Pour fonder sa fierté d'être «canadian»

Philippe Couillard prend plusieurs libertés avec les faits

Sa malhonnêteté intellectuelle amplifie ses fausses affirmations

Tribune libre

Depuis ce 13 juin 2015, alors que Philippe Couillard discourait devant les membres de son parti réunis en congrès à Montréal, je suis resté accroché à la phrase suivante:
« Nous sommes fiers de l’alliance entre George-Étienne Cartier et John A. Macdonald, qui a permis de jeter les bases de notre fédération, mais également de mettre en place des mesures assurant la promotion et la protection du caractère français et distinct du Québec.»

Puis-je partager cette fierté de collaboration entre deux pères fondateurs du Canada de 1867 ? La lecture que fait Philippe Couillard de cette portion de l'histoire du Canada est-elle respectueuse avant tout du fait français au Canada dans son ensemble ?

Le doute envers l'absence de vérité est encore plus grand avec le 2e membre de la phrase citée ci-haut au sujet " mais également de mettre en place des mesures assurant la promotion et la protection du caractère français et distinct du Québec.» En réalité, les colonisateurs anglais, tel qu'écrit dans le Rapport Durham ( janvier 1839 ), ont comme véritable intention l'assimilation des francophones pour leur plus grand bien.

Ainsi, l'opinion historique transmise par Philippe Couillard est nulle autre qu'une lecture biaisée résultant d'une malhonnêteté intellectuelle comme il en est capable. Ça ne prend qu'un auditoire de fédéralistes pour boire de telles paroles. Pitoyable !

Avec son refus de s'expliquer sur son séjour prolongé en Arabie saoudite entre 1992 et 1996 alors qu'il occupait un poste de responsabilité à l'hôpital Saint-Luc de Montréal, et avec le mystère qui entoure la destination des ses salaires durant ce long séjour, des millions de dollars libres d'impôts ( il n'a pas quitté l'hôpital St-Luc pour gagner moins comme pour travailler pour médecins sans frontières ...) on sent que l'argent est un puissant mobile pour ce neurochirurgien en retraite professionnelle prématurée maintenant qu'il agit en politicien.

Le chirurgien Philippe Couillard ne révélera jamais s'il a fait une ou des erreurs médicales profitant du capital de sympathie et du secret professionnel entourant la pratique médicale. Malgré un désir d'honnêteté chez cet homme, ce qu'on pouvait penser avant de mieux le connaître depuis son accession au poste de Premier ministre du Québec, on constate chaque semaine à quel point la tête de Philippe Couillard est à géométrie variable et s'accommode de propos ambigus ( ex: qu'est-ce qu'un discours haineux dans le projet de loi 59 ? ).

Ainsi, Philippe Couillard se dit fier " de l’alliance entre George-Étienne Cartier et John A. Macdonald, qui a permis de jeter les bases de notre fédération, ..."

On sait, par différentes déclarations publiques faites durant la campagne électorale qui a précédé son élection le 7 avril 2014, que Philippe Couillard a répété son intention de ramener le Québec comme signataire de la loi constitutionnelle de 1982. Une telle affirmation annonce pour les Canadiens-anglais une position de faiblesse qui signifie que le texte constitutionnel actuel convient d'emblée au Québec. Ceci est faux et tous les premiers ministres du Québec avant lui l'ont compris en ne signant pas.

Je ne suis pas certain que les Québécois puissent être fiers de cette alliance entre deux personnages troubles quant à la défense et la promotion du fait français au Québec et au Canada, en Acadie et chez les Métis de l'Ouest.

Prenons le dossier de la condamnation de Louis Riel, mort par pendaison à Regina le 16 novembre 1885. Voici ce qu'écrit l'auteur Marc Labelle dans son essai " Le colonialisme canadien-anglais " (1997), je cite: « En 1885, Louis Riel, chef des Métis et fondateur du Manitoba, est condamné par un jury anglais et protestant, qui demande néanmoins la clémence. Face aux protestations des Québécois contre ce procès bidon, le premier ministre du Canada, John Macdonald, déclare: « Il sera pendu, dussent tous les chiens du Québec aboyer en sa faveur.»

