Octroi de contrats - Le droit de savoir

Et contrairement à ce qu’espère le premier ministre, le temps n’arrangera pas les choses.

Enquête publique - un PM complice?


Qu'est-ce que les libéraux ont à cacher pour être aussi butés? se demandent les Québécois qui ne comprennent pas qu'une commission d'enquête sur l'attribution de contrats, très largement réclamée, très évidemment nécessaire, ne soit pas déclenchée. Et contrairement à ce qu'espère le premier ministre, le temps n'arrangera pas les choses.


Le premier ministre Jean Charest n'a qu'à s'en prendre à lui-même si la chef de l'opposition officielle Pauline Marois l'asticote en l'accusant, comme elle l'a fait hier, de protéger les amis du régime ou en lui demandant quand il mettra l'intérêt du public au-dessus de ceux de son parti. Ces questions, ce sont celles que tout le Québec se pose tant son refus d'une enquête publique sur l'octroi des contrats municipaux et gouvernementaux est inexplicable.
Le premier ministre se retranche derrière les enquêtes policières. Mais si celles-ci peuvent beaucoup, elles ne disent pas tout parce que tout n'est pas de leur ressort dans cette nébuleuse de contrats. Le mois dernier, l'ex-député et président de l'Assemblée nationale et ex-journaliste d'enquête reconnu, Jean-Pierre Charbonneau, l'avait très clairement résumé au Club des ex à RDI.
Il y a, disait-il, quatre éléments distincts en jeu dans cette affaire. D'abord, les contrats gonflés et le trucage d'appels d'offres; ensuite, le financement illégal ou immoral des partis politiques; puis, l'intervention du monde interlope; enfin, la fraude et la malversation dans l'exécution des travaux. Ces éléments ne sont pas tous présents chaque fois qu'un scandale est soulevé, mais ils sont interreliés et dépassent de ce fait la stricte question de la criminalité ou même de la légalité: il n'y a rien d'illégal ni de criminel à fréquenter les loges du Canadien ou à être invité sur un bateau! Par contre, une commission d'enquête permettrait de jeter un regard global sur le système à l'oeuvre.
Pour le moment ce sont les médias, qui n'ont ni les moyens ni les mandats d'enquête de la police ou de commissaires, qui ont multiplié les révélations. Ils continueront. Depuis deux jours, Le Devoir fait voir qu'à Saint-Jean-sur-Richelieu, quelques firmes de génie-conseil monopolisent les contrats et les font chèrement payer. La Ville, elle, explique que «les règles de l'appel d'offres ont été respectées». Une excuse toute légale, qui n'est donc pas du ressort de l'opération Marteau, tant vantée par le gouvernement. Qui dira pourtant que d'accepter un tarif de 2300 $ l'heure est normal?
Québec a récemment annoncé des mesures pour resserrer les règles d'attribution des contrats municipaux. Fort bien pour demain, mais cela laisse tout un passé dans l'ombre. Un passé où l'argent des contribuables, notre argent, a été allègrement et honteusement gaspillé. À quelle ampleur? Au profit de qui? Nous avons le droit de le savoir, et c'est ce droit que le gouvernement Charest nous refuse.
Une commission d'enquête prend du temps, des années, martelait hier le premier ministre. Et alors? Ça fait bien des années que des entrepreneurs et des firmes s'engraissent à nos dépens! Prenons le temps qu'il faut pour démonter le système et nous l'exposer. C'est à ce besoin de transparence que répond une commission d'enquête. Quant à ceux qui s'inquiètent du show médiatique, préfèrent-ils que les médias poursuivent leur propre déballage? Fort bien, nous continuerons.
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jboileau@ledevoir.com


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