LIBRE-ÉCHANGE CANADA-UE

«Nous ne sommes pas les Américains»

Il ne faudrait pas que les négociations entre l’Europe et les États-Unis nuisent à l’adoption du traité avec le Canada, dit Pierre Marc Johnson

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Pour qui roule Pierre-Marc Johnson ?

Ne confondez pas le traité avec le Canada et celui avec les États-Unis ! Tel est en substance le message qu’est venu livrer à Paris le négociateur québécois du traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (AECG), l’ancien premier ministre Pierre Marc Johnson. Alors qu’après cinq ans et demi de négociations le traité entre dans sa phase d’adoption, les négociateurs canadiens craignent que la mauvaise presse qui entoure les négociations en cours du TTIP, entre Bruxelles et Washington, ne nuise à la ratification rapide du traité canado-européen.

Il faut souvent du courage aux élus européens pour défendre le traité « face à des opinions publiques et politiques mal informées et qui réfléchissent parfois à court terme », a déploré l’ancien premier ministre devant environ 150 personnes du monde des affaires réunies à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris. Regrettant la mauvaise presse que suscite le libre-échange en Europe, le négociateur québécois a tenu à dénoncer « l’amalgame que l’on fait ici trop souvent entre le Canada et les États-Unis. Nous ne sommes pas les États-Unis. Nous avons un code civil, le bilinguisme et une déférence envers la distribution des richesses. […] Je ne peux que rappeler que nous ne sommes pas les Américains. »

Avantage compétitif

Soucieux « de passer à l’action », dit-il, l’ancien premier ministre mise sur une adoption par l’Union européenne en 2016 et une entrée en vigueur au début de 2017. Alors qu’il rencontrait mardi le secrétaire d’État français au Commerce extérieur, Matthias Fekl, Pierre Marc Johnson ne cachait pas l’avantage compétitif que pourrait tirer le Canada d’une entrée en vigueur rapide du traité alors même que Bruxelles négocie toujours avec Washington. D’ici à ce que Washington et Bruxelles s’entendent, les entreprises auraient un intérêt évident à s’installer au Canada afin d’avoir accès à la fois aux marchés européen et américain, dit Pierre Marc Johnson. Il croit notamment que les règles d’éthique contre la collusion dont s’est récemment doté le Québec concernant les marchés publics pourraient forcer les entreprises étrangères à s’associer avec des entreprises québécoises.

Encore faut-il que l’Union européenne décide si le traité sera simplement adopté à majorité par le Conseil et le Parlement européens ou s’il sera aussi soumis à la ratification de chacun des 28 pays membres de l’Union (comme il le sera d’ailleurs à l’Assemblée nationale du Québec). Dans ce cas, cela pourrait entraîner « des variantes selon les pays », reconnaît Pierre Marc Johnson, même si le traité ne pourra être modifié de manière importante, dit-il. Sans prendre officiellement parti pour la procédure la plus expéditive, Pierre Marc Johnson se contente de dire qu’il faut « que ça aille rapidement ! » Si la Commission européenne n’a toujours pas fait connaître son choix, Matthias Fekl lui a clairement affirmé que l’AECG, comme le TTIP d’ailleurs, devra être soumis à l’Assemblée nationale française. Tout en déplorant la timidité des défenseurs du libre-échange en Europe, Pierre Marc Johnson ne craint pas que la crise des réfugiés, le Brexit et la remise en cause des accords de Schengen interfèrent dans ce débat.
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