Depuis quelques mois, les projets de transport de pétrole ont pris le devant de la scène au Québec. Ce qui n’était qu’une rumeur est en train de prendre forme sans études environnementales crédibles. Le temps presse pour que Québec précise comment il entend intervenir pour optimiser ou interdire ces projets sur son territoire.
La rumeur de l’inversion du pipeline 9 B d’Enbridge circulait depuis quelques années, mais elle était niée par l’industrie. Du moins jusqu’à ce que celle-ci se rende compte que les obstacles à la construction des grands oléoducs dans l’ouest du pays, Keystone XL et Northern Gateway, seraient beaucoup plus difficiles à franchir que prévu.
En un rien de temps, les géants Enbridge et TransCanada se sont alors tournés vers l’est, où des installations existantes favorisent une action d’autant plus rapide qu’elle bénéficie de l’appui inconditionnel du gouvernement Harper.
D’ici quelques jours, l’Office national de l’énergie du Canada (ONEC), l’autorité responsable du transport d’énergie d’une province à l’autre, entreprendra donc l’étude détaillée du dossier d’inversion du flux pétrolier dans le vieux pipeline d’Enbridge qui relie Sarnia à Montréal. Suivra plus tard l’étude du projet de transformer en oléoduc l’actuel gazoduc de TransCanada qui aboutit à Québec et qu’on entend prolonger jusqu’à la raffinerie Irving, au Nouveau-Brunswick.
Par ailleurs, TransCanada envisage aussi la construction d’un port de transbordement près de Québec, lequel s’ajouterait, ou se substituerait au projet de prolongement vers l’Est.
Entre-temps, à Lévis, Ultramar ne crie pas sur les toits qu’elle procède présentement à d’importants changements à sa gare de triage pour y recevoir bientôt, par trains, des milliers de barils de pétrole albertain tous les jours. Compte tenu des risques encore plus élevés de ce mode de transport, a-t-on procédé à une étude d’impact le long de la ligne ferroviaire ?
Ce qui choque le plus dans ce dossier, ce n’est pas qu’on envisage de construire des infrastructures pour transporter du pétrole. Car même si les Québécois répondent, dans les sondages, qu’ils accordent plus d’importance à la lutte contre le réchauffement climatique qu’à l’autonomie énergétique de la province, ils font toujours partie des plus grands consommateurs d’énergie au monde et ne sont surtout pas prêts à accepter un relèvement des taxes sur l’essence pour réduire cette consommation.
Non. Ce qui choque, c’est ce militantisme du gouvernement Harper pour l’exploitation pétrolière qui l’amène à rejeter du revers de la main les inquiétudes des citoyens devant des projets dont la sûreté n’a pas été démontrée. Après tout, l’éventualité d’accidents est bien réelle, et l’actualité nous en donne la preuve.
La semaine dernière, plusieurs municipalités, dont Montréal, ont demandé à être entendues par l’ONEC. À la lumière des incidents récents qui ont eu lieu aux États-Unis et dans l’Ouest canadien, ces gens ont raison d’être inquiets.
C’est pourquoi le gouvernement du Québec ne peut pas se contenter de participer comme tout autre citoyen aux audiences de l’ONEC. Il doit faire connaître rapidement la façon dont il interviendra lui-même dans ce dossier pour s’assurer que le transport de pétrole sur son territoire réponde aux normes les plus sévères et qu’il génère les retombées les plus positives pour le Québec. Sans quoi, il faudra s’y opposer.
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