Pour faire suite au texte de Victor-Lévy Beaulieu
Pierre Falardeau n’était pas mon ami. Malheureusement. Ne l’ayant rencontré qu’à quelques reprises et n’ayant pu discuter avec lui que sommairement, je dois dire que nous nous connaissions peu. Pourtant, pour une des rares fois dans ma vie, je suis en deuil. N’étant pas de ceux qui entretenaient avec lui un lien étroit, je dois donc vivre seul ma peine. Seul, avec quelques milliers d’autres qui, comme moi, l’aimaient ou, du moins, l’estimaient.
Je retiens de Monsieur Falardeau un souvenir impérissable. Au cours d’une discussion, il m’avait traité de « fendant », avec le sourire qu’on lui connaissait, et cette luminosité dans le regard qu’il posait sur les êtres qui l’amusaient autant qu’ils l’intéressaient. Ceux et celles qui privilégient les formules de politesse aux dépens de la franchise auraient assurément été vexés. Ceux et celles qui ne s’attardent qu’aux apparences, négligeant l’essentiel, auraient très certainement été blessés. En ce qui me concerne, j’y ai vu un clin d’œil complice. Sortant de la bouche de cet homme, le qualificatif sonnait plutôt comme un compliment et m’apparaissait ni plus ni moins comme un encouragement à persévérer dans la voie que j’avais choisi d’emprunter.
Falardeau était un homme transparent, franc, honnête – dans la mesure où l’humain peut l’être –, batailleur dans ce qui est essentiel. Il aurait pu être ce chef, ce messie que nous espérons tous, s’il n’avait pas eu cette typique lucidité relativement à la faiblesse humaine, mais s’il avait plutôt eu un iota de pourriture dans les veines pour faire de lui un politicien. Pierre Falardeau était un artiste, un grand artiste! Un être sensible, philanthrope, qui ne se contentait pas d’imiter et de suivre la vague dans un intérêt personnel, mais qui a produit des œuvres cinématographiques qui sont, et resteront, des œuvres remarquables. « Nous sommes aussi des hommes et à la base de toute révolution », a écrit Sartre. Monsieur Pierre Falardeau était un homme, un vrai!
Le Québec vient d’être très sérieusement amputé d’un membre avec la perte de ce Patriote, mais le Québec saura faire usage du principe de résilience et saura démontrer du courage face à ce qu’il doit être.
À ta mémoire, Pierre Falardeau, mon frère, je lève mon verre et clame : « Aux bons sentiments qui t’honoraient, à ceux que tu aimais, à ceux qui t’aimaient. Pis les autres… qu’y mangent d’la marde! »
Yanni Kin
Éditions Libre Delire
Trois-Pistoles
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