Pétrole - La raison d’abord

Le Québec et le pétrole


Le Québec doit-il rejeter de façon définitive toute forme d’exploitation des hydrocarbures et consacrer ses investissements aux économies d’énergie et au développement de sources alternatives ? À la lecture du discours d’ouverture prononcé mercredi par la première ministre Pauline Marois, le gouvernement du Parti québécois ne semble pas prêt à suivre cette voie suggérée avec insistance par certains écologistes. Il a raison.

Le débat intense qui a conduit à l’arrêt des travaux d’exploration gazière dans la vallée du Saint-Laurent a été l’occasion pour les militants écologistes de confondre le cri du cœur lancé par les citoyens touchés, et leur propre opposition beaucoup plus large à tout projet d’exploitation ou de transport d’énergie fossile au Québec et dans le monde. Ce qui inclut le gaz de schiste, bien sûr, mais aussi le pétrole d’Anticosti, de la Gaspésie et du golfe, de même que l’acheminement de pétrole de l’ouest vers Montréal et Québec par un oléoduc existant dont on aura inversé le flux de circulation.

Ce qui, au départ, était un appel pressant lancé par des citoyens menacés directement par des cowboys du gaz insouciants de leur sort et de l’environnement serait-il donc la preuve de l’opposition déterminée des Québécois aux hydrocarbures ? Mais non !

En réalité, les Québécois sont beaucoup plus terre-à-terre et conscients du fait que, malgré les efforts qui doivent être consentis pour lutter contre le réchauffement climatique, le monde n’est pas sur le point d’abandonner la consommation d’hydrocarbures pour se transporter, se chauffer, faire fonctionner ses usines et même produire son électricité.

Ces mêmes Québécois, dont nous sommes, pensent aussi que les pays qui, tels le Vénézuéla, les États-Unis, la Russie ou la Norvège ont la chance de marcher sur d’importantes réserves de pétrole, seraient irresponsables de ne pas les exploiter.
Selon certains militants, le Québec pourrait facilement se passer de produire du pétrole ou du gaz pour se concentrer immédiatement sur le développement des technologies vertes et sur les économies d’énergie.

Or, ce qui semble simple en théorie ne l’est pas dans la pratique. On l’a vu récemment pour les économies d’énergie : parce qu’Hydro-Québec y a beaucoup investi ces dernières années en plus de construire des barrages, elle se voit aujourd’hui forcée de demander des hausses de tarifs pour compenser la diminution de ses ventes.

Quant aux technologies vertes, il s’agit d’un domaine où la concurrence est sans merci, le niveau de risque très élevé, et la probabilité de rendements positifs minime dans l’état actuel du marché mondial. Avec quel argent entend-on jouer à cette loterie ?

De toute façon, rien n’empêche le Québec d’exploiter le pétrole accessible sans risques indus pour l’environnement tout en continuant d’investir dans la construction d’éoliennes, au contraire ! Et compte tenu de notre bilan respectable au chapitre des émissions de gaz à effet de serre, nous profitons d’un avantage comparatif qui autorise à tenter notre chance du côté des hydrocarbures, si le jeu en vaut la chandelle, bien sûr !

Dans son discours d’ouverture, cette semaine, la première ministre Marois a laissé entendre que son gouvernement était « déterminé à exploiter [le pétrole], mais à partir des pratiques les plus élevées en matière de protection de l’environnement et d’acceptabilité sociale ». Le gouvernement adopte ainsi la voie la plus équilibrée. Celle à laquelle aspire une majorité de Québécois.


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