On ne peut que fondre de joie devant un tel débordement d'amour ! Sûrement que Philippe Couillard fait une lecture sélective pour nourrir sa fierté envers John Macdonald. Son patriotisme n'est nullement québécois. D'ailleurs plusieurs disent que Philippe Couillard s'est trompé de capitale alors qu'il cadrerait mieux à Ottawa.

L'autre personnage de l'alliance objet de fierté de Philippe Couillard est le politicien Georges-Étienne Cartier, député de Verchères et avocat du Grand Trunk Railway, chemin de fer fondateur à la clé de l'expansion du Dominion du Canada vers l'ouest. Jean-Claude Germain, historien, écrit sur le site meteopolitique.com un article intitulé: « Le grand conflit d'intérêts de George-Étienne Cartier, l'âme du Grand Tronc Railway »

Voici un extrait de Jean-Claude Germain tiré du chapitre intitulé, " Tout ce qui profite au Grand Tronc profite à Cartier ". Il illustre bien les mailles serrées qui existent entre les responsabilités politiques de Cartier et le bien de ses clients et ses propres avantages pécuniers: « Porte-parole du Grand Tronc à l'Assemblée législative, Cartier soumet les diverses requêtes de la compagnie ferroviaire à la Chambre, qui les réfère au Comité des chemins de fer, dont il est le président, lequel rend un jugement invariablement favorable à leur adoption. C'est un système expéditif et sans faille!

Pendant vingt ans, son cabinet d'avocats s'occupe également, pour le compte du Grand Tronc, des ventes et des achats de terres, des transferts de propriété, du règlement des litiges, des procès, des enquêtes sur les réclamations d'accidents, des grèves et des conflits de travail.

 Sur le plan strictement politique, le rôle de Cartier consistait à bloquer la concurrence ferroviaire, c'est-à-dire protéger le monopole du Grand Tronc sur le port de Montréal et empêcher la création d'autres lignes vers Québec et le long de l'Outaouais vers l'Ouest.»

Donc, Georges-Étienne Cartier est objet de fierté pour Philippe Couillard sans doute parce qu'ils ont en commun cet amour de l'argent et des honneurs, le tout réalisé avec moulte libertés prises avec les faits.

Le Québec a été humilié par Trudeau-père en 1982 en étant rejeté par les pseudo-associés du Canada. Ils ont accepté cette exclusion pour faciliter un plan machiavélique de fausse loi constitutionnelle pour un pays artificiel, le Canada. D'ailleurs, ce pays artificiel est dysfonctionnel selon l'appréciation de l'ex-ministre libéral du Québec, Claude Castonguay. ( La fin des vaches sacrées, La Presse, p.179 )

Les canadiens-anglais savent mieux qu'on le pense que leur pays est dysfonctionnel et embourbé dans l'exploitation des matières premières sales. D'autre part, les Québécois ne savent pas assez le pouvoir qu'ils détiennent en mettant fin au Canada d'un océan à l'autre, ce qui libérerait des millions de personnes devant le mythe du Canada, pays éternel devant les dieux.

Au prochain scrutin fédéral, il faut voter Bloc Québécois pour actualiser nos forces secrètes, soit exactement le contraire du diagnostique de « l'autédévalorisation compensatrice de l'impuissance du colonisé » tel que décrit par l'auteur Marc Labelle dans son oeuvre " Le colonialisme canadien-anglais " ( 1997 ).


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    9 septembre 2015

    Excellent texte Monsieur Lachapelle! Votre référence pour mieux connaître George - Étienne Cartier est pertinente. Ceux qui veulent en apprendre davantage sur John A Macdonald n'ont qu'à cliquer son nom sur le site de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB). La perle de la désinformation appartient, selon moi, à Gil Rémillard qui affirmait le plus sérieusement du monde vers 1990 que le Québec et l'Ontario s'étaient toujours bien entendus, la preuve en était l'Union du Bas et du Haut-Canada. De la part d'un constitutionnaliste, on ne saurait mieux mentir...