Journée de protestation contre l'austérité

« Nous avons la solution : Les banquiers en prison ! »

Des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue partout à travers l’Europe

Crise mondiale


À Valence , Barcelone, Madrid, mais aussi en Italie, au Portugal, en Grèce et même dans des pays plus riches comme l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche et le Danemark, la population a crié son exaspération.
Une manifestation monstre a envahi mercredi soir les rues de Madrid, temps fort d’une journée européenne de protestation contre l’austérité, le chômage et la précarité ponctuée de heurts en Espagne, au Portugal et en Italie.
Des centaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale espagnole et ailleurs dans le pays, à l’appel des syndicats et du mouvement des indignés face aux barrages de police qui protègent la Chambre basse du Parlement, selon l’Agence France-Presse.
Une mobilisation contrastant avec une participation moins massive dans les autres pays : 5000 manifestants à Athènes, selon la police, quelques milliers en Italie - à Turin, Rome et Milan -, ainsi qu’en France - à Paris notamment.
Au Portugal, qui a vécu comme l’Espagne une grève générale, la police a chargé à coups de matraque devant le Parlement à Lisbonne, où plusieurs milliers de personnes protestaient. À Madrid ainsi qu’à Barcelone, les policiers ont aussi chargé contre des groupes de manifestants en fin de soirée.
« Je suis venu protester contre les coupes partout, dans la santé, l’éducation, la hausse de la TVA [taxe sur la valeur ajoutée], les expulsions » de propriétaires surendettés, lançait dans le cortège madrilène Javier Gomez, un employé du bâtiment de 39 ans, au chômage depuis un an.
« Nous avons la solution, les banquiers en prison », hurlaient les manifestants dans une forêt de drapeaux rouges des syndicats. Ils étaient venus de tous horizons, portant le t-shirt vert de l’éducation, barré du slogan « École publique de tous, pour tous », ou bleu de la santé, agitant la pancarte rituelle portant ce seul mot « no », illustré d’une paire de ciseaux.
« Une nuit magnifique à Madrid », a lancé le secrétaire général du syndicat Comisiones Obreras (CCOO), Ignacio Fernandez Toxo, prenant la parole devant la foule, en assurant que « plus d’un million de personnes » avaient manifesté dans la capitale.
Pendant que le défilé syndical avançait lentement sur les grandes avenues, des centaines d’autres manifestants, rassemblés à l’appel des indignés, étaient massés face au barrage de la police anti-émeutes, qui bloquait l’accès à la Chambre basse du Parlement, dans un statu quo tendu, émaillé de jets de projectiles. De la foule émergeaient des pancartes : « España desahuciada » (« Espagne expulsée »), allusion au drame des expulsions qui ébranle le pays, ou encore « Mariano go home », un appel à la démission du chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, « Crise ?, Hold-up ! »
Depuis le matin, l’Espagne, quatrième économie de la zone euro, étranglée par un chômage de 25 % et une pauvreté grandissante, vivait au ralenti pour la deuxième grève générale depuis l’arrivée au pouvoir, il y a moins d’un an, du gouvernement Rajoy.
Environ 120 manifestations étaient prévues dans le pays, notamment à Barcelone, où des dizaines de milliers de personnes ont défilé. Les policiers ont fait usage de balles en caoutchouc en fin de soirée tandis qu’un fourgon de police a été incendié par un cocktail Molotov.
Cette journée s’inscrivait dans le cadre d’une mobilisation européenne contre les politiques d’austérité, de plus en plus contestées pour leurs retombées sociales et accusées de freiner le retour à la croissance.
Alors que la croissance dans la zone euro devrait rester au point mort (+0,1 %) en 2013, selon la Commission européenne, le Fonds monétaire international a lui-même averti récemment que les politiques d’austérité risquaient de devenir « politiquement et socialement intenables ».
En Espagne, où le service minimum a limité les perturbations liées à la grève générale, quelques incidents avaient éclaté plus tôt dans la journée, la police repoussant des manifestants à coups de matraque. Au total, 118 personnes ont été interpellées et 74 blessées à travers le pays, selon le ministère de l’Intérieur.
En Italie, un policier a été grièvement blessé à Turin, roué de coups par des autonomes, et cinq autres plus légèrement à Milan dans des heurts en marge des manifestations. Un arrêt de travail de quatre heures était observé dans ce pays, et des débrayages de quelques heures également en Grèce.
Le Portugal lui aussi tournait au ralenti, avec les trains et métros à l’arrêt et de nombreux avions cloués au sol, au cours de cette journée de protestation contre les mesures d’austérité du gouvernement de centre droit. « La “troïka” dehors », clamaient des affiches réclamant le départ des créanciers du Portugal qui évaluent actuellement les mesures d’austérité mises en oeuvre par le gouvernement en échange de l’aide internationale de 78 milliards d’euros, accordée au pays en mai 2011. La police a chargé dans la soirée des contestataires rassemblés devant le Parlement à Lisbonne. Les forces de l’ordre ont repoussé les protestataires à coups de matraque après avoir été pendant une heure environ la cible de jets de pierres et de détritus.
Les manifestations se sont surtout déroulées dans les pays les plus durement touchés par les mesures d’austérité mises en place pour ramener l’équilibre entre les dépenses et les revenus gouvernementaux.
Dans les États les plus riches, comme l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et le Danemark, elles ont été plus modestes et calmes.
Les gouvernements pour la ligne dure n’ont pas été impressionnés par le mouvement de contestation de mercredi. La chancelière allemande, Angela Merkel, a maintenu que l’Europe devait ouvrir son marché de l’emploi afin de permettre à plus de gens de travailler et faire preuve de davantage de flexibilité dans beaucoup d’autres secteurs.
Le ministre espagnol de l’Économie, Luis de Guindos, a pour sa part affirmé que la voie choisie par Madrid était la seule possible pour sortir l’Espagne du marasme économique.
La zone des 17 pays utilisant l’euro comme monnaie devrait entrer en récession lorsque les chiffres officiels seront publiés jeudi. Le taux de chômage dans ces pays a atteint 11,6 % - mais dépassant même les 25 % en Espagne et en Grèce.

D’après l’Agence France-Presse et l’Associated Press


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