Conflit étudiant

Parizeau «n'en revient pas»

L'homme politique croit finalement que le mouvement souverainiste récoltera un jour les retombées de cette grève étudiante historique. «On essaye d'échapper à ce débat-là, mais on n'y arrive pas. Tous les chemins mènent à Rome», a illustré Jacques Parizeau. «Toutes les discussions au Québec aboutissent invariablement à : qu'est-ce qu'on veut faire de notre Québec?»

États généraux sur la souveraineté



Samuel Auger Le Soleil (Québec) Des centaines de milliers de personnes dans les rues, un conflit social en train de «pourrir» depuis 15 semaines : l'ancien premier ministre du Québec Jacques Parizeau «n'en revient pas». Le souverainiste notoire et ancien chef de gouvernement semble aussi épaté par «l'extraordinaire réveil d'une génération».
Jacques Parizeau était de passage dimanche midi à l'Université Laval dans le cadre des États généraux sur la souveraineté. Pressé par des étudiants de se prononcer sur le conflit étudiant qui enflamme le Québec depuis trois mois, l'ancien chef du Parti québécois n'a pas voulu se mouiller directement et a évité toute référence directe aux droits de scolarité ou encore à la loi spéciale.
Ce qui ne l'a pas empêché cependant de parler par la bande de la jeunesse dans la rue et des manifestations quotidiennes. «Ça se sent à l'heure actuelle. Un extraordinaire réveil d'une génération», a lancé l'ancien premier ministre. Le mouvement social lui rappelle d'ailleurs sa propre jeunesse, alors qu'une nouvelle génération de politiciens allait transformer la province pour des décennies. «La Révolution tranquille, dont on vante constamment les réalisations, c'est une révolution de jeunes! L'atmosphère à ce moment-là était irrésistible.»
Reprenant une célèbre citation de l'ancien président français François Mitterrand, Jacques Parizeau a affirmé son soutien à la jeunesse québécoise dans la rue. «Il n'est pas vrai que les jeunes aient toujours raison. Mais une société a toujours tort de taper dessus.»
Le souverainiste, longuement applaudi par la foule hier à l'Université Laval, a également souligné le caractère imposant des manifestations sociales ayant cours un peu partout au Québec. «Il y a une seule chose qui me frappe. Je trouve ça fascinant, et c'est la première fois que je vois ça. Que 200 000 personnes puissent manifester au Québec, sans un seul drapeau canadien. J'en reviens pas!»
Ralliement identitaire
Le ténor indépendantiste dit aussi voir un ralliement identitaire majeur dans les manifestations. «Ces manifestations-là sont en train de régler le problème identitaire. J'en ai organisé des manifestations dans ma vie... La plus grosse que j'ai organisée dans ma vie, je n'ai pas pu avoir plus de 100 000 personnes. Deux cent mille personnes, ça m'impressionne. Et avec seulement des drapeaux du Québec! Mon Dieu, il y a tellement de questions qui se règlent!»
Jacques Parizeau a soigneusement évité de jouer les belles-mères et de dicter une conduite, autant pour la chef du Parti québécois, Pauline Marois, que pour le premier ministre Jean Charest. L'ancien premier ministre a toutefois eu une phrase cinglante envers le chef libéral, estimant qu'il était un peu illusoire de croire à une sortie de crise facile après avoir laissé un conflit s'envenimer de la sorte. «Qu'on ait laissé pourrir pendant 14 semaines, ou 15 semaines, quelque débat social que ce soit... Je n'en reviens pas!» a lâché le péquiste.
L'homme politique croit finalement que le mouvement souverainiste récoltera un jour les retombées de cette grève étudiante historique. «On essaye d'échapper à ce débat-là, mais on n'y arrive pas. Tous les chemins mènent à Rome», a illustré Jacques Parizeau. «Toutes les discussions au Québec aboutissent invariablement à : qu'est-ce qu'on veut faire de notre Québec?»


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