La renarde et le mal peigné

Parlement de Québec, mardi le 11 avril '93

"Il faut renouveler les institutions et les moeurs électorales"

Tribune libre

Lors de ses recherches pour composer son recueil de correspondance amoureuse entre Pauline Julien et Gérald Godin, l’auteure, Pascale Galipeau, a fait « une découverte, quasiment archéologique », à savoir d’autres lettres de Gérald dont elle ignorait l’existence et qui constitue un apport substantiel « par tout le contexte de la Révolution tranquille…un passage bouillonnant de l’histoire du Québec ».
Parmi ces lettres, j’ai pensé vous offrir un extrait de l’une d’elles qui, malgré qu’elle date de 20 ans, serait encore aujourd’hui tout à fait d’actualité, à preuve qu’en politique, les chemins empruntés sont souvent tortueux et cahoteux.
« …Ici, au Parlement, les libéraux vont déposer d’ici quelques jours un projet de loi qui permet l’affichage en anglais. C’est tellement ridicule de rouvrir encore une fois le dossier de la langue que les gens sont désespérés – après 15 ans de la loi 101. Tout le monde a le sentiment de perdre son temps et il n’y a rien de plus corrosif. On piaffe tous d’impatience pour les élections. Ryan et Bourassa se pourlèchent les babines et espèrent récupérer le vote des Anglais. Mais je crois qu’ils se mettent le doigt dans l’œil. Tant que les Québécois ne seront pas plus sur la pente glissante de l’assimilation, les Anglais du Québec vont préférer rester dans leur ghetto, même au point de vue électoral. De plus en plus, nous croyons qu’il faut une élection dans moins d’un an, c’est-à-dire au printemps ’94, pour répéter l’histoire de 1976. Mais seul Bourassa est maître de la situation. Il faudrait envisager la mise en place d’un référendum d’initiative populaire pour que le peuple décide quand il y a des élections au Québec. J’ai l’intention d’en faire une proposition pour la plate-forme électorale du PQ. Il faut renouveler les institutions et les mœurs électorales si l’on veut que la jeune génération s’intéresse à la politique, mais sans se mettre la tête sur le billot non plus. Beau problème de quadrature du cercle. Mais il faut toffer, toffer, toffer et gagner à la prochaine occasion… »
C’est Napoléon Bonaparte qui disait : « Bien analysée, la pensée politique est une fable convenue, imaginée par les gouvernants pour endormir les gouvernés. » À regarder les décennies s’écouler dans notre « merveilleux » monde politique, je serais porté à penser que certains de nos politiciens ont développé des talents d’hypnotiseurs! D’en haut, j’ai bien l’impression que Gérald Godin doit se dire, qu’avec de tels manipulateurs au pouvoir, ce n’est pas pour demain que les institutions et les mœurs électorales seront renouvelées et que, de la sorte, « la jeune génération s’intéresse à la politique »!
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2032 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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