Pas de guerre opposant l’Iran et les USA prochainement : Trump ne sait pas comment négocier avec l’Iran

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La montée des tensions n'est qu'un simple moyen de pression contre Téhéran

Traduction : Daniel G.


La perspective d’une guerre entre les USA et l’Iran est peu probable dans les deux prochains mois, malgré les campagnes médiatiques, les sanctions unilatérales des USA et le renforcement des forces US au Moyen-Orient. Les sanctions des USA contre l’Iran remontent à 1979 et ont pris pendant la présidence de Obama une ampleur beaucoup plus grande que celles imposées l’an dernier par l’actuelle administration américaine. L’Iran a accepté de négocier un accord avec Obama seulement après que celui-ci convienne du droit de l’Iran à la recherche et au développement dans le domaine nucléaire. Le président américain Donald Trump ne fait que réimposer des sanctions qu’avait déjà subies l’Iran.


Malgré le roulement des tambours de guerre, les deux parties ne veulent pas de guerre coûteuse et les menaces, qui amplifient les tensions de façon palpable, ne sont rien de plus que des menaces. Le président aux abois et son équipe de néoconservateurs formant son administration semblent étonnamment ignorer comment négocier avec l’Iran. Ils cherchent délibérément à créer une situation dangereuse au Moyen-Orient, mais finiront par décharger leurs armes en vain, dans des eaux profondes et vides. Cependant, au cours des 60 prochains jours que le président iranien Hassan Rouhani a donné aux signataires européens de l’accord sur le nucléaire, pour qu’ils respectent les engagements qu’ils avaient pris avant de se retirer partiellement de l’accord, le niveau de tension s’amplifiera. Après ces 60 jours, Trump devra désamorcer les tensions (ce qui est peu probable), imposer encore plus de sanctions ou envisager la possibilité d’une guerre.


Les sanctions américaines contre l’Iran ne sont pas internationales, mais unilatérales. L’ONU, l’Europe, la Russie, la Chine et l’Irak sont du côté de l’Iran même s’ils ne sont pas en position de persuader Trump de changer d’idée et de lever ces sanctions.


L’Europe est prise au dépourvu en raison de l’importance de ses relations politiques, commerciales et militaires avec les USA d’une part, et de sa volonté de respecter sa signature de l’accord sur le nucléaire iranien. L’Europe, tout comme l’Iran, a été prise de court par les sanctions américaines et est bien au fait des articles 26, 36 et 37, qui autorisent les responsables iraniens à se retirer partiellement ou totalement de leurs engagements.


Sur le plan intérieur en Iran, le président Rouhani a trouvé un équilibre entre les radicaux et les pragmatiques. Bien des décideurs iraniens, dirigés en coulisses par le guide suprême Sayyed Ali Khamenei, croient que l’Iran devrait se retirer de l’accord sur le nucléaire (comme le prévoit la déclaration d’intention) signé par la communauté internationale et l’Iran.


Les radicaux n’ont jamais cru en l’engagement des USA et ont été pris par surprise quand l’administration Obama a signé l’accord sur le nucléaire. Sayyed Ali Khamenei a alors dit « si les USA n’honorent pas leur engagement, nous déchirerons l’accord nous-mêmes ». Mais il a permis au président Rouhani d’essayer et, pendant quelques années, les choses semblaient bien aller.


Obama a tenté de négocier d’autres accords, mais il a échoué en raison de l’intransigeance de Sayyed Khamenei : « Seul l’accord sur le nucléaire est sur la table de négociation ». L’administration américaine voulait discuter du soutien de l’Iran à ses partenaires au Liban (Hezbollah) et en Palestine (Hamas et Djihad islamique) et à diverses factions en Irak qui partagent ses objectifs et son idéologie, ainsi que son opposition à l’hégémonie mondiale des USA et au refus d’Israël d’accorder aux Palestiniens un État. En fait, si l’Iran cessait son soutien à ces intervenants non étatiques, il irait à l’encontre de sa propre constitution et se désarmerait lui-même en se dissociant de partenaires influents dont l’appui sera fort apprécié si les affrontements potentiels qui menacent le Moyen-Orient devaient se concrétiser.


En fait, si l’Iran continue d’armer et de financer ces partenaires, c’est dû à sa méfiance absolue des intentions américaines depuis 1979. Cette méfiance n’a fait que s’accroître depuis l’occupation, par les forces US, de l’Afghanistan en 2001 puis de l’Irak en 2003, la guerre au Hezbollah (partenaire de l’Iran) au Liban en 2006 et la guerre (ratée) visant un changement de régime en Syrie. L’Iran est convaincu qu’il est le prochain sur la « liste des cibles » des USA, comme l’a affirmé le général américain Wesley Clark,dont l’objectif est de créer un « nouveau Moyen-Orient », une trame narrative présentée par le premier ministre Shimon Peres en 1996, répétée par Condoleezza Rice en 2006 et par d’autres responsables américains et israéliens depuis.


L’ambition de Trump, c’est d’être réélu en 2020. S’il déclare la guerre à l’Iran, il souhaiterait détruire l’Iran dès la première vague d’attaques et créer une situation similaire à celle de 1988, lorsque l’imam Khomeini a accepté une résolution de paix avec l’Irak, en la qualifiant de « plus mortelle qu’avaler du poison ».


L’Iran en 1988 ne disposait pas des mêmes capacités que l’Iran de 2019. Trump pourrait ne pas parvenir à pousser l’Iran à la table de négociations. Une guerre ne lui permettrait pas d’atteindre ses objectifs et de détruire toutes les capacités de l’Iran, pas plus que d’empêcher le soutien de l’Iran à ses partenaires au Moyen-Orient. À cela s’ajoute la possibilité d’une explosion des prix du pétrole et le fait que les bases américaines autour de l’Iran représentent des cibles potentielles pour les missiles balistiques de précision de l’Iran, si Trump ne parvient pas à les détruire tous lors de la première vague d’attaques. Mais chose certaine, en cas de guerre, Trump créera une catastrophe humanitaire en Iran. La réponse de la République islamique sera alors cinglante.


source:https://ejmagnier.com/2019/05/14/pas-de-guerre-opposant-liran-et-les-usa-prochainement-trump-ne-sait-pas-comment-negocier-avec-liran/