Il faut croire que les tristes attentats contre la grande mosquée de Québec, le 29 janvier dernier, ont fait le lit d’un resserrement des lois concernant la liberté d’expression. Le Parlement canadien vient tout juste d’adopter un projet de loi destiné, en principe, à lutter contre l’islamophobie et à restreindre, en pratique, le droit de critiquer l’islam. La motion M-103, une pétition de principe adoptée par une forte majorité à la Chambre des communes, interpelle le gouvernement pour qu’il finisse par « reconnaître qu’il faille (sic) endiguer le climat de haine et de peur qui s’installe dans la population », selon ce que rapportait Radio-Canada.
Qu’il nous soit permis de questionner cette notion, combien alambiquée, de « climat de haine et de peur » dans un contexte où les élites au pouvoir empêchent le peuple de nommer ce dont il est témoin. Ainsi, s’offusquer du fait que la charia s’inocule, chaque jour d’avantage, au cœur même des règles censées garantir le « vivre ensemble » constitue une dérive de la pensée qui est montrée du doigt. Et, in fine, dénoncer l’éclosion protéiforme d’un terrorisme islamiste qui fait, désormais, la pluie et le beau temps est assimilé à la plus vile calomnie.
La parole citoyenne est confisquée par les nouveaux recteurs du consistoire mondialiste qui veille sur la doxa. « Le petit cercle de ses idées se rétrécit encore », pourrait ajouter Flaubert.De fait, la quadrature du cercle se forme à cet endroit précis où la montée crescendo des situations de tension rencontre la parole confisquée des simples quidams à qui l’on recommande une cure de rééducation. La députée libérale Iqra Khalid, l’auteur de cette imbuvable mouture, nous prévient que le projet de loi « M-103 ne restreint pas la liberté d’expression. La motion n’est pas juridiquement contraignante. » Bien évidemment, on comprendra qu’il s’agit d’une loi gigogne qui prépare le terrain pour que soit amarrées de subséquentes dispositions qui seront de plus en plus contraignantes ! Tiens donc, toute cette rhétorique nous rappelle le discours paternaliste des auteurs du Decodex (Le Monde) qui affirmaient, sans sourciller, que leur objectif n’était « nullement d’orienter le débat public », mais plutôt de « contribuer à le stimuler en le préservant mieux de ceux qui cherchent à l’étouffer par la prolifération de contenus fallacieux ou tendancieux ». Nul besoin de chercher midi à quatorze heure : nos maîtres de la casuistique cherchent, tout benoîtement, à nous protéger de… nous-mêmes !
Outre ce fameux « climat de haine et de peur » qui s’installe dans les chaumières — ce qui pousse nos précepteurs de discipline à « condamner l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination » —, le législateur canadien recommande que le Comité permanent du patrimoine canadien entreprenne une étude sur la façon dont nos bons bergers pourraient établir une « approche pangouvernementale pour la réduction ou l’élimination du racisme et de la discrimination religieuse systémique, dont l’islamophobie, au Canada ».
Pardi, c’est Mélanie Joly, titulaire en charge du ministère du Patrimoine canadien, qui devient la chargée de projet pour cette belle entreprise de lessivage des cerveaux. Puis, une fois l’opération de redressement des consciences accomplie, il ne restera plus qu’à nous pondre une nouvelle mouture destinée à criminaliser les récalcitrants qui omettraient de se plier aux nouvelles lois de cet aimable « vivre ensemble » à géométrie variable.
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