducie sans droit de regard suffit. Les fédéralistes (49 %) adhèrent moins à cette solution.
Pour trois personnes sur quatre (73 % des répondants), il serait « inacceptable » que les entreprises détenues par M. Péladeau décrochent des contrats du gouvernement s'il devenait premier ministre. Les médias du conglomérat obtiennent de la publicité gouvernementale. « Pour les électeurs, une relation d'affaires entre l'État et les entreprises d'un premier ministre, c'est inacceptable. » Son intervention en commission parlementaire au profit de Québecor « est susceptible de se retourner contre lui si cela se répète », observe M. Rivest.
Par ailleurs, 59 % des souverainistes jugent de telles transactions inacceptables. Chez les électeurs libéraux, le taux de désapprobation grimpe à 83 %, et 55 % des péquistes sont du même avis.
Des caquistes en réserve
De prime abord, on observe que le PLQ a gagné 5 points dans les intentions de vote en octobre (40 %) et le PQ, 4 points (25 %). Quant à la CAQ, sa cote baisse de 7 points, à 23 %. Mais il s'agit d'une illusion d'optique : les chiffres avant répartition des indécis montrent que libéraux et péquistes ne bougent pas dans les intentions de vote. Le changement vient de la CAQ, qui passe de 25 à 18 % des intentions de vote - sept points qui sont allés du côté des indécis, des non-votants et des annulateurs qui passent de 15 à 22 %. « La CAQ était un peu dans l'ombre, c'était avant l'élection complémentaire de Lévis », explique Youri Rivest, de CROP. Québec solidaire bouge d'un point seulement et passe de 13 à 12 %.
Francophones: une course à trois
Les trois principaux partis se disputent farouchement l'appui des francophones. La CAQ dominait jusqu'ici. En octobre, elle a glissé derrière le PQ avec 28 % contre 30 %. Le PLQ remporte 28 % d'adhésion chez les francophones.
Effet Écosse
La souveraineté avait fait un bond important en septembre, elle revient à ses niveaux habituels en octobre. D'ordinaire un peu en haut des 30 %, le Oui à la souveraineté a atteint subitement 41 % en septembre. « C'était l'effet Écosse, on parlait beaucoup du référendum là-bas », explique M. Rivest. On est revenus à 32 % de Oui en octobre.
Satisfaction: rien à signaler
Comme en septembre, la satisfaction à l'endroit du gouvernement Couillard reste à 43 % en octobre ; il y a 51 % d'insatisfaits, et les « très insatisfaits » sont deux fois plus nombreux que les « très satisfaits », du déjà vu là encore. L'appui au gouvernement reste important si on tient compte des nombreux reportages annonçant des coupes et des réformes mal accueillies par la population. En réponse à une question générale sur « l'humeur des Québécois », l'aiguille ne bouge pas davantage - depuis trois mois, 55 % des Québécois jugent que le Québec « va dans la mauvaise direction » et 45 % sont d'opinion contraire.
Chefs: Couillard tient la route
Au concours du meilleur premier ministre, Philippe Couillard conserve son avance avec 28 % de partisans. François Legault arrive second avec 21 %, grosso modo le même score, lui aussi, depuis trois mois. Leader intérimaire, Stéphane Bédard (4 %) ne peut être évalué équitablement sur ce palmarès. Françoise David passe de 11 à 8 %.
Ottawa: un sur trois
Un Québécois sur trois est satisfait du gouvernement Harper, 33 % représentant une hausse de quatre points par rapport au mois précédent. Les insatisfaits tombent de 67 à 62 %, mais les « très insatisfaits » sont plus de sept fois plus nombreux que les « très satisfaits ». Avec les événements de cette semaine, le prochain sondage risque d'être intéressant, observe M. Rivest.
NPD : illusion d'optique
Un peu comme la CAQ, le NPD donne l'impression de céder du terrain à ses adversaires, mais là encore, c'est une illusion d'optique. Le NPD passe de 30 à 24 %, avant répartition des indécis, le PLC grimpe d'un point à 30 %, comme le PC à 12 %. Le Bloc québécois piétine à 11 %. Les points perdus par le NPD sont allés grossir les rangs des indécis, des annulateurs et des non-votants, qui passent de 15 à 20 %. À 12 %, les conservateurs feraient élire quelques députés dans la région de Québec parce que leurs appuis y sont concentrés. Il en irait autrement pour le Bloc, dont les 11 % d'appuis sont répartis partout sur le territoire. Pour Youri Rivest, « on ne voit aucune tendance, les partis piétinent, montent ou descendent un peu, selon le mois ».
Mulcair perd des plumes
Comme meilleur premier ministre du Canada, Thomas Mulcair perd des plumes et passe de 31 à 22 %. Justin Trudeau, qui profite de la publicité de son autobiographie, progresse de 25 à 28 %, alors que Stephen Harper augmente son score de 10 à 12 %.


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