"On lâche rien"

Au delà de cette filiation évidente, il faut apprécier le caractère résolument Gaulois et Français de ce texte, en totale rupture avec le courant d'anglomanie qui a caractérisé la chanson française ces dernières années.

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Chronique de Richard Le Hir

L'histoire est en phase de forte accélération et les événements se précipitent à la vitesse grand "V", autant à l'échelle du globe que chez nous.

Cette semaine, les étudiants sont parvenus à mobiliser pour une manifestation la plus grosse foule dans l'histoire de Montréal. Vigile a mis en ligne une vidéo produite à cette occasion qui fait justement ressortir l'énormité de cette foule http://www.youtube.com/watch?v=9CgD442YFRQ . Trouvant la trame sonore particulièrement entraînante, j'ai voulu en savoir plus, et j'ai découvert qu'il s'agissait d'un chant partisan interprété par un groupe français "Les Saltimbanks".

Voici le lien de la version originale http://www.youtube.com/watch?v=x6_7Mbp76jU .

J'ai été particulièrement frappé par les paroles qui m'ont rappelé celles du " Ah! Ça ira! "un chant patriotique de la Révolution française qu'interprétait Édith Piaf dans le célèbre film de Sacha Guitry, " Si Versailles m'était conté " http://www.youtube.com/watch?v=T7iW5AoFyd0 .

Au delà de cette filiation évidente, il faut apprécier le caractère résolument Gaulois et Français de ce texte, en totale rupture avec le courant d'anglomanie qui a caractérisé la chanson française ces dernières années.

Il s'agit d'une manifestation sans équivoque de rejet de cette tendance, et un signal que la révolution désormais en cours (car il s'agit bien d'une révolution) est fortement enracinée au plus profond de l'âme, de la culture et de la langue française.

C'est pour les Québécois indépendantistes la meilleure nouvelle possible, et ils doivent, comme le fait la vidéo sur la manifestation, se raccrocher à ce courant.

"On lâche rien" chanson de manif

Elle est entraînante, elle dit des vérités, elle a servi pour les manifestations... normal !!!

On lâche rien !
_ Du fond d' ma cité HLM
_ Jusque dans ta campagne profonde,
_ Notr' réalité est la même,
_ Et partout la révolte gronde.
_ Dans c'monde on avait pas not' place.
_ On avait pas la gueule de l'emploi.
_ On est pas né dans un palace.
_ On avait pas la CB à papa.
_ SDF, chômeurs, ouvriers,
_ Paysans, immigrés, sans papiers,
_ Ils ont voulu nous diviser,
_ Faut dire qu'ils y sont arrivés.
_ Tant qu'c'était chacun pour sa gueule,
_ Leur système pouvait prospérer,
_ Mais fallait bien qu'un jour on s'réveille
_ Et qu'les têtes s'remettent à tomber

_ ON LÂCHE RIEN !
_ Ils nous parlaient d'égalité,
_ Et comme des cons on les a crus.
_ "Démocratie", fais moi marrer,
_ Si c'était l'cas on l'aurait su.
_ Que pèse notre bulletin de vote,
_ Face à la loi du marché ?
_ C'est con mes chers compatriotes
_ Mais, on s'est bien fait baiser.
_ Et que pèsent les droits de l'homme
_ Face à la vente d'un Airbus ?
_ Au fond, y a qu'une seule règle, en somme :
_ "Se vendre plus pour vendre plus".
_ La République se prostitue
_ Sur le trottoir des dictateurs.
_ Leurs belles paroles on n'y croit plus,
_ Nos dirigeants sont des menteurs.

