On se crache dans les mains, pis on recommence!

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La souveraineté, la seule raison pour relever le défi existentiel que le fédéral pose à notre nation.


J’avais 15 ans en 1995 et je rêvais de tout mon cœur à l’indépendance de mon peuple. À ma demande, mes parents me conduisaient au comité local du Oui pour que je puisse y militer. J’y croyais.


Je me souviens de la défaite. J’étais effondré. Quand j’y pense, 25 ans plus tard, j’en pleure encore. 


Cette histoire m’habite. Je ne sais combien de fois j’ai visionné les quelques documentaires qui nous racontent cet épisode. J’ai lu tous les livres sur le sujet. Je cherche à comprendre. Pourquoi ce qui aurait dû aller de soi n’est pas arrivé ?


Je pense à l’alliance entre Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Mario Dumont. Je les admirais les trois. Je les admire encore. Ils représentaient chacun un chemin vers le pays. Jamais l’indépendance n’avait rassemblé une telle coalition. 


Coalition


Au fond de moi-même, je ne comprends pas qu’un Québécois n’embrasse pas l’indépendance. Cela me semble existentiellement incompréhensible. L’indépendantisme est l’expression pleinement assumée de notre instinct vital. 


À l’étranger, quand on me traite de canadien, je réagis toujours vivement, et j’inflige à mon pauvre interlocuteur une leçon d’histoire. Je lui explique qui nous sommes. Que nous résistons. Et qu’un jour, nous gagnerons. J’ai infligé cette conversation à je ne sais combien de chauffeurs de taxi, de serveurs, de vendeurs, dans une campagne référendaire permanente un peu vaine !


Je suis hanté, je le confesse, par la possible disparition de notre peuple, par sa condamnation à un destin folklo-rique, par la possibilité, bien réelle, que nous devenions minoritaires dans notre propre pays. Je redoute le jour où la démographie rendra l’indépendance impossible. Ceux qui sont insensibles à ce souci me semblent suicidaires. 


1995 aurait dû être un aboutissement. Ce fut un avortement. L’indépendance devait advenir et elle ne s’est pas faite. C’est la grande occasion manquée de notre histoire.


Au fond d’eux-mêmes, les Québécois ne sont pas fiers de 1995. 


Mais les Québécois savent aussi qu’ils auront une dernière chance. 


On le sent, le mépris du Québec est de nouveau à la mode. On nous accuse de ne pas être assez modernes et ouverts. En fait, on nous reproche tout simplement d’exister. Nous sommes de trop chez nous. 


L’indépendance est une question d’honneur. Nous ferons l’indépendance pour que le combat des générations passées ne soit pas vain. Avons-nous vraiment fait tout ce parcours pour finir comme une minorité empaillée dans le musée du multiculturalisme canadien ? 


Indépendance


Nous la ferons, parce que c’est une question de survie culturelle, mais aussi parce qu’elle nous grandira, et nous donnera le socle d’un plein épanouissement. 


Il était une fois le Québec libre. C’était le plus beau des rêves. Il peut renaître. Il y a de la place dans le monde pour un pays nommé Québec.


Le 30 octobre 1995, Jacques Parizeau a mal pris la défaite. Mais il a dit autre chose. « On se crache dans les mains, pis on recommence » ! Oui, un quart de siècle plus tard, il est temps de recommencer. 




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