Pénurie de travailleurs, mais ADM en congédie

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L'immigration : une main d'oeuvre à bas coût voulue par le haut patronat


Des mécréants


Ça va faire l’exploitation des travailleurs les plus vulnérables par des faiseux qui n’ont aucune conscience sociale. Afin d’être supposément plus efficaces et efficients, les dirigeants d’Aéroports de Montréal (ADM) viennent de congédier brutalement 93 employés affectés à la sécurité et au service à la clientèle qui, selon leurs dires, gagnaient trop, soit entre 25 000 $ et au gros max 50 000 $ par année. Ces travailleurs au statut précaire ont refusé, avec raison, une offre « humanitaire » des boss d’ADM de réduire leurs salaires extravagants de « seulement » 27 à 33 % l’an. Mal leur en pris, car les patrons leur ont montré la porte de sortie afin de donner les emplois en sous-traitance à une firme de mercenaires qui paiera dorénavant le salaire minimum et zéro bénéfices marginaux. Dans le but de rationaliser et de réduire les coûts, les administrateurs n’ont pas dit s’ils baisseraient leurs propres rémunérations afin de donner le bon exemple. Voilà, ce n’est pas compliqué, on « flushe » et on passe à la trappe 93 travailleurs par un simple communiqué de presse qui fera l’objet d’une brève mention dans nos médias d’information. On vient de briser la vie de ces gens, mais il ne faut pas trop s’en faire avec ça : ce ne sont que des roturiers. Les entreprises appellent ça, la flexibilité et la souplesse qui leur permettent d’être agiles. Comment nos lois du travail consentent-elles une telle ignominie sinon par la complicité de nos élus? ADM est sous l’autorité du gouvernement fédéral et Justin Trudeau doit intervenir afin d’empêcher ces congédiements abusifs et sauvages. Tout simplement abject. 


Le sous-traitant va les prendre où ses employés?


Pénurie d’emploi est censé rimer en économie avec salaires plus élevés. Ça, c’est l’insignifiante théorie enseignée par des pantins universitaires à leurs étudiants. Mais le nouveau sous-traitant appelé à faire une sale job de bras va les prendre où ses nouveaux employés? Il n’y en a tout simplement pas! Il y a une grave crise aigüe de manque de travailleurs que nous serinent sans cesse le patronat et ses politiciens subjugués : « Le Québec atteint le plein-emploi. Le problème de la pénurie de main-d’œuvre s’en trouve exacerbé » (Le Devoir, 30 janvier 2018). Ça, c’est l’Institut du Québec, un organisme de recherche patronal associé au Conference Board et qui loge aux HEC Montréal, une sorte de succursale du patronat qui lui donne un pseudo vernis universitaire et scientifique. Il y a aussi le cabinet international d’experts-comptables Price Waterhouse qui, remplissant une commande, nous apprend que : « La pénurie de main-d’œuvre affecte le Québec » (Le Devoir, 14 juin 2018). Et puis, le Conseil du patronat, un organisme à but non lucratif, qui lance ce cri du cœur : « 70 % des entreprises ont des difficultés à recruter de la main-d’œuvre » (Le Devoir, 11 février 2017). Alors je répète ma question : les bonzes d’ADM vont dénicher leurs nouveaux travailleurs où, surtout s’ils sont payés au salaire minimum? Qui veut aller travailler à Dorval dans un environnement exécrable et au salaire minimum? Pas grand monde, sauf que, avec des gouvernements complices de ce vil travail d’exploitation, il y a toujours moyen de moyenner. Alors, comme disait le poète, pourquoi l’employeur doit faire compliqué et pour plus cher quand il peut faire simple et pour beaucoup moins? Il s’agit d’activer la grosse milice de lobbyistes qui a ses entrées privilégiées aux parlements et de brandir quelques épouvantails, comme le risque de faillite, le déficit de compétitivité, etc. Et hop, à un problème artificiel créé par le patronat et repris souvent par les médias pour faire peur au monde, les élus vont prétexter l’urgence de la situation et permettre à ces profiteurs de faire venir et d’embaucher de travailleurs immigrés que l’on peut associer à du quasi-esclavagiste. 