_ ON LÂCHE RIEN...
_ C'est tellement con, tellement banal,
_ De parler d' paix et de fraternité,
_ Quand des SDF crèvent sur la dalle,
_ Et qu'on mène la chasse aux sans papiers.
_ Qu'on jette des miettes aux prolétaires,
_ Juste histoire de les calmer;
_ Qu'ils s'en prennent pas aux patrons-millionnaires,
_ "Trop précieux pour notre société".
_ C'est fou comme ils sont protégés
_ Tous nos riches et nos puissants.
_ Y pas à dire ça peut aider
_ D'être l'ami du président.
_ Cher camarade, cher "électeur",
_ Cher "citoyen-consommateur",
_ Le réveil a sonné, il est l'heure,
_ d'remettre à Zéro les compteurs.
_ Tant qu'y a d'la lutte y a d'l'espoir.
_ Tant qu'y a d'la vie, y a du combat.
_ Tant qu'on s'bat c'est qu'on est debout.
_ Tant est qu'on est d'bout, on lâch'ra pas.
_ La rage de vaincre coule dans nos veines.
_ Maintenant tu sais pourquoi on s'bat.
_ Notre idéal, bien plus qu'un rêve.
_ Un autre monde, on n'a pas l'choix.
_ ON LÂCHE RIEN !



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AH ÇA IRA

Paroles de Ladré, musique de Bécourt

Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !


V'la trois cents ans qu'ils nous promettent
_ Qu'on va nous accorder du pain,
_ V'la trois cents ans qu'ils donnent des fêtes,
_ Et qu'ils entretiennent des catins.
_ V'la trois cents ans qu'on nous écrase,
_ Assez de mensonges et de phrases,
_ On ne veut plus mourir de faim !

Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !


V'la trois cents ans qu'ils font la guerre,
_ Au son des fifres et des tambours,
_ En nous laissant crever d'misère,
_ Ça n'pouvait pas durer toujours...
_ V'la trois cents ans qu'ils prennent nos hommes,
_ Qu'ils nous traitent comme des bêtes de somme,
_ Ça n'pouvait pas durer toujours...

Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !


Le châtiment pour vous s'apprête,
_ Car le peuple reprend ses droits,
_ Vous vous êtes bien payé nos têtes
_ C'en est fini Messieurs les rois,
_ Il n' faut plus compter sur les nôtres,
_ On va s'offrir maint'nant les vôtres,
_ Car c'est nous qui faisons la loi.

Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates à la lanterne,
_ Ah ça ira, ça ira, ça ira,
_ Les aristocrates on les pendra !


Cette très célèbre chanson a été composée en 1790, à l'occasion de la première fête du 14 juillet, Les ouvriers qui préparaient le Champs de Mars la chantaient déjà. L'auteur des paroles, Ladré, était chanteur des rues, métier dans lequel il avait acquis une notoriété certaine. Mais c'est surtout par le couplet vengeur (les aristocrates à la lanterne...), ajouté quelques mois plus tard par une main anonyme, que cette chanson a traversé toutes les époques et est arrivée jusqu'à nous.

La musique est une contredanse, qui était à la mode avant la révolution. Elle s'appelait « Le carillon National’ et son auteur était violoniste de l'orchestre du Théâtre des Beaujolais.



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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 mars 2012

    Nous verrons bien si toute la société québécoise peut se lever d'un seul magnifique élan à la manif du 22 avril.
    J'espère que nous y entendrons beaucoup de messages en faveur de notre indépendance. En tout cas, moi, ce sera mon cri de ralliement.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 mars 2012

    Le fait que Mulcair, maintenant chef du NPD, songe à bannir le mot "socialiste" de son programme, démontre que, malgré les présentes protestations des étudiants, la société a résolument viré à droite.
    Et de ce fait, les gouvernements ne semblent plus gouverner en vue du bien commun, comme ils devraient le faire, mais simplement pour des groupes d'intérêt.
    Voilà pourquoi les étudiants devraient étendre leurs revendications pour englober un projet de société, par exemple parler de l'instauration d'un revenu universel afin que tous puissent vivre décemment et être heureux au Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2012

    Non, on lâche rien. Et pour ma part je me suis raccroché cet après-midi au véhicule de notre mouvement.
    Commeje pense, tous les tivieux (je suis en train de le devenir...) devraient songer à le faire, secouer leur léthargie et se rendre compte que la force est dans la locomotion.
    Ne rien lâcher, on le montre dans l'action. Ne rien lâcher ça veut dire dans mon esprit, on le montre en se réengageant activement dans le combat.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2012

    C'est une très belle chanson et un hymne de combat extraordinaire qui donne le goût de descendre dans la rue et de se battre contre tous les trous du cul qui nous gouvernent.
    Pierre Cloutier