Sondage Léger-Marketing-Le Devoir-The Globe and Mail

Oui à Harper, mais sous surveillance

55 % des Québécois estiment que le chef conservateur mérite d'être reporté au pouvoir

Élections fédérales du 14 octobre 2008

À la veille du déclenchement des élections fédérales, la majorité des Québécois estiment que Stephen Harper mérite d'être réélu. Ils hésitent toutefois à lui accorder un mandat majoritaire.
Comme tend à le démontrer un sondage Léger Marketing-Le Devoir-The Globe and Mail, 55 % de la population du Québec estime que le chef conservateur mérite d'être reporté au pouvoir après deux ans et demi à la tête du gouvernement. Les nombreuses controverses qui ont secoué les rangs conservateurs au cours des derniers mois, notamment celles concernant les relations amoureuses de l'ex-ministre Maxime Bernier, l'affaire Cadman et la perquisition d'Élection Canada au Parti conservateur (PC), semblent être oubliées de prime abord.
Mais les Québécois démontrent toutefois une certaine réserve. Ils sont partagés, presque à parts égales, quant au type de mandat à accorder à Stephen Harper. Ils sont 28 % à croire que le chef conservateur mérite d'être majoritaire, alors que 27 % des répondants lui accorderaient plutôt un deuxième mandat minoritaire.
«On a peur d'un gouvernement Harper majoritaire. On le met donc sous surveillance. Ce sera au coeur de la campagne électorale, alors que les conservateurs auront à démontrer qu'ils méritent d'avoir les coudées franches pour être véritablement décisionnels», analyse le sondeur Jean-Marc Léger, de Léger Marketing.
Selon ce dernier, l'équipe du PC aura à démontrer quel est l'avantage pour les Québécois d'avoir un gouvernement majoritaire. Dans la grande région de Québec, l'électorat semble largement convaincu de faire confiance à Stephen Harper. Comme le révélait hier la première tranche du sondage Léger Marketing-Le Devoir-The Globe and Mail, 50 % de la population de la région de Québec appuie le PC, contre seulement 20 % pour le Bloc québécois. Pour l'ensemble du Québec, les conservateurs obtiennent 30 % des intentions de vote, après répartition des indécis.
Le Bloc québécois obtient un score semblable. Les libéraux doivent se contenter d'une troisième place avec 23 % d'appuis, contre 11 % pour le NPD et 5 % pour le Parti vert.
La tendance conservatrice ressort également de la perception qu'ont les Québécois de la campagne électorale qui démarrera demain. En effet, 60 % des électeurs estiment que le PC est favori pour remporter la victoire, contre 29 % qui croient que ce sont plutôt les libéraux de Stéphane Dion qui sortiront gagnants.
Une autre donnée pourrait également ralentir l'ardeur des libéraux. La majorité des Québécois, soit 59 %, estiment que Stéphane Dion n'a pas les qualités requises pour devenir premier ministre du Canada. Cette analyse fait son chemin au sein même des rangs libéraux, où un électeur sur quatre émet des doutes sur M. Dion. Ce sont principalement des personnes de langue française (62 %) qui voient mal comment M. Dion pourrait se vêtir des habits de premier ministre.
Jean-Marc Léger rappelle que, au Québec, Stéphane Dion n'a jamais été populaire depuis qu'il a fait adopter la Loi sur la clarté référendaire. Hier comme aujourd'hui, le chef libéral n'apparaît pas comme un atout pour les libéraux au Québec.
«M. Dion part de loin car il doit convaincre qu'il a l'étoffe d'être premier ministre. C'est d'autant plus difficile pour les libéraux que les intentions de vote laissent voir qu'ils sont au même point que sous la direction de Paul Martin en 2006», souligne M. Léger.
Toutefois, M. Dion apparaît comme l'homme de la situation pour protéger l'environnement et promouvoir la culture canadienne et québécoise. Stephen Harper suscite par contre plus de confiance pour ce qui est des dossiers liés à l'économie et aux finances publiques.
«L'environnement est un thème important mais secondaire. Le virage vert proposé par les libéraux est donc un coup de dés plutôt hasardeux, avec une crise économique à l'horizon», commente Jean-Marc Léger.
Du côté du Bloc québécois, le parti dirigé par Gilles Duceppe bénéficie d'un préjugé favorable dans la population. Ainsi, 58 % des Québécois, toutes allégeances confondues, considèrent que le Bloc est toujours utile à Ottawa.
«C'est la politique de la ceinture et les bretelles. En même temps que les Québécois estiment que Harper mérite d'être réélu, ils disent que le Bloc est le meilleur défenseur de leurs intérêts et qu'il a son utilité. En début de campagne, on ne tranche pas. On veut tout», décode M. Léger.
Pour le sondeur, la bataille électorale au Québec se résume à la question que semblent se poser les électeurs, c'est-à-dire: faut-il avoir le Bloc pour défendre les intérêts du Québec ou vaut-il mieux monter dans le train gouvernemental? Chose certaine, le Bloc est perçu comme le meilleur défenseur des intérêts du Québec sur la scène fédérale, avec 58 % d'appuis. Les libéraux se classent en deuxième place mais très loin derrière avec 18 %, contre seulement 13 % pour les conservateurs.
Mais ces deux résultats qui tendent à conforter le Bloc dans son image et son message ne se traduisent pas nécessairement en intentions de vote, comme le fait remarquer le sondeur. Depuis l'élection de 2006, où le Bloc avait obtenu 42 % des voix, il n'a cessé de voir ses appuis s'amenuiser. Il récolte actuellement 30 % des intentions de vote.
«Est-ce que les intérêts des Québécois sont en péril? Il n'y a pas de crise au Canada, alors le Bloc a beau dominer ce secteur-là, ce n'est pas un enjeu de la campagne», rappelle M. Léger.
Ce coup de sonde a été effectué pour le compte du Devoir et The Globe and Mail entre le 29 août et le 3 septembre auprès de 1001 personnes à travers la province. La marge d'erreur maximale se situe à 3,4 %, 19 fois sur 20.


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