Par ici le « cheap labor » des travailleurs étrangers


« Les employeurs québécois veulent plus de travailleurs étrangers temporaires » (Le Devoir, 8 décembre 2018). Comme pour aller travailler à l’aéroport Pierre-Elliot Trudeau pour des pinottes, surtout pas de syndicats, et qui seront embauchés par le nouveau sous-traitant. On ne se cache même plus pour exploiter les travailleurs les plus pauvres et les plus vulnérables. Ça se fait au vu et au su de tous. On n’a surtout aucune gêne. Au contraire, ils prétendent ainsi faussement créer de l’emploi et de la richesse.


Mais qu’est-ce qu’il y a de mieux que des travailleurs étrangers temporaires que je vous demande? Mais voyons donc, vous ne saviez pas ça? La réponse est tellement logique dans un contexte d’exploitation continue : « Des travailleurs étrangers “permanents” souhaités » (Le Journal de Montréal, 2 décembre 2014). Et le patronat qui en redemande : « Accueillir moins d’universitaires et plus d’ouvriers demandent les entreprises » (Radio-Canada, 16 novembre 2018). Moins d’universitaires et plus d’ouvriers, pourquoi? Je me questionne... Tiens, le patronat l’a dit : « Les PME dénoncent l’élitisme en immigration. Le Québec devrait ouvrir ses portes aux travailleurs non qualifiés » (Le Devoir, 18 août 2016). Des travailleurs non qualifiés prêts à aller travailler à l’aéroport de Montréal pour pas beaucoup. Voyons donc, faire venir au Québec des immigrants diplômés universitaires, c’est tellement élitiste! Et le joyeux président de la Chambre de commerce de Montréal, Michel Leblanc, une sorte d’humaniste mystificateur et porté sur l’exploitation, qui a publié cette touchante opinion, qui m’a arraché plusieurs grosses larmes, dans La Presse du 25 juin 2015 : « Nous sommes tous immigrants. Il faut accroître le nombre de travailleurs de l’immigration à 6000 personnes par année ». Un texte vraiment poétique qui a rendu Richard Desjardins très jaloux. Alors, tout le monde est immigrant, partout dans le monde. On en apprend tous les jours, non? Ah oui, ce qui est bien aussi est ceci : « Les usines veulent embaucher (au Québec) des immigrants qui ne connaissent pas le français » (Le Devoir, 3 février 2016). Le français au Québec, qu’ossa donne? La langue française est un irritant au développement des affaires, n’est-ce pas?


Le mot de la fin au préposé aux commandes


Le préposé aux commandes, c’est qui? C’est notre nouveau premier ministre caquiste, voyons : « Travail. Une main d’œuvre vulnérable (mais c’est en plein ce que le patronat veut. Cessons de faire les hypocrites. En tout cas, c’est ce que ADM veut). Pénurie oblige (toujours le même mensonge qui sera repris par les patrons d’ADM et son sous-traitant), François Legault veut faire venir davantage de travailleurs temporaires étrangers. Certains s’inquiètent des risques d’abus auxquels ils sont exposés » (Le Devoir, 7 décembre 2018). Bah, pourquoi s’en faire pour si peu, c’est-à-dire pour des esclaves modernes qui viennent de pays dit sous-développés? Plus important est de se demander si le Canadien va faire les séries. Alors, avec la collaboration de nos politiciens, les travailleurs récemment virés par ADM seront remplacés par des travailleurs immigrés peu exigeants et plus dociles embauchés par le nouveau sous-traitant. Ils vont prétexter la pénurie de travailleurs et vous allez les croire. Payez vos travailleurs convenablement avec des conditions de travail décentes et vous allez constater que la pénurie d’emplois n’est qu’un mythe entretenu par des imposteurs et des exploiteurs.