213 blessés dont 22 policiers. C'est le triste bilan des scènes de chaos à Bruxelles le 11 novembre après la qualification du Maroc pour la Coupe du monde de football 2018 . Les pompiers pointent le manque de moyens et l'attentisme hiérarchique.
Deux jours après les émeutes qui ont fait 213 blessés dont 22 policiers à Bruxelles en marge du match qui a qualifié le Maroc pour la Coupe du monde de football face à la Côte d'Ivoire, la polémique enfle autour de la mauvaise gestion policière de s incidents : les forces de l'ordre auraient-elles dû intervenir plus tôt place de la Bourse ?
Entre 2 000 et 3 000 personnes s'y étaient réunies pour faire la fête après le match qui a vu triompher l'équipe du Maroc. Mais très vite, le rassemblement a dégénéré, laissant dans son sillage des dizaines de blessés, des voitures brûlées, des vitrines cassées, des magasins pillés et du mobilier urbain détruit. Les forces de l'ordre ont dû faire usage des canons à eau pour disperser la foule. Mais sont-elles arrivées trop tardivement ?
Au matin du 13 novembre, les syndicats de policiers et de pompiers s'insurgent : «Des forces en sous-capacité par rapport à l’événement ; des ordres – tant de l’autorité administrative que du responsable du service d’ordre policier – ambivalents, inadéquats, visant l’attentisme… Un ratage malheureux, en somme !», a résumé un syndicaliste de la police.
Bien que pris à partie par les émeutiers, les pompiers sont intervenus en pleine tourmente urbaine : «On a été appelé pour une voiture en feu. Lorsque nous sommes arrivés sur place, nous nous sommes faits agresser et on a dû dégager de là. La voiture a donc complètement brûlé parce que l’on n’a pas [pu] intervenir», explique l'un d'eux.
«Des bandes de sauvages»
Les soldats du feu bruxellois ne décolèrent pas : «On a bénéficié d’aucune protection de la part de la police. Alors, je n’en veux pas à la police ! Ils étaient très certainement occupés. Mais on passe sous silence le fait qu’on n’ait pas pu travailler parce qu’on a manqué de protection et parce qu’on a littéralement été agressé par des bandes de sauvages», a ainsi tempêté un pompier syndicaliste, cité par la chaîne belge RTBF. Et d'ajouter : «Les pompiers, on en parle jamais, mais ils ont été agressés. [...] Le pare-brise est cassé, les vitres latérales ont explosé. Ils s'en sont pris à notre personnel en ouvrant les portes. Ils ont arraché tout ce qu'il y avait dans l'autopompe.»
S’en prendre à des sapeurs-pompiers venus porter secours aux blessés et éteindre les incendies est inadmissible !
Puis, revenant sur ses trente années de service, le pompier s'interroge et constate une incurie grandissante : «Bientôt, on va devoir intervenir avec un char d'assaut ? Il y a un laxisme de la part des autorités judiciaires qui me semble invraisemblable puisque ces événements se répètent.»
La police à la recherche des 300 émeutiers : aucune arrestation
A la recherche d'images des événements, la police a lancé un appel à la population afin de retrouver les 300 casseurs qui se sont illustrés le 11 novembre, place de la Bourse, mais aucun d'entre eux n'a été interpellé pour le moment.
Le Service d'Incendie et d'Aide Médicale Urgente (SIAMU)de la région de Bruxelles a d'ores et déjà annoncé qu'il porterait plainte contre X pour les dégâts provoqués et les agressions subies par les pompiers. Et la Secrétaire d’Etat à la lutte contre l'Incendie et l'Aide médicale urgente, Cécile Jodogne, a déclaré : «S’en prendre à des sapeurs-pompiers venus porter secours aux blessés et éteindre les incendies est inadmissible ! Une fois qu’une estimation claire de l’étendue des dégâts et des blessures sera établie, il faudra prendre des mesures envers les auteurs de ces actes inacceptables